(29) Les 30 ans de la chute du Mur – 30 Jahre Mauerfall

Les photos d’événements historiques montrent toujours de courts instants isolés de l'Histoire. Mais est-ce que ce ne sont pas ces instants qui forment ce qui deviendra plus tard l'Histoire ?

Cache-cigarettes... / Zigaretten-Versteck... Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

(De / von Michael Magercord – KL / MC) – Terminus gare. Bahnhof Friedrichstraße 1986 – Shopping dans la « Duty-Free-Derichstraße »…

Cette photo ne montre rien d’inhabituel. Elle montre un homme devant un kiosque. Un kiosque comme on en trouve dans toute station de métro. On peut y acheter des cigarettes, du café, de l’alcool et des sucreries. L’homme a posé les cigarettes qu’il vient d’acheter sur le comptoir du kiosque. Avant de partir, il cache ses cigarettes pour le transport. Quel meilleur endroit qu’à l’intérieur de son pantalon. Evidemment.

L’homme sur la photo se comporte exactement comme il faut, c’est à dire selon l’ordre des choses : le kiosque se trouve dans la gare Bahnhof Friedrichstraße sur la ligne U6 qui relie Tegel (Berlin-Ouest) et Alt-Mariendorf (Berlin-Ouest), et l’arrêt Bahnhof Friedrichstraße se trouve à Berlin-Est. Les passagers peuvent descendre pour traverser la frontière vers Berlin-Est ou bien changer de métro pour prendre le RER vers Wannsee (Berlin-Ouest) ou Frohnau (Berlin-Ouest) – bref : la gare Bahnhof Friedrichstraße avec ses 660 000 passagers mensuels est l’un des grands carrefours du réseau des transports en commun de Berlin-Ouest. Tout en se trouvant à l’Est.

Le kiosque où l’homme vient d’acheter des cigarettes se trouve donc à l’Ouest, tout en se situant à l’Est. Le kiosque est un « Intershop ». Les « Intershops » sont des magasins exploités de manière socialiste qui servent leurs clients selon les principes capitalistes. Leur modèle d’affaire est aussi simple qu’efficace : marchandise de l’ouest payée en argent de l’ouest aux prix de l’Est sans droits de douanes et taxes. L’homme sur la photo n’est donc qu’un client ordinaire, ni plus, ni moins. Le prix des cigarettes se situe à 15% du prix à l’Ouest. Et maintenant, l’Ouest s’y mêle. Pour les autorités ouest-allemandes, ce kiosque se trouve à l’étranger, en dehors de l’union douanière ; l’homme est donc considéré comme un contrebandier. Selon le Droit des Alliés toujours en vigueur dans sa version 1949, cela peut lui valoir 10 ans de prison ou 25 000 DM d’amende pour l’importation de marchandises illégales dans les secteurs de l’ouest.

En 1986, la situation d’après-guerre avait déjà été légèrement modifiée : lors de contrôles à la frontière entre les secteurs dans les métros et RER en provenance de la gare Bahnhof Friedrichstraße, effectués par des unités mobiles et le service des douanes autorisés par les Alliés, “l’amende s’élève à trois fois la valeur des marchandises importées illégalement ”, déclarait l’autorité compétente. L’homme sur la photo avait donc stocké des marchandises qu’il aurait dû déclarer avant son retour à l’Ouest de manière à ce que le service des douanes ne pouvait pas les trouver.

Interrogée quant au volume de ce commerce est-ouest, l’autorité communiquait sans hésitation les chiffres suivants pour l’année 1985 : « 17 460 personnes contrôlées en possession de produits de contrebande : 3 795 606 cigarettes, 1 380 cigares, 9 917 litres de spiritueux, 957 kilos de café ». 296 000 DM d’amendes de douanes ont été encaissés pour ces marchandises. Toutefois, regrettait l’autorité, ces chiffres ne permettent pas d’estimer de façon fiable le chiffre d’affaires des « Intershops » à la gare Bahnhof Friedrichstraße, les vrais chiffres se situant sans doute largement au-dessus.

On ignore si les cigarettes de cet homme ont fini par entrer dans ces statistiques ou s’il n’a pas été contrôlé – les contrôles restaient très ponctuels et généralement, on y passait comme un couteau dans le beurre. Mais les deux options faisaient partie de l’ordre des choses à l’époque. Ni l’une des options, ni l’autre auraient pu remettre cet ordre en question – c’était la normalité est-ouest. Seuls ceux qui habitaient à Berlin en 1986 savaient si personnellement, ils faisaient partie des contrebandiers ou non…

Bilder von historischen Ereignissen zeigen immer kurze, einzelne Momente der Geschichte. Aber sind es nicht diese Momente, aus denen sich die Geschichte erst zusammenfügen lässt?

