(30) Les 30 ans de la chute du Mur – 30 Jahre Mauerfall

Les photos d’événements historiques montrent toujours de courts instants isolés de l'Histoire. Mais est-ce que ce ne sont pas ces instants qui forment ce qui deviendra plus tard l'Histoire ?

Où l'Est et l'Ouest se mélangeaient... / wo sich Ost und West vermischten... Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

(De / von Michael Magercord – KL / MC) – Terminus frontière. Bahnhof Friedrichstraße 1986 – Perspective d’un agent.

« Cassez-vous, bande de connards ! », gueule la femme. Mais ils restent. Les porteurs d’uniformes restent toujours, lorsque l’on les apostrophe de la sorte. Même les gardes-frontière est-allemands, lorsqu’ils patrouillent sur le quai du métro dans la gare Bahnhof Friedrichstraße. Et qu’est-ce qu’ils vont faire maintenant ? Sourire. Et la femme se dirige tout droit vers les « trois connards ». Car elle veut poser une question : « Eh, dites donc, où est-ce que je peux trouver une bouteille par ici ? » ; pour appuyer sa demande : « J’ai franchement besoin d’une bouteille ! » Les trois messieurs en uniforme connaissent la réponse et lui indiquent à la femme venue de Berlin-Ouest le chemin vers le dernier « Intershop » encore ouvert à cette heure-ci. « Mais dépêchez-vous, ils vont fermer, là… ».

Oh, il est déjà si tard ? Minuit passé, les colonnes de nettoyage vident les poubelles débordantes des paquets des cartons de cigarettes et des bouteilles vides. Tous les emballages superflus qui ne font que déranger les clients qui se transforment en contrebandiers de circonstance. Les gens qui rentrent du travail sont déjà à la maison depuis un moment, et ceux qui n’ont pas encore traversé la frontière feraient mieux de se dépêcher maintenant. Restent donc les habitués, ceux qui rentreront avec le dernier métro qui part de la gare Bahnhof Friedrichstraße vers l’Ouest.

La clientèle habituelle, il faut la gérer sympathiquement, même si parfois, son langage n’est pas vraiment adapté à la situation. Et les gardes-frontière montrent aussi un peu de compassion avec cette femme échouée dans le capitalisme. Demain, elle sera à nouveau assise ici, avec sa bouteille de gnôle qui, sans droits de douane et taxes, coûte trois fois rien ici. Elle y passera la journée, pendant que les voyageurs courent d’un côté de la gare vers l’autre. Ils sont carrément sympathiques, les trois soldats, lorsqu’ils accompagnent cette femme titubante vers le wagon. Ensuite, ils donnent au conducteur du métro le signal de départ. Un dernier tour à travers la gare, et leur journée de travail sera finie. Rien à signaler.

Sauf qu’il y en a un qui prend des photos, clandestinement. Ce qui est strictement interdit : zone frontalière. Interface entre l’OTAN et le Pacte de Varsovie. Un espion ? Mais non. Le petit appareil de photo se trouve dans un paquet de cigarettes, mais qu’est-ce qu’il peut bien photographier ici ? Des frontaliers, des contrebandiers, des retraités et oui, des gardes-frontière à travers la vitre du métro. Une fois, lors du passage de la frontière, ils trouvaient l’appareil. Interrogatoire avec ce journaliste-junior. Ou plutôt, un entretien sur le rôle de la presse à l’Ouest. Selon les personnes menant cet « entretien », les médias à l’Ouest veulent stimuler la peur et cherchent le scoop, tandis qu’à l’Est, on relate et promeut le progrès social. Et mon dossier après ? La fiche personnelle F-16 du service R et du fichier opérationnel F-22 de l’Administration Centrale Renseignement ? Cette fiche désigne le propriétaire de l’appareil photo comme un agent potentiel et prometteur, donc, comme quelqu’un dont on pourrait avoir besoin comme espion à l’Ouest ; et on ordonne sa surveillance par trois collaborateurs à Berlin-Ouest. Leurs rapports n’ont pas été retrouvés, plus tard, lorsque les dossiers de la « Stasi » ont été scrutés systématiquement. Mais bon, le jeune homme ne s’était même pas rendu compte qu’il avait été sous surveillance.

Tout ça est fini maintenant et à l’époque, lorsque ces fiches étaient encore utilisées, personne ne s’en est vraiment occupé. Mais maintenant, retour à l’Ouest: à travers le no man’s land dans les tunnels du métro, sans autre arrêt, directement vers Kreuzberg….

