(1) – Nouvelle série : 30 ans déjà…

Eté 1989. La République Démocratique d’Allemagne, la RDA, va vers sa fin. Peu à peu, la population s’organise, crée des groupes de discussion, met en œuvre une résistance paisible et déterminée. On connaît la suite.

Août 1989 - des citoyens est-allemands se réfugiaient dans des ambassades et consulats, ici à Budapest. Foto: Walter Fr. Schleser / Wikimedia Commons / CCO 1.0

(KL) – Vivre dans un pays mal dirigé par un gouvernement démocratiquement élu et vivre sous une dictature, ce n’est pas la même chose. La population de la RDA en sait quelque chose. En 1989, l’oppression du système « socialo-communiste » dans l’Allemagne de l’Est devenait insupportable, et le gouvernement d’Erich Honecker vacillait déjà. La « révolution paisible » se préparait, et l’exemple de la RDA est intéressant à plusieurs niveaux. Car il constitue la preuve que même dans un contexte difficile, une démarche intelligente et déterminée peut engendrer des changements fondamentaux.

Le mois d’Août 1989 annonçait déjà la fin du régime de la SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschland). Les ambassades ouest-allemandes à Berlin-Est, Prague, Varsovie et Vienne étaient prises d’assaut par des milliers de réfugiés est-allemands qui espéraient ainsi pouvoir quitter la RDA qui, pendant 40 ans, avait été une sorte de prison géante, gardée par l’armée. Sur le terrain de l’ambassade ouest-allemande à Prague, 4000 personnes attendaient un dénouement de la situation, le 22 Août 1989, l’ambassade fermait ses services, incapable d’assurer un fonctionnement normal.

Le gouvernement est-allemand, composé de vieux hommes gris, ne comprenait pas la situation. Le 14 Août, Erich Honecker déclarait encore « Den Sozialismus in seinem Lauf, hält weder Ochs noch Esel auf » (« le cours du socialisme, ni le bœuf ni l‘âne ne pourra l’arrêter ») – il se trompait grossièrement. Les changements à l’est de l’Europe avaient déjà commencé, d’abord en Pologne où le syndicat « Solidarnosc » avait fait trembler le régime militaire du Général Jaruzelski qui lui aussi, perdait son pouvoir en 1989. A Moscou, Mikhail Gorbatchev était en train d’opérer un changement de beaucoup de doctrines de l’Union Soviétique et le vent du changement chanté par les « Scorpions » soufflait sur les pays de l’est.

La deuxième moitié de l’année 1989 allait apporter la révolution en RDA, mais aussi dans d’autres pays du « Bloc de Varsovie » en pleine décomposition. Il convient de souligner qu’il s’agissait de « révolutions intelligentes » et surtout, paisibles. Malgré le risque d’une oppression brutale (qui, par exemple en Pologne, s’était traduite en 81/82 par l’arrestation de plus de 100 000 personnes), les manifestants restaient paisibles. Même lors des grandes « manifestations du lundi » dans les villes est-allemandes, où de centaines de milliers de personnes manifestaient, aucune violence de la part des manifestants ne donnait prétexte aux forces de l’ordre d’intervenir. En parallèle des manifestations, les citoyens et citoyennes s’organisaient, discutaient ensemble d’une nouvelle organisation de l’Etat, développaient une vision citoyenne d’un meilleur Etat. Si en RDA, les manifestants s’étaient amusés à chercher une confrontation stérile avec les représentants de l’état, cette « révolution paisible » se serait soldée par un bain de sang.

Ces prochaines semaines et jusqu’à la fin de l’année, nous allons vous raconter l’histoire de cette « révolution paisible ». Une leçon de l’Histoire qui vaut la peine d’être examinée à nouveau, 30 ans plus tard, autant dans sa genèse que dans son déroulement et bien entendu, dans ses résultats.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste