(10) Les 30 ans de la chute du Mur – 30 Jahre Mauerfall

Les photos d’événements historiques montrent toujours de courts instants isolés de l'Histoire. Mais est-ce que ce ne sont pas ces instants qui forment ce qui deviendra plus tard l'Histoire ?

Main dans la main vers une époque nouvelle / Hand in Hand in eine neue Epoche... Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

(De / von Michael Magercord – KL/MC) – L’euphorie et la gratitude – et à la fin, il restera peut-être un peu de tolérance…

Quelle image ! Cette photo est presque un symbole pour la chute du Mur, non ? Dans tous les cas, il s’agit d’une photo idéale : L’Est et l’Ouest se serrent la main, des fleurs d’automne sur le toit de la voiture – oui, c’était comme ça le matin du 10 novembre 1989 au Checkpoint Charlie, le célèbre poste frontière sur la Friedrichstraße à Berlin-Centre.

Les « Trabis » venues de l’Est entrent à l’Ouest, et des gens souriants les attendent à la frontière. Les Berlinois de l’Ouest tendent leurs mains, et les Berlinois de l’Est les prennent volontiers. Ou est-ce que c’était le contraire ? Que nenni, ces considérations sont superflues. C’est déjà beaucoup plus intéressant d’imaginer que ce sera toujours ainsi ! Que les gens sympathisent de bon cœur et que les bons vœux se transforment en solidarité durable – main dans la main vers une nouvelle époque.

Hm, écrire de telles phrases coûte déjà de l’énergie… Il semble impossible de préserver cet enthousiasme. Déjà parce que l’euphorie est une chose compliquée. L’euphorie n’est rien d’autre qu’un cadeau que l’on fait à celui ou celle qui la déclenche. Mais comme tout cadeau, celui-ci fait également l’objet d’attentes de la part de la personne qui le reçoit : mais on s’attend à ce que le destinataire de ce cadeau soit reconnaissant pour cette euphorie qu’on lui offre.

Et faire des cadeaux, ce n’est pas toujours évident non plus. Un jour, j’ai eu la chance de passer quelques semaines sur une île du Pacifique. Mon hôte et moi, on s’aimait bien. A la fin de mon séjour, il m’a demandé s’il pouvait me faire un cadeau. J’étais surpris: quelle question ! Mais il avait raison, car tout cadeau est lié à des attentes et en principe, c’est bien vu de demander au destinataire d’un cadeau s’il est d’accord pour accepter ces attentes qui vont de pair avec le cadeau.

Alors, est-ce qu’il aurait fallu demander avant l’explosion de cet enthousiasme si les nouveaux arrivants étaient d’accord pour être accueillis de la sorte ? Est-ce qu’ils étaient prêts à payer le prix pour cet enthousiasme s’ils avaient compris toutes les conséquences de ce cadeau ? Car tôt ou tard, toute personne enthousiasmée se posera la question si la raison à son euphorie en valait la peine.

On ne s’est pas posé cette question. Et peu après, nous étions confrontés à des souhaits et demandes qui nous semblaient démesurés. Rapidement, les gens se sont mis à râler : « Si on avait su que ça allait se passer comme ça… » Et après, les premières élections – et là, l’enthousiasme s’était déjà refroidi. Comme toujours lorsque l’enthousiasme et les attentes dépassent les bornes. Si tout se passe bien, il restera au moins un peu de tolérance vis-à-vis des inconnus venus de l’Est.

Mais peut-être les choses étaient-elles plus faciles en ce matin du 10 novembre 1989 à Berlin ; et les Berlinois de l’Ouest euphorisés ne voulaient même pas être particulièrement sympathiques.Peut-être cet accueil enthousiaste changeait seulement un peu leur quotidien ?

Bilder von historischen Ereignissen zeigen immer kurze, einzelne Momente der Geschichte. Aber sind es nicht diese Momente, aus denen sich die Geschichte erst zusammenfügen lässt?

Euphorie und Dankbarkeit – und übrig bleibt vielleicht ein wenig Toleranz

Was für ein Bild! Beinahe das Symbolfoto vom Mauerfall, oder? Ein Idealbild ist es allemal: Ein warmer Händedruck zwischen Ost und West, blühende Herbstblumen auf dem Autodach – ja, so war es am späten Morgen des 10. November 1989 am Checkpoint Charlie, dem berühmten Grenzübergang in der Friedrichstraße in Berlin Mitte.

Die Trabanten aus dem Osten erhalten Einzug in den Westen, lachende Menschen erwarten sie am Grenzstreifen. Westberliner bieten ihre offenen Hände dar, Ostberliner greifen herzhaft zu. Oder war es doch umgekehrt? Ach egal, welch müßige, kleinliche Nachkarterei. Nein, stellen wir uns hingegen doch einmal vor, es würde immer so sein! Die Menschen wären sich herzlich zugetan, aus guten Wünschen wird dauerhafte Solidarität, Hand in Hand schreiten sie gemeinsam in eine neue Zeit.

Puh, das klingt schon beim Niederschreiben ganz schön anstrengend. Diese Begeisterung hochzuhalten ist wohl doch unmöglich. Allein, weil sie eine verzwickte Angelegenheit ist, die Euphorie. Euphorie ist nämlich wie ein Geschenk, mit dem man denjenigen beglückt, der die Euphorie auslöst. Aber wie jedes Geschenk, ist sie mit Erwartungen an den Beschenkten verbunden: Er solle sich freuen und dankbar sein für die Begeisterung, die man ihm entgegenbringt.

Und mit dem Schenken ist das ja so eine Sache. Ich war einmal einige Wochen auf einer Südseeinsel. Mein Gastgeber und ich waren uns sehr zugetan. Am Ende meines Aufenthaltes fragte er, ob er mir etwas schenken dürfe. Ich war erstaunt: Was soll diese Frage? Aber er hatte Recht, jedes Geschenk ist mit Erwartungen verbunden, und man sollte eigentlich die Beschenkten vorab fragen, ob es ihnen recht ist, sie mit den Erwartungen, die mit der Gabe einhergehen, zu belasten.

Hätte man also vor dem Ausbruch der Euphorie fragen sollen, ob es den Empfängern recht gewesen war, derart freudig begrüßt zu werden? Waren sie bereit, wenn sie sich aller Konsequenzen bewusst gewesen wären, den Preis für die Begeisterung zu zahlen? Denn früher oder später fragt jeder Begeisterte, ob sich der Anlass seiner Euphorie schließlich der Begeisterung würdig erwiesen hat?

Nein, das hat er nicht. Was waren das denn für überzogene Wünsche, mit denen wir schon bald konfrontiert wurden? Immer nur Meckern und vor sich her winseln: „So haben wir uns das nicht vorgestellt…“ Und dann noch dieses Wahlverhalten – Begeisterung herrscht schon lange nicht mehr. Wie immer, wenn die Euphorie Sprünge macht und die Erwartungen, die damit verbunden werden, auch. Wenn’s gut läuft, bleibt am Ende wenigstens ein bisschen Toleranz gegenüber dem nach wie vor unbekannten Anderen von Drüben übrig.

Oder lag alles viel einfacher an diesem Morgen des 10. Novembers mitten in Berlin und die euphorisierten Westberliner wollten gar nicht besonders nett sein, sondern mit ihrer überschwänglichen Begrüßungsorgie bloß ihrem etwas eingefahrenen Alltag ein wenig Aufregung verschaffen?

Main dans la main vers une époque nouvelle / Hand in Hand in eine neue Epoche... Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

Main dans la main vers une époque nouvelle / Hand in Hand in eine neue Epoche… Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

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