2016 : l’économie alsacienne est-elle mal partie ?

Le chômage risque d'être le sujet décisif pour les élections présidentielles de 2017. Et pour l'instant, la situation ne s'améliore pas vraiment.

Le chômage augmente, plus lentement qu'avant, mais il augmente toujours. Foto: Lulu97417 / Wikimedia Commons / PD

(Par Alain Howiller) – François Hollande s’engage dans des semaines décisives pour son quinquennat. Il se pourrait bien que ce soit maintenant qu’il entame (ou… n’entame pas !) l’année qui le conduira à solliciter, en 2017, un nouveau mandat ! Pour reprendre le slogan qui l’avait fait élire en 2007 : le changement s’amorce maintenant ! C’est maintenant qu’on saura s’il a réussi à réunir la majorité nécessaire pour amender la Constitution : le Parlement devrait se prononcer en Mars.

C’est maintenant que s’engagent les ultimes négociations (avec notamment les représentants des régions avec qui il a déjeuné le 2 février) pour peaufiner le plan de relance de l’emploi (eurojournalist.eu des 20 et 27 Janvier) que le Conseil des Ministres du 9 Mars devrait approuver puis transmettre au Parlement. Ce sera, sans doute, le plan de la dernière chance pour relancer l’emploi et permettre au Président de la République de gagner le pari qu’il s’est -peut être imprudemment !- lui-même fixé : arriver à inverser de manière significative la courbe du chômage ! Le moins qu’on puisse dire c’est que le pari est encore loin d’être gagné !

Chômage : ralentie, la progression continue ! – D’après les dernières statistiques publiées, le nombre des chômeurs s’est accru, en France, de près de 16.000 en 2015 : ce qui porte à près de 670.000, l’accroissement du nombre de demandeurs d’emplois depuis l’élection de François Hollande ! Certes, la progression s’est ralentie l’année dernière où a pesé l’impact des attentats de Janvier et de Novembre, certes on a noté une relance (insuffisante) de la création d’emplois, une légère diminution du chômage des jeunes : mais ces éléments ne peuvent que davantage mettre en relief la bonne situation en Allemagne ou le redressement qui s’est opéré en Espagne ou au Portugal ! Dans une conjoncture française qui continue de souffrir on ne peut ignorer la progression (même ralentie) du chômage, ni balayer d’un revers… d’espoir, le fait que la durée moyenne de la période de chômage s’est accrue de 21 jours par rapport à il y a un an et que le chômage des plus de 50 ans a progressé, en un an, de plus de 8% !

En Décembre -derniers chiffres connus- le chômage avait progressé, en un mois, de 0,5% dans le Bas-Rhin et de 0,7% dans le Haut-Rhin, la hausse sur un an ayant été, respectivement, de +4,9% et de +5,9% : ce qui place les départements alsaciens, qui pendant longtemps avaient résisté au phénomène, en tête de la progression enregistrée dans la nouvelle région «Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine» ! Le tout dans un contexte conjoncturel qui allie une possible embellie 2016 annoncée par «l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE)» (+1,3 % du Produit Intérieur Brut – PIB) avec des perspectives de croissance mondiale que le F.M.I. fixe à 3,4% (mais 1,7% pour l’Union Européenne, chiffre que le gouvernement vient de retenir pour l’économie allemande).

En tout état de cause, les conjoncturistes ne pensent pas que les taux retenus permettront de faire reculer le chômage : en France, les prévisions gouvernementales (+1,5% de croissance) ne sont pas corroborées par le FMI, mais la courbe du chômage pourrait s’infléchir si le gouvernement réussissait à inscrire en formation 500.000 chômeurs (150.000 en première tranche) qui sortiraient, ainsi, des statistiques ! Pour certains observateurs, cette «sortie» serait l’un des buts du plan !… Elle pèserait sur l’état des lieux, sans pouvoir cacher, pour autant, que les difficultés de l’économie française ne semblent pas être de nature conjoncturelles, mais bien structurelles ! Les exemples allemands, britanniques voire espagnols, ou même portugais témoignent en ce sens.

Situation peu favorable de l’Alsace. – «La croissance de la production industrielle et des livraisons se poursuit en Décembre. La demande stagne et les carnets restent proches de la normale. L’activité et la demande se maintiennent dans les services. Les prévisions pour Janvier affichent une stabilité de la production dans l’industrie et une progression dans les services», à l’occasion de sa dernière enquête de conjoncture, la Direction Régionale de Strasbourg de la Banque de France ne marque qu’un léger optimisme pour ce début d’année, même si le climat des affaires s’est inscrit en progrès en Décembre pour l’industrie alsacienne. Hormis ceux qui travaillent pour l’exportation ou relèvent des «services marchands», rares sont les secteurs qui annoncent des progrès dignes d’être relevés et aucun n’envisage, en l’état, d’augmenter sensiblement ses effectifs !

Pas réellement de quoi pavoiser même si le Premier Ministre estime que «la reprise est là, mais ce n’est pas suffisant». S’il est vrai, comme l’affirme Manuel Valls que «résister, c’est se confronter à la réalité !», la «résistance» a du champ devant elle en matière économique ! Si personne ne peut, aujourd’hui, prévoir ce que qu’apportera à la situation économique régionale, la mise en place de la nouvelle grande région «Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine (ACAL)», l’Alsace continue à compter sur les atouts qu’elle estime propres : sa situation à proximité immédiate de régions dont le taux de chômage évolue de 3,1% (canton de Bâle-Campagne) ou 3,7% (Bade-Wurtemberg) à 5% (Rhénanie-Palatinat) ou 4% (Bâle-Ville). Plusieurs accords ont ouvert (timidement encore) la possibilité pour les salariés alsaciens de se former et de trouver du travail dans les régions transfrontalières proches… dans l’espoir cerise sur le gâteau – qu’un jour le Rhin Supérieur devienne une véritable entité, une «Life Valley» comme Alexis Lehmann en a lancé l’idée.

Pour remonter la pente : de nouveaux outils ! – Elle compte aussi sur les outils dont ACAL a annoncé la création au profit du développement d’entreprise, du soutien à l’investissement, à l’apport en capital-risque et à la création d’entreprises. Elle compte enfin sur la nouvelle «Agence de Développement économique» (ADIRA) qui vient de naître de la fusion entre les agences départementales qui, dans le Bas-Rhin d’une part, dans le Haut-Rhin d’autre part, s’employaient à aider les entreprises en difficultés et à trouver de nouveaux investisseurs. La nouvelle agence, née d’un souci d’adaptation des deux Conseils Départementaux, a réussi à associer au-delà des deux conseils, la Région, l’Eurométropole de Strasbourg, les communautés d’agglomération de Mulhouse (où se trouve le «siège», Strasbourg ayant conservé un «siège opérationnel»), de Haguenau, des «3 Frontières», les organisations patronales et syndicales…

L’année 2016 sera décisive pour relancer l’économie française, y compris celle de l’ACAL. Le pari, on l’aura compris, sera difficile et il est loin d’être gagné. Tant pour la relance de l’emploi que pour la révision de la Constitution française. Le mois prochain pourrait être décisif pour les décisions attendues. Les hasards de l’histoire franco-allemande font que ces «ides de Mars» seront également importantes pour Angela Merkel : trois renouvellements de parlements régionaux auront, en effet, lieu le 13 Mars ! Sans oublier qu’Angela Merkel et François Hollande se retrouveront le 7 février à Strasbourg (et en avril à Metz pour un Conseil des Ministres commun) : pour relancer –enfin !- l’Europe et la sauver du naufrage ?

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