Bilder von historischen Ereignissen zeigen immer kurze, einzelne Momente der Geschichte. Aber sind es nicht diese Momente, aus denen sich die Geschichte erst zusammenfügen lässt?

Endstation Grenze. Bahnhof Friedrichstraße 1986 – Perspektive eines Agenten

„Haut bloß ab, ihr Drecksäcke“, brüllt die Frau. Die aber bleiben. Das machen Uniformierte meistens, wenn man sie derart angeht. Auch die Grenzsoldaten der DDR, die über den U-Bahnsteig im Bahnhof Friedrichstraße patrouillieren. Welche Maßnahme werden sie jetzt ergreifen? Lächeln. Da geht die Frau doch glatt auf die drei Drecksäcke zu. Sie hat nämlich eine Frage: „Hey, sagt mal, wo gibt’s hier ’ne Flasche?“, und ein Anliegen: „Ich brauche unbedingt ’ne Flasche!“ Die drei Herren in den Stiefelhosen wissen Antwort und weisen der Westberlinerin freundlich den Weg zum letzten noch geöffneten Intershop. Aber schnell, der macht auch bald zu.

Ach, schon wieder so spät? Nach Mitternacht, die Putzkolonnen leeren die übervollen Papierkörbe von den Pappkartons der Zigarettenschachteln und Alkoholika. All die Umverpackung, die den Kunden bei ihrer Metamorphose zum Schmuggler eher lästig sind. Die Pendler sind ja eh längst zuhause, und wer jetzt noch nicht über die Grenze gegangen ist, der muss sich mächtig sputen. Bleiben halt noch die Stammgäste, die es in die letzte U-Bahn vom Bahnhof Friedrichstraße zurück nach Westberlin zu befördern gilt.

Mit Stammkundschaft geht man pfleglich um, selbst wenn die mal pampig wird. Ein bisschen Mitleid darf man ja auch haben mit denen im Kapitalismus Gestrandeten. Morgen sitzen sie wieder hier mit einer zoll- und steuerfreien Flasche Korn und verbringen den Tag unter den anderen, die von einer Seite zur anderen hetzen. Ja, geradezu freundlich geleiten die Soldaten die Torkelnden in die Waggons. Danach geben sie dem Fahrer der U-Bahn das Startzeichen. Noch ein letzter Rundgang der Dreierstreife über den Bahnhof, dann geht ein normaler Arbeitstag zu Ende. Keine besonderen Vorkommnisse.

Nur, dass hier einer heimlich Fotos macht. Das darf eigentlich nicht sein: Grenzgebiet. Nahtstelle zwischen NATO und Warschauer Pakt. Ein Spion? Ach was. Die kleine Kamera steckt zwar in einer Zigarettenschachtel, aber was nimmt der Kerl damit schon auf? Grenzgänger, Schmuggler, Rentner und ja, Grenzsoldaten im U-Bahnfenster. Einmal, beim Grenzgang, fiel den Grenzern die Kamera in die Hände. Es folgte ein Verhör mit dem Jungjournalisten. Oder eher ein Gespräch über die Rolle der Presse in West – Angstschürferei und Sensationslüsterei – und Ost – Benennung und Förderung des gesellschaftlichen Fortschritts. Und die Akte danach? Die Personenerfassungskarteikarte F-16 des Referats R und der Vorgangskartei F-22 der Hauptverwaltung Aufklärung? Die stellte den Besitzer der Kamera in der Zigarettenschachtel als vielversprechenden Perspektivagenten dar, also jemanden, den man mal als Spion im Westen gebrauchen könnte, und stellt ihn der Beobachtung durch drei Mitarbeiter in Westberlin anheim. Deren Aufzeichnungen haben sich später, als die Stasi-Akten systematisch durchforstet wurden, nicht auffinden lassen. Gemerkt hat der junge Mann damals ohnehin nichts von einer eventuellen Beobachtung.

Das bleibt nun endgültig verborgen und war damals, bevor die Akten zugänglich wurden, noch unbedeutend. Jetzt geht’s erst einmal zurück in den Westen: Noch einmal durchs Niemandsland im U-Bahnschacht, ohne weiteren Halt direkt nach Kreuzberg….

Gardiens de la frontière et de l'Intershop... / Hüter der Grenze und des Intershops... Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

Gardiens de la frontière et de l’Intershop… / Hüter der Grenze und des Intershops… Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

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