#12marsjelis

Sur les quatre-vingt-seize quarts d’heure d’une journée, en consacrer une fois par an, un à la lecture, tout le monde peut le faire !

Un petit quart d'heure de lecture peut apporter beaucoup à ceux et celles qui lisent ! Foto: ScS privée

(Jean-Marc Claus) – De lire parce qu’on aime lire, ce qui est de loin la meilleure option, à lire parce qu’on doit lire, injonction ne touchant pas que les lecteurs compulsifs, dans notre société de tradition écrite, faire l’impasse sur la lecture, revient à se voir marginalisé. Chose qui, en pleine crise d’adolescence et de quête d’identité, ne manque pas d’attrait, mais une fois revenu dans la vraie vie, s’avère très vite facteur de handicap et même d’exclusion.

Portée par le Centre National du Livre et le Ministère de l’Éducation, l’initiative d’instaurer une journée en mars « Un quart d’heure de lecture national », remonte à 2022. Alors, pour une fois qu’il y a, en ces temps de poussées de fièvres nationalistes, quelque chose de positif associé au mot national, il serait ballot de s’en priver et pédant de l’ignorer.

D’autant plus que placée au 16ème rang du rapport Piris de 2021, mesurant les performances en compréhension de l’écrit des élèves en fin de CM1 dans 18 pays européens, la France se trouvait bien en deçà de la moyenne. Alors que tous les autres sont en baisse depuis l’étude de 2016, seul pays à augmenter légèrement son score, celui des Lumières, n’a pas pour autant la moindre raison de s’en glorifier, car sont toujours devant elle, par ordre croissant : Malte, la Slovénie, le Portugal, l’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Slovaquie, l’Autriche, l’Italie, le Danemark, la République Tchèque, la Bulgarie, la Suède, la Pologne, la Finlande.

Donc, restons humbles, et surtout remballons les stupides cocoricos habituels ! Mais comment communiquer sur le plaisir de lire et susciter le sir de la lecture ? Peut-être en en parlant d’une manière non académique, ce que Clémentine Beauvais fait admirablement, dans un opuscule d’une trentaine de pages, intitulé « Comment jouir de la lecture ? » (Éditions de La Martinière – Collection ALT – 11/2023 – 3,50€).

N’allant pas par quatre chemins, l’auteure assène : « Pour la lecture, comme pour le sexe, il faut imaginer une éducation à la jouissance. Mais comment ? Et par où commencer ? […] La raison pour laquelle on enfile des clichés quand on parle de nos plaisirs de lecture, ce n’est pas parce qu’on est bêtes, c’est parce qu’on ne nous a jamais appris. […] Non, nos plaisirs et nos déplaisirs de lire ne sont pas naturels, non, ils ne viennent pas de nulle part. […] Ils sont à nous sans tout à fait l’être, ils parlent de nous et aussi du monde qui nous entoure, ils sont donc idéologiques et politiques. » (pages 5-6-7).

Puis de poursuivre avec une description truculente des discours qu’elle qualifie de « réac » et de « plaisir de la lecture », pour déboucher sur « Comment parler des textes qui nous ont plu ? », suivi d’un développement conduisant pas à pas à conclure que le plaisir de lire est politiquement radical. Alors, si le Quart d’heure de lecture national, a lors de son édition 2024, pour ambassadeurs l’auteure Anne-Laure Bondoux, le poète et chanteur Arthur Teboul, le pédopsychiatre Marcel Rufo et le détenteur du Goncourt des détenus 2023 Mokhtar Amoudi, à Eurojournalist et pour cette occasion, c’est la traductrice, auteure et enseignante-chercheuse Clémentine Beauvais, que nous souhaitons mettre en avant.

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