100 000 manifestants dans la rue

Dans la plupart des villes françaises, des manifestations avaient lieu hier, samedi, pour protester contre l'article 24 de la nouvelle loi « sécurité globale ». Et ce n'est qu'un début.

La relation entre l'état et son peuple ne semble plus fonctionner... Foto: © Nicolas Roses

(KL) – 100 000 manifestants dans la rue, malgré le froid, malgré le fait que c’était le premier jour du « déconfinement light », malgré une présence policière impressionnante. L’objet de l’indignation des manifestants est l’article 24 de la loi « sécurité globale », un nouvel instrument de répression (cette fois de la liberté de la presse) qui vient s’ajouter à la liste des mesures, textes et dispositifs mis en œuvre par décret ou par voie législative depuis 2017. Avec cet arsenal juridique, l’état est bien préparé pour lutter contre son peuple. Mais est-ce bien la mission d’un gouvernement ?

Lors des manifestations, beaucoup de participants portaient des pancartes disant « Floutage de gueule » et ce jeu de mot risque de devenir un « running gag » qui pourtant, ne fera pas tellement rire. L’interdiction de diffuser des images de policiers susceptibles à « porter atteinte à l’intégrité physique et psychologique » des fonctionnaires, n’est autre que la tentative de faire taire les bavures policières qui se multiplient ces derniers temps. Proposer une telle loi, c’est déjà l’aveu de l’existence de ces bavures et du fait que l’état essaye de créer un climat d’impunité pour ces bavures.

Premier jour « déconfiné », premières manifestations. Les tensions sociales et sociétales sont palpables. L’excitation sécuritaire est matérialisée par les sentinelles qui passent par groupes de 8 et les colonnes de camionnettes des CRS – les uniformes marquent les villes depuis pas mal de temps. La méfiance de l’état vis-à-vis de son peuple se traduit aussi par une législation récente qui peut surprendre. Après le décret 2020-151 qui invalide, dans les faits, la protection des données personnelles des citoyens et citoyennes ; après le transfert du droit des manifestations de la justice à l’administration, maintenant, une attaque sur la liberté de la presse. Mais peut-on museler un peuple comme le peuple français qui lui, pendant toute l’histoire de la France, a su renverser ceux qui l’opprimaient ?

La presse étrangère froisse les sourcils. L’hebdomadaire « Die Zeit », l’une des publication les plus sérieuses en Allemagne, a qualifié la gestion française de la situation actuelle « d’Absurdistan », on compare les violences policières à celle aux Etats-Unis, en Turquie ou à Moscou. Pourquoi est-ce que le gouvernement français crée toute une série de lois liberticides ?, se demandent les observateurs internationaux.

100 000 personnes dans la rue, la contestation continue. Et plus la crise sanitaire et économique affectera les gens, plus les mouvements de contestations sociale grandiront. Gilets jaunes, réforme des retraites, gestion de la pandémie, nouvelle précarité, mépris des métiers soignants qui arrivent au bout de forces – un moment donné, tous ces mouvements vont se rejoindre et le dénominateur commun sera le rejet du gouvernement. Cette évolution est dangereuse, car elle met en péril le fonctionnement des institutions de la République.

Tout est mis en œuvre actuellement pour approfondir les clivages entre les gouvernants et les gouvernés et ce, en plein d’une crise comme le monde ne l’a jamais subi. Dans cette situation, il faudra fédérer les populations et non pas essayer de les museler. Mais sérieusement, qui pourra fédérer les Français ? Castex ? Macron ? Darmanin ? Les prochains mois seront longs…

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