100 ans après l’enfer de Verdun

La chancelière Angela Merkel et le président François Hollande ont rendu hier à Verdun et à Douaumont un solennel hommage aux 300 000 victimes d’une bataille particulièrement symbolique pour son absurdité.

François Hollande et Angela Merkel montrent que les relations entre nos deux pays sont harmonieuses. Maintenant, il s'agira de sauver l'Europe. Foto: (c) Présidence de la République / F. Lafite / N. Bauer

(Antoine Spohr / Kai Littmann) – Il pleuvait de grosses gouttes hier matin à Verdun, lorsque la chancelière Angela Merkel et président François Hollande se sont retrouvés sur les tombes des 300 000 soldats français et allemands morts dans la bataille de Verdun, éponyme d’une plus vaste région, en 300 cents jours, de février à décembre 2016. Cette première Guerre Mondiale a coûté la perte de toute une grande partie d’une génération de jeunes gens promis une vie en prolongation de la « Belle Epoque », des deux côtés. C’est donc des deux côtés que s’est exprimé cet hommage unanime aux victimes de cette folie meurtrière.

Déjà en 1984, le président François Mitterrand et le chancelier Helmut Kohl s’étaient donnés la main devant ces tombes, dans un geste spontané qui voulait porter exactement le même message que celui exprimé par leurs successeurs hier. Le« jamais plus ça » était pourtant resté lettre morte après 1918. Ici c’est « à nouveau cela » dans le bon sens cette fois.

Le Français a souligné « qu’aujourd’hui, il ne s’agit plus de travailler pour la réconciliation franco-allemande, cela a déjà été accompli ». En revanche, il s’agit pour lui, aujourd’hui,d’ insuffler une nouvelle vie aux idéaux européens. Et il considère qu’une responsabilité particulière incombe à l’Allemagne et à la France. « On s’attend à ce que nous disions ensemble ce que nous voulons faire pour l’Europe à cet instant précis ».

Face aux nombreux défis auxquels l’Europe doit faire face en ce moment, il serait effectivement temps que la France et l’Allemagne assument leur rôle de « locomotive européenne » et ce, non seulement à l’occasion de discours solennels. Les crises européennes n’attendent pas, il faut agir, vite et maintenant. Si la réconciliation franco-allemande a en effet progressé, il s’agit maintenant de transformer cette amitié franco-allemande en actes concrets. Mais ces actes, suivront-ils ?

Hier, la 1°Allemande était le premier chef d’un gouvernement allemand invitée à la mairie de Verdun. 100 ans après le carnage démentiel, la haine et la violence ont cédé la place à une entente effectivement cordiale.

L’après-midi, sous un ciel plus clément, au fort et à l’ossuaire de Douaumont les deux chefs ont donné à cette amitié une approche européenne commune et positive. Promis ?

Il y aura-t-il un « après Verdun 2016 »tangible ?

Si on avait une foi aveugle dans les discours, on pourrait voir briller dans une lumière revenue, le précieux axe indispensable à l’Europe : Berlin-Paris (allers et retours récurrents). Comme nous tenons tant à la belle Europe, nous nous laisserions gentiment bercer, même menacés par des désillusions, de temps en temps.

La chancelière allemande a été remarquable de clarté, sublimant l’Europe sans négliger les allusions aux difficultés qui jonchent l‘autoroute qui pourrait être, si sûre. Les nationalistes et autres perturbateurs y sèment les obstacles qu’il faut dépasser.

Le 1° Français invite ses concitoyens et les invités en des termes lyriques comme son discours remarquable dailleurs ( pur style mitterrandien) en ces termes « Aimons notre patrie mais protégeons l’Europe, notre maison commune »

Pour l’illustrer et la tourner vers l’avenir, le cinéaste allemand Volker Schöndorff avait orchestré et chorégraphié la cérémonie : 3500 jeunes allemands et français se glissaient entre les croix des tombes pour rejoindre l’allée centrale où ils feignaient de se battre avant que la mort juchée sur des échasses les fauche tous. Avec l’espérance, ils se relèvent et se rejoignent en se donnant la main, Français ou Allemands, fraternellement.

L’Europe est si belle !

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