(14) Les 30 ans de la chute du Mur – 30 Jahre Mauerfall

Les photos d’événements historiques montrent toujours de courts instants isolés de l'Histoire. Mais est-ce que ce ne sont pas ces instants qui forment ce qui deviendra plus tard l'Histoire ?

Gratuit, ça ne veut pas dire que ça ne coûte rien... / Gratis ist nicht umsonst... Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

(De / von Michael Magercord – KL / MC) – Comme un chapitre extrait du « Das Kapital » de Karl Marx ou : gratuit ne veut pas dire que ça ne coûte rien…

Hourra, le capitalisme est arrivé ! Et comment : il y a quelque chose de gratuit pour les ressortissants est-allemands – un demi-kilo de café à moudre et une tablette de chocolat. Mais attention : gratuit ne veut pas dire que ça ne coûte rien, comme veut faire croire la publicité affichée le 11 novembre 1989 à proximité du poste de frontière de fortune installé entre Treptow (Berlin-Est) et Kreuzberg (Berlin-Ouest).

Comme dit, gratuit ne veut pas dire que ça ne coûte rien. Peut-être ces choses sont-elles offertes, mais les commerces ne font pas vraiment cadeau de leur café et du chocolat. Même si notre but n’est pas de ternir tout de suite l’enthousiasme de ces jours de la chute du Mur, il faut comprendre cette gratuité comme une invitation à participer au capitalisme. Ils étaient nombreux à accepter volontiers et il faut dire que le terrain a été préparé – déjà le 4 novembre, lors de la grande manifestation sur l’Alexanderplatz, un jeune punk est-allemand m’avait dit : « il serait temps que l’économie de marché arrive aussi chez nous ».

Et maintenant, c’est terminé avec cette économie de plan, avec ces pénuries organisées, toutes ces errances du marxisme. Au début, on avait l’impression que les visiteurs de l’Est savaient exactement ce qu’ils voulaient à l’Ouest et les commerçants le savaient aussi : café et chocolat. L’être humain est simple à comprendre dès lors qu’on le réduit à ces besoins matériels spontanés, et personne ne le comprend mieux que le capitaliste.

Réfléchissons un moment : comment les gens de l’Est imaginaient-ils le capitalisme à l’époque ? Tout le monde travaille correctement, gagne correctement sa vie, de nouvelles marchandises ne cessent d’arriver sur le soi-disant marché et tout est en croissance – l’économie, la production, le salaire. Et le temps de se retourner, il y a à nouveau plus pour tout le monde, bref, une sorte de socialisme avec de la croissance. Dans le socialisme, l’offre que proposait la société était accessible à tout le monde. La seule différence qui existait à l’Est, c’était le mode d’accès aux marchandises venues de l’Ouest capitaliste : et là, l’accès à ces marchandises était réservé à quelques privilégiés. Après la chute du Mur, tout le monde avait soudainement accès à tout cela. Hourra !

Mais stop, il n’y avait pas encore quelque chose ? Peut-être on aurait-on dû lire Karl Marx. Au moins, le chapitre dans « Das Kapital » qui traitait du fétichisme des marchandises et la tromperie quant aux conditions de production de ces marchandises. Mais ceux qui ne voulaient pas le lire étaient obligés de l’apprendre maintenant à travers les objets de convoitise de plus en plus nombreux : car malgré l’offre étoffée, il peut y avoir pénurie, en fonction de la pénurie dans son propre porte-monnaie.

Ainsi, en cette après-midi du 11 novembre 1989, les gens arrivés à Kreuzberg se trouvaient au début d’une longue série de cours d’apprentissage : « learning by shopping ». D’ailleurs, un sondage montrait pour quoi les arrivants dépensaient leurs premiers deutschmark : café, chocolat et, tiens, des bananes – le vrai fétichisme des marchandises se présente quand même un peu différemment…

Bilder von historischen Ereignissen zeigen immer kurze, einzelne Momente der Geschichte. Aber sind es nicht diese Momente, aus denen sich die Geschichte erst zusammenfügen lässt?

Wie aus einem Kapitel aus dem Kapital oder: umsonst ist nicht kostenlos

Hurra, der Kapitalismus ist da! Und wie: es gibt was umsonst für Bürger aus der DDR: ein Pfund Bohnenkaffee und eine Tafel Schokolade. Doch Vorsicht: umsonst ja, aber nicht kostenlos, wie die Reklame am 11. November 1989 unmittelbar in der Nähe des gerade erst eingerichteten Grenzüberganges zwischen Treptow und Kreuzberg den Grenzgängern aus dem Osten verspricht.

Umsonst ist nämlich nicht kostenlos. Die Dinge mögen zwar nichts kosten, aber umsonst geben die Geschäfte ihren Muckefuck und die Schoko nicht her. Dem Überschwang der Mauerfalltage wollen wir nicht gleich wieder die Freude verderben. Verstehen wir die Kostenlosigkeit also als freundliche Einladung zur Teilnahme am Warenkapitalismus. Viele sagen dankend zu, denn das Terrain war schon lange bereitet – hatte mir da am 4. November auf dem Alexanderplatz bei der großen Demonstration nicht sogar ein junger Ost-Punker gesagt: Wird Zeit, dass hier jetzt endlich die Marktwirtschaft einzieht?

Nun ist sie fast überstanden, die Miss- und Mangelwirtschaft, dieser ganze Murks mit Marx. Anfangs schien es auch, als wussten die Besucher aus dem Osten ziemlich genau, was sie vom Westen wollten – und die Geschäftsleute im Westen wussten es auch: Kaffee und Schokolade. Der Mensch ist eben ein durchschaubares Wesen, wenn man die Erwartungen an ihn auf die unmittelbaren materiellen Bedürfnisse reduziert, und keiner durchschaut ihn schneller als der Kapitalist.

Nun stelle man sich einmal umgekehrt vor, wie sich diese Menschen den Kapitalismus damals vorgestellt haben mögen: Alle arbeiten anständig, verdienen auskömmlich, stetig kommen neue Waren auf den so genannten Markt und alles wächst, die Wirtschaft, die Produktion, das Gehalt. Und kaum hält man einmal kurz inne, ist da schon wieder ein wenig mehr – kurz: Sozialismus mit Wachstum. Im Sozialismus stand das Angebot, das die Gesellschaft bereithielt, allen offen. Die Unterschiede machte nur der Besitz von Waren aus dem kapitalistischen Westen, zu denen nicht jeder Zugang hatte. Genau den hatten nach dem Mauerfall plötzlich alle. Hurra!

Aber halt, da war doch noch was? Vielleicht hätte man Marx doch noch mal lesen sollen. Zumindest das Kapitel im Kapital über den Warenfetischismus und die Verschleierung der Produktionsverhältnisse durch die Ware. Doch wer nicht lesen wollte, lernte es nun an den immer zahlreicher werdenden Objekten seiner Begierden: Trotz Überangebot kann nämlich Knappheit herrschen, und zwar abhängig von der Knappheit der eigenen Kasse.

Und so standen die Menschen an diesem Nachmittag des 11. November 1989 in Kreuzberg am Beginn einer langen Reihe von Lehrveranstaltung der eigenen Art stand: learning by shopping. Übrigens: Eine spätere Umfrage ergab, wofür das erste Westgeld drauf ging: Kaffee, Schokolade und ach ja, Bananen – wahrer Fetischismus sieht vielleicht doch noch anderes aus.

Hourra, le capitalisme est arrivé ! / Hurra, der Kapitalismus ist da! Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

Hourra, le capitalisme est arrivé ! / Hurra, der Kapitalismus ist da! Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

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