Endstation Grenze. Bahnhof Friedrichstraße 1986 – Shopping in der Duty-Free-Derichstraße.

Auf diesem Bild ist nichts Ungewöhnliches zu sehen. Das Foto zeigt einen Mann vor einem Verkaufsstand. Stände, wie es sie auf jedem U-Bahnhof gibt. Dort kann man Zigaretten kaufen, Kaffee, starke Alkoholika und Süßigkeiten. Der Mann hat seine soeben erstandenen Zigaretten auf der Theke des Lädchens abgestellt. Bevor er sich auf den Weg macht, verstaut er seine Ware für den Transport. Der beste Platz dafür ist der Hosenbund. Wo denn sonst?

Der Mann auf diesem Bild verhält sich absolut ordnungsmäßig, das heißt: gemäß der herrschenden Ordnung – und die stellt sich wie folgt dar: Der Laden befindet sich im U-Bahntunnel der Linie U6 von Tegel (Westberlin) nach Alt-Mariendorf (Westberlin) des Bahnhofs Friedrichstraße (Ostberlin). Reisende können aussteigen, um die Grenze nach Ostberlin zu passieren oder umsteigen in die S-Bahn nach Wannsee (Westberlin) oder Frohnau (Westberlin) – kurz: Der Bahnhof Friedrichstraße ist mit 660.000 Fahrgästen im Monat einer der großen Umsteigepunkte im Westberliner Verkehrsnetz.

Der Laden, an dem der Mann seine Einkäufe erledigt, befindet sich also im Westen und ist doch im Osten. Es handelt sich nämlich um einen „Intershop“. Das sind sozialistisch betriebene Geschäfte, die ihre Kundschaft aber nach kapitalistischen Grundsätzen bedienen. Ihr Geschäftsmodell ist so einfach wie erfolgreich: Westware gegen Westgeld zu Ostpreisen ohne Zoll und Steuern. Der Mann auf dem Bild ist also ein Kunde, nicht mehr, nicht weniger. Doch nun steigt der Westen ins Geschäft ein: Für deren Behörden liegt der Laden im Zollausland und der Mann ist ein Schmuggler. Das heißt nach dem Besatzungsrecht in der gültigen Fassung von 1949 zehn Jahre Gefängnis oder 25.000 DM für illegale Wareneinfuhr in die Westsektoren.

1986 war die Nachkriegsordnung schon etwas modifiziert: „Bei den stichprobenartigen Kontrollen an der Sektorengrenze in den vom Bahnhof Friedrichstraße kommenden U- und S-Bahnwaggons durch mobile Einheiten des dazu von den Besatzungsmächten ermächtigten deutschen Zolls werden der dreifache Wert der Ware als Strafe erhoben“, so die Erklärung der zuständigen Behörde. Der Mann auf dem Bild tat also nichts weiter, als die eigentlich anmeldepflichtige Ware der bestehenden Ordnung gemäß vor seiner Rückfahrt nach Westberlin zollauffindsicher zu bewahren.

Auf Anfrage, welchen Umfang dieser Ost-West-Handel nun tatsächlich habe, ließ die auskunftsfreudige Behörde folgende Zahlen für das Jahr 1985 wissen: „17.460 Aufgriffe sind erfolgt: mit 3.795.606 Zigaretten, mit 1.380 Zigarren, mit 9.917 Liter Spirituosen, mit 957 Kilo Kaffee“. 296.000 DM an Zoll wurden für die „hochsteuerbaren Ware“ nacherhoben. Trotzdem, bedauert die Behörde, lassen diese Zahlen keinen Rückschluss auf den Umsatz der Intershops auf dem Bahnhof Friedrichstraße zu, die Dunkelziffer liegt wohl um ein Vielfaches höher.

Ob die Waren des Mannes auf dem Bild schließlich in die Statistik eingingen oder eine Dunkelziffer bleiben, wissen wir nicht. Beide Szenarien entsprächen aber der bestehenden Ordnung. Weder das eine noch das andere hätte sie erschüttert, sondern im Gegenteil – so oder so – für ihre Aufrechterhaltung gesorgt. Gekannt hat darin jeder immer nur seine eigene Dunkelziffer…

Contrebande est-ouest... / Ost-West-Schmuggel... Foto: (c) Michael Magrecord / ROPI

Contrebande est-ouest… / Ost-West-Schmuggel… Foto: (c) Michael Magrecord / ROPI

 

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