28 ans plus tard…

… et l’unification allemande bat de l’aile. Les différences entre ouest et est sont énormes et on attend toujours les « paysages fleurissants » qu’on nous avait promis il y a 28 ans.

Les murs peuvent chuter... il suffit de le vouloir ! Foto: Superikonoskop / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – La fête nationale allemande le 3 octobre était l’occasion pour l’ensemble du monde politique allemand de s’auto-congratuler pour l’excellent travail accompli depuis 28 ans. Seul problème – ce travail était tout sauf excellent. L’ancienne RFA souffre du vieillissement de la société et l’ancienne RDA est tombée entre les mains d’une extrême-droite identitaire et violente. Unité allemande ?

28 ans après ce 3 octobre 1990, les deux Allemagnes ne sont toujours pas intégrées. Au contraire, les clivages ne cessent de se creuser ; et c’est une conséquence directe de cette unification mal ficelée. Dans les faits, la RDA a été « vendue » à la RFA, des investisseurs futés se sont rapidement assuré les filets de l’économie est-allemande et dans ce processus, la vie tranquille des Allemands de l’Est était terminée.

Car paradoxalement et malgré un système totalitaire et surveillé (9 des 16 millions de ressortissants de la RDA fournissaient des informations à la Sécurité d’Etat, la tristement célèbre Stasi), les gens ne souffraient pas en RDA. L’Etat était omniprésent, mais il assurait un minimum de vie correct à l’ensemble de ses citoyens. Chacun avait un logement, chacun avait à manger, chacun avait des vacances, chacun avait une vie sociale. Modeste, certes, mais sans laisser les plus faibles en rade. Bien sûr, cet état social extrême était financé à crédit et ne pouvait pas tourner éternellement, mais au moins, ces crédits étaient utilisés pour financer une approche sociale bien différente que dans les pays où le capitalisme sauvage crée de la richesse pour une poignée de personnes, tout en appauvrissant environ 20% de la population. Les autres, ils vivotent tant bien que mal.

Aujourd’hui, toute une génération d’habitants de l’ancienne RDA a été laissée pour compte. Leurs 40 ans de vie et de travail en RDA ont été totalement dévalorisées, les retraites y sont inférieures à celles de l’ouest du pays, et cette négligence sociale est le terreau sur lequel pousse actuellement l’extrême-droite identitaire.

Et tout le problème de l’unité allemande se situe là – nous pensions être des frères et des sœurs, mais nous ne le sommes pas. Les bandes de crânes rasés qui sèment la terreur dans les rues des villes de l’est de l’Allemagne, non, on ne les connaît pas, on ne les comprend pas et à vrai dire, on n’a même pas envie de faire leur connaissance. Greifswald est pour nous encore et toujours une destination plus exotique que Londres ou Venise ; avant de planifier une visite de Dresde, on réserve un vol pour la République Dominicaine.

Certains pensaient que l’unification allemande allait prendre une, peut-être deux générations. On s’est trompé. Si l’Allemagne devait un jour trouver une véritable unité, cela ne se passerait pas avant 30 ou 40 ans. Le chemin vers l’unité allemande sera long et difficile. Espérons qu’il n’y aura pas d’accident sur ce chemin…

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