18 ans après – est-ce que la «Fraction Armée Rouge» revient à la surface ?

Trois terroristes de la «RAF» auraient commis des holdups en 2015 en Allemagne – est-ce que cela signifie le retour de cette organisation terroriste ?

La "Fraction Armée Rouge" s'est auto-dissoute il y a 18 ans. Et ce chapitre de l'histoire allemande d'après-guerre est définitivement clos. Foto: Wikimedia Commons / PD

(KL) – Quand on parle de la «Fraction Armée Rouge», la «RAF», c’est comme une excursion dans les livres d’histoire. On pense automatiquement à «l’automne allemand», les débuts de la «bande Baader-Meinhoff» qui s’est transformée en «RAF», commettant des meurtres comme celui de Hanns-Martin Schleyer, le patron du patronat allemand, le détournement d’un avion vers Mogadishu, l’angoisse qui avait alors gagné tout le pays qui lui, réagissait de manière paniquée en transformant l’Allemagne en un état policier en début des années 80. C’était la «première génération» de la «RAF». Ensuite, c’était la «deuxième génération» de la «RAF» autour de caractères comme Christian Klar avant la naissance de la «troisième génération» dont les protagonistes n’étaient plus vraiment connus du grand public. En 1998, la «RAF» s’est officiellement auto-dissoute, déclarant que sa «lutte» était terminée. Et maintenant, trois terroristes de cette «troisième génération» ont, selon toute vraisemblance, commis plusieurs holdups – est-ce la renaissance de la «RAF» ?

Probablement pas. Si la police a relevé des traces de l’ADN de trois membres de cette «troisième génération» sur les lieux de ces holdups, à savoir Ernst-Volker Wilhelm Staub, Burkhard Garweg et Daniela Klette, tous trois recherchés depuis plus de 20 ans, il s’agissait probablement et tout bêtement de holdups destinés à financer la difficile vie en illégalité. Un terroriste recherché par la police ne peut pas ouvrir un compte bancaire, faire des virements ou gérer sa vie autrement qu’avec de l’argent liquide – et il en faut beaucoup, car les clandestins doivent sans cesse changer d’appartement, doivent changer de ville, ils ont besoin de communiquer, de se déplacer, de se chauffer – et tout doit se régler avec de l’argent liquide. Les trois, âgés entre 47 et 61 ans, doivent être désespérés – et ils ont probablement tenté de renflouer les caisses vides.

Si on pourrait presque avoir pitié de ces terroristes «en pré-retraite», force est de constater qu’ils agissent toujours avec un haut degré de professionnalisme et de brutalité. Ainsi, lors d’une des attaques sur un fourgon blindé, ils n’ont pas hésité à utiliser un bazooka et des mitrailleuses avec des munitions spéciales et très dangereuses. Ce n’est que par hasard qu’ils n’aient tués personne lors de ces attaques et puisque la dernière en date a échouée, il faut s’attendre à d’autres actions de ce trio étrange.

La «lutte» de la «RAF» est terminée, la «RAF» n’existe plus. Il s’agit aujourd’hui d’un trio criminel qui cherche à se procurer de l’argent pour pouvoir continuer à vivre dans l’illégalité. Si leur action était encore motivée politiquement, ils auraient quitté l’Allemagne depuis longtemps pour rejoindre d’autres organisations terroristes, comme l’avaient fait les deux «générations» précédentes de la «RAF», ce qu’ils n’ont pas fait. Depuis de longues années, ils doivent vivre en Allemagne en s’ayant fondus dans l’anonymat. Si aujourd’hui, ils reviennent à la surface, ce n’est pas le spectre de la «RAF» qui revient, mais de vieux terroristes qui agissent aujourd’hui comme d’ordinaires criminels. Aujourd’hui, ce n’est plus le terrorisme de l’extrême-gauche comme celui de la «RAF» qui menace notre société, mais le terrorisme de l’extrême-droite et le terrorisme islamiste. La page de la «RAF» est définitivement tournée.

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