5e Itinéraire Européen. Etape 10. Santiago de Compostela.

Lorsque le chemin de Saint Jacques rejoint l'Itinéraire Européen, de drôles de rencontres peuvent arriver... Foto: Jacques Schmitt

(Par Jacques Schmitt) – Les yeux fatigués, les corps marqués, les sacs sur le dos et les bâtons jacquaires à la main, ils sont trois à sortir du centre d’accréditation officiel des « Pèlerins du chemin de Compostelle ». Ceux-ci me paraissent « d’authentiques », trois copains déjà d’un bon âge qui ont choisi l’épreuve ensemble et je ne sais pas parmi d’autres d’où ils viennent.

Je leur demande l’autorisation de prendre une photo et bien sûr je veux connaître leur point de départ et savoir qui ils sont : « D’Alsace et ils sont partis de Villersexel car ils avaient fait le chemin d’Alsace en guise d’entraînement ! ». Ils sont épuisés et contents qu’un individu les salue à leur arrivée… et il dit qu’il s’appelle Jacques vient de Strasbourg et fait un Itinéraire européen… ils m’écoutent à peine et montrent tout leur mérite à mon objectif.

Trois mois qu’ils sont partis! Le temps de se mettre à l’ombre dans l’entrée d’une auberge, de reprendre leur souffle et moi de les remercier pour faire une découverte encore plus invraisemblable. Mes trois pèlerins alsaciens de Compostelle sont 3 anciens élus (la coquille doit être bien pleine !) : Jean-Pierre Baeumler, 25 ans maire de Thann et ancien député, Michel Habib aussi de la vallée et longtemps conseiller général turbulent et enfin l’ancien 1er adjoint au maire de Habsheim, Jean-Claude Niederschlag… ici pris au hasard pour la photo d’arrivée officielle de pèlerins qui viennent de franchir la ligne d’arrivée.

Ceux-ci vont d’abord boire un verre pour rendre entre eux ce moment de leur amitié « historique » et je ne sais pas s’ils passeront par la cathédrale pour poser leurs mains sur les épaules de Saint Jacques. Ils ont déjà porté beaucoup de choses publiques sur les leurs. De ces anciens fardeaux, ils peuvent se débarrasser. Nous nous comprenons en quelques mots. Je lis sur leurs visages et les traits marqués comme une carte en relief les 90 jours qui les ont réunis.

Sur le coup, nous avons un moment d’émotion curieux, je suis stoïque devant eux qui sont encore figés par l’effort et incrédule d’être enfin là !

Je ne dis rien, pas de bravo ou compliment déplacé. Si tout juste un mot d’Adrien Zeller, un des moteurs de mon propre chemin. « Avec lui, on a bien travaillé », répond juste Jean-Pierre. Michel a encore une carte de visite sur lui, il me la donne. « Les gars, faut se voir à un autre moment, je donne mon numéro de portable et je vous laisse entre vous ! »

Trois pèlerins d’Alsace et un itinérant européen en quête… de sagesse et de l’Europe !