55 ans après le SPD, Hollande fait son Bad Godesberg

Le parti socialistes se dirigent tout droit vers la social-démocratie avec ses valeurs libérales. Est-ce que la base du parti suivra ?

François Hollande et Manuel Valls sont en train de pousser le PS vers la social-démocratie. Foto: © Kai Littmann

(Par Alain Howiller) – Tout se passe comme si les observateurs, politologues ou journalistes -notamment allemands- avaient oublié cette phrase qui, pourtant, fit du bruit en son temps : «Suis-je un social-démocrate ? Oui !» Le propos était de François Hollande lors de sa conférence de presse du 14 Janvier de cette année. Il avait également déclaré, alors : «Sans les entreprises, il ne peut y avoir de créations d’emplois dans la durée».

Depuis, il louvoyait pour inscrire dans les faits cette conversion vers la «sociale-démocratie» qu’il assume désormais au grand jour, en mettant la fraction dure du parti socialiste français, attachée aux traditions «crypto-marxistes», au défi de bloquer une évolution qu’il estime inévitable. C’est cette réalité-là qu’exprime finalement le nouveau gouvernement de Manuel Valls débarrassé, après l’exclusion d’Arnaud Montebourg, des représentants de l’aile gauche du PS.

Un «banquier», symbole ! – La nomination à la tète du ministère de l’économie d’un jeune banquier de 36 ans, qui fut un collaborateur de François Hollande à l’Elysée, est considérée, à cet égard, comme une sorte de «provocation» par les courants de gauche ! Le fait que le nouveau ministre ait toujours affirmé qu’il était socialiste, qu’il avait joué un rôle important lors de la campagne électorale de l’actuel président, qu’il avait été secrétaire général adjoint à l’Elysée, n’y changera rien.

Au PS, un banquier ministre d’économie, ne peut être qualifiée que de «scandaleux» par une partie des troupes qui firent de Hollande un Président de la République !

Valls à la recherche d’une majorité ! – Lorsque Manuel Valls soumettra sa déclaration de politique générale -et la composition de son gouvernement- aux Assemblées, le décompte des voix permettra alors de savoir où en sont ces troupes, quel est leur poids : personne ne pense sérieusement que Manuel Valls ne trouvera pas de majorité pour soutenir sa politique, donc celle du président. Le décompte des voix permettra de dire où en sont les orientations sociales-démocrates en France et quel avenir ce courant peut avoir dans le pays.

Avant d’affirmer que la crise déclenchée par le départ de trois ministres constitue une marque de faiblesse, il faut attendre les informations qu’on pourra tirer du vote de confiance qui suivra la présentation au Parlement des orientations du gouvernement Valls II.

A l’unvisersité d’été du PS. – On en aura déjà une idée à travers les débats qui auront lieu, du 29 au 31 Août, à La Rochelle à «l’Université d’été» du PS.

Peut-être assistons nous à un tournant non seulement de la gauche française et plus particulièrement du Parti Socialiste, mais également de la vie politique du pays. Hollande trouvera-t-il la majorité de sa politique ? Si, comme on peut le penser, ce sera le cas, cela interpellera aussi bien la gauche que la droite.

Le virage «social-démocrate» confirmé ? – Cela voudra dire que le PS aura pris conscience que l’élection de François Hollande à la Présidence de la République n’était pas le fruit des seuls votes d’un «peuple de gauche» minoritaire en fait : les atermoiements du président s’expliquent largement par le fait qu’au contraire de la gauche française, minoritaire en fait, il avait compris cela. «Je sais que je n’ai pas été élu avec 56 % de voix !», avait-il lancé un jour.

Et -avis aux oppositions de droite !- la sortie de cette crise gouvernementale confirmera alors que le Parti Socialiste aura pris le virage «social-démocrate» et aura réussi son «aggiornamento» : à l’image de ce que fit le SPD à Bad Godesberg… il y a 55 ans !

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