(11) 30 Jahre Mauerfall – Les 30 ans de la chute du Mur

Les photos d’événements historiques montrent toujours de courts instants isolés de l'Histoire. Mais est-ce que ce ne sont pas ces instants qui forment ce qui deviendra plus tard l'Histoire ?

Une frontière qui cesse d'être frontière... / eine Grenze, die keine Grenze mehr ist... Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

(De / von Kai Littmann / Michael Magercord / Marc Chaudeur) – Leipzig – où tout avait commencé…

Oui, il y avait tous les événements à Berlin. Mais il y avait aussi Leipzig. Le 10 novembre 1989, avec mon collègue Luc, nous partions tôt le matin de Freiburg pour rejoindre Leipzig. Arrivés à la frontière d’Eisenach, l’une des frontières les mieux gardées au monde, tout avait changé en l’espace de 24 heures ; un monde s’écroulait.

Dans la cabane des douaniers, où 24 heures plus tôt on se faisait dévisager avant de remettre son passeport qui disparaissait dans les profondeurs des installations frontalières, le garde-frontière avait la chemise de l’uniforme déboutonnée (impensable 24 heures plus tôt) ; derrière lui, un petit poste de radio (impensable 24 heures plus tôt) et cette radio jouait très fort « Billy Jean » de Michael Jackson (impensable 24 heures plus tôt). La veille, cette image se serait traduite par des années de prison pour le pauvre soldat.

Derrière la frontière, un petit magasin « Intershop » où nous avions l’habitude d’acheter des cigarettes et de la vodka russe à prix cassé, une image de désolation. La vendeuse était en train de ranger de vieilles cartes postales que plus personne n’allait acheter. « Et nous ? », se lamentait-elle, « qu’est ce qu’on va devenir ? ».

A Leipzig, une ambiance de « ruée vers l’or ». Devant le célèbre « Auerbachs Keller », une camionnette rouge et blanche vend des cannettes de soda américain pour le prix scandaleux de 2 DM – à l’ouest, cette canette n’en valait qu’un à l’époque. Pourtant, les gens attendent sagement dans une queue qui fait au moins 150 mètres. Ce breuvage est donc considéré comme le symbole de l’Ouest, de la liberté. A la gare, des Vietnamiens avec de grosses liasses de billets font le change Mark Est contre Mark Ouest, et ce, à des cours de change fantaisistes qui différaient toutes les demi-heures.

Un hôtel médiocre affichant les prix d’un 5* de l’Ouest, des hommes d’affaires, les vautours de l’unification allemande qui s’annonce. Une ambiance de casino,« tout va », et plus aucune retenue de la part des Occidentaux qui arrivent massivement pour piller ce pays. 24 heures après la chute du Mur, le capitalisme a déjà fait son entrée en RDA, avec une violence incroyable ; et les ressortissants est-allemands n’avaient rien à opposer à cette vague de Deutsche Mark qui arrivait pour tout submerger. On devrait être content de se trouver à Leipzig, dans une Allemagne sans frontières, au moment de la libération de l’Est. Mais à vrai dire, il y avait surtout un sentiment de gêne par rapport au comportement de nos compatriotes, qui considéraient la RDA comme un supermarché où il suffisait de se servir. Et c’est ce qu’ils ont fait – ils ont pillé la RDA, ce qui devait rendre l’unification très difficile plus tard. A suivre.

Bilder von historischen Ereignissen zeigen immer kurze, einzelne Momente der Geschichte. Aber sind es nicht diese Momente, aus denen sich die Geschichte erst zusammenfügen lässt?

Leipzig – wo alles angefangen hatte…

Ja, da gab es all diese Ereignisse in Berlin. Aber da war auch noch Leipzig. Am 10. November 1989 fuhren mein Kollege Luc und ich im Morgengrauen los nach Leipzig. Als wir an der Grenze bei Eisenach ankamen, einer der am besten geschützten Grenzen der Welt, hatte sich innerhalb von 24 Stunden alles verändert, eine Welt brach zusammen.

Im Grenzerhäuschen, wo man 24 Stunden zuvor noch einer strengen Gesichtskontrolle unterzogen wurde, bevor man seinen Pass abgeben musste, der dann zu Kontrollzwecken in den Tiefen der Grenzanlage verschwand, saß ein Grenzsoldat, dessen Uniformhemd oben aufgeknöpft war (24 Stunden zuvor unvorstellbar), hinter ihm ein kleines Transistorradio (24 Stunden zuvor undenkbar) und aus diesem Radio dröhnte „Billy Jean“ von Michael Jackson (24 Stunden zuvor nicht auszudenken). Am Vortag hätte dieses Bild den Grenzsoldaten noch mehrere Jahre Haft gekostet.

Hinter der Grenze, ein kleiner „Intershop“-Laden, wo man damals billig Zigaretten und russischen Wodka kaufte, und der Laden bot ein Bild der Verzweiflung. Die Verkäuferin räumte gerade alte Postkarten in einen Karton, die niemand mehr kaufen würde. „Und wir?“, jammerte sie, „was soll aus uns werden?“

In Leipzig herrscht eine Goldrausch-Stimmung. Vor dem berühmten „Auerbachs Keller“, ein Verkaufswagen in rot und weiß, aus dem heraus Dosen der amerikanischen Soda für skandalöse 2 DM verkauft werden – im Westen kostete eine solche Dose damals nur 1 Mark. Trotzdem warten die Menschen geduldig in einer 150 Meter langen Schlange. Das Gesöff ist also das Symbol des Westens, der Freiheit. Am Bahnhof stehen Vietnamesen mit dicken Geldbündeln, die Ost- gegen Westmark zu Fantasie-Wechselkursen tauschen, die sich alle halbe Stunde ändern.

Ein mieses Hotel zu einem Preis, den im Westen höchstens ein 5*-Hotel aufrufen kann, Geschäftsleute, die Geier der deutschen Vereinigung, die sich bereits abzeichnet. Alles ist möglich und keinerlei Zurückhaltung bei des Wessis, die massenhaft anreisen, um dieses Land zu plündern. 24 Stunden nach dem Fall der Mauer, ist der Kapitalismus schon in der DDR angekommen, mit unglaublicher Gewalt, der die Ostdeutschen nichts entgegenzusetzen hatten – die Welle der West-Mark rauschte heran, um alles zu verschlingen. Eigentlich sollten wir uns freuen in Leipzig zu sein, in einem Deutschland ohne Grenzen, im Moment der Befreiung des Ostens. Aber es fühlt sich erst einmal peinlich an, dieses Siegerverhalten unserer Landsleute, die offenbar die DDR als eine Art Selbstbedienungsladen betrachteten. Und das haben sie dann auch ausgenutzt – sie haben die DDR geplündert, was eine echte Vereinigung bis heute sehr erschwert. Aber weiter geht’s.

Une frontière qui cesse d'exister... / Eine Grenze, die aufhört Grenze zu sein... Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

Une frontière qui cesse d’exister… / Eine Grenze, die aufhört Grenze zu sein… Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

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