500 vs. 7500

Au Portugal, pour briguer la présidence de la République, 7.500 signatures de citoyen(ne)s inscrit(e)s sur les listes électorales sont nécessaires.

Présidence de la République du Portugal. Foto: Governo de Portugal / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Alors qu’en France, avant chaque élection présidentielle, les candidat(e)s font la course à l’échalote pour obtenir leurs 500 signatures d’élu(e)s, et à cette occasion certain(e)s se livrent dans les médias à des psychodrames dignes des comédies les plus larmoyantes, au Portugal, pays au régime semi-présidentialiste, il en va tout autrement. En 2022, année supplémentaire de la déliquescence de la Ve République, qui risque de se poursuivre encore sur le même schéma durant un nouveau quinquennat, ne serait-il pas grand temps de regarder comment fonctionne la démocratie dans d’autres pays de l’Union Européenne ?

Au Portugal, le Président de la République n’a rien d’un monarque républicain, et l’actuel locataire du Palácio Nacional de Belém, réélu dès le premier tour avec 60,66% des suffrages, est apprécié par une grande partie de la population. Mis à part le côté très attachant de la personnalité de Marcelo Rebelo de Susa, ce qui ne fut pas le cas de tous les présidents portugais, la perception qu’a un peuple de son Chef d’État, procède aussi du processus institutionnel aboutissant à son élection.

Au Portugal, point n’est besoin d’obtenir le parrainage de 500 d’élus pour valider une candidature à la magistrature suprême, mais de 7.500 à 15.000 signatures de citoyens détenteurs du droit de vote. Alors qu’en France, la règle des 500 signatures d’élus, mise en place pour éviter notamment l’émergence de candidatures fantaisistes, au Portugal, pays totalisant dans et hors de ses frontières 10.847.434 inscrits sur les listes électorales, il suffit d’en obtenir les signatures d’un faible pourcentage de la population pour briguer la présidence de la république.

Ce qui n’a jamais provoqué pour autant, l’explosion du nombre des candidatures. L’élection en ayant vu le plus grand nombre de candidat.e.s, remonte à 2016 où ils étaient 10, alors qu’en France, depuis les débuts de la Ve République, le maximum de candidatures au premier tour fut 16 en 2002 et le minimum 6 en 1965. Lors des deux dernières présidentielles au Portugal, en 2021 et 2016, 7 et 10 candidats étaient en lice, et depuis 1976, il y eut au maximum 10 et au minimum 4 candidatures validées par le Tribunal Constitutionnel.

En France, fin janvier 2022, 46 personnes dont une trentaine peu connues du grand public, briguaient la candidature à la candidature, c’est-à-dire n’avaient pas encore déposé les 500 parrainages nécessaires. Le 7 mars, le Conseil Constitutionnel annonçait la validation de 12 dossiers. En appliquant à la France le système portugais, les 46 candidatures initiales auraient peut-être été validées. Mais pourquoi n’y a-t’il pas là-bas, alors que la Constitution le permettrait, une inflation des candidatures ?

Un élément de réponse a déjà été apporté par la précision que le président du Portugal n’est pas un monarque déguisé, car dans ce petit pays, les institutions s’opposent à cette dérive à tendance autocratique en donnant, second élément de réponse, d’importants pouvoirs aux parlementaires. Ce qui n’est actuellement plus le cas en France, suite aux multiples modifications de la Constitution visant à asseoir un pouvoir présidentiel autocratique. Le caractère semi-présidentiel du régime politique portugais, est une garantie pour l’exercice et la santé de la démocratie.

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