60 ans Traité d’Élysée – et aujourd’hui ?

Il y a 60 ans, jour pour jour, que les grands Européens Charles de Gaulle et Konrad Adenauer ont signé le Traité d’Élysée qui constitue encore aujourd'hui, la base des relations entre l'Allemagne et la France.

La France et l'Allemagne doivent une fière chandelle à Charles de Gaulle et Konrad Adenauer. Des politiques de cette qualité font terriblement défaut aujourd'hui. Foto: Manfred Brueckels / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Sans les avoir entendus, les discours que l’on entendra aujourd’hui sur le « franco-allemand », ont de quoi pour mettre mal à l’aise ceux qui les entendent. Les observateurs sont quasiment unanimes, les relations entre la France et l’Allemagne sont arrivées au point mort. Ce qui devrait être le « moteur de l’Europe », a été effacé par des intérêts divergents, des soucis au niveau national et le refus de s’engager vraiment pour l’Europe et justement, ces relations franco-allemandes. Toutefois, aujourd’hui, on nous dira exactement le contraire, car en un jour de célébration, ça fait désordre d’appeler un chat un chat.

Là où la coopération franco-allemande et même l’amitié franco-allemande existent, c’est dans le contexte local. Là où les gens se rencontrent, mènent des projets ensemble, échangent dans les domaines culture, sport ou social. Mais déjà les relations entre la Région Grand Est et le Bade-Wurtemberg battent de l’aile. Sans parler de l’incompréhension entre Paris et Berlin.

Ce 22 janvier 2023 n’est pas vraiment un jour de fête, mais un jour pour se souvenir ce que Charles de Gaulle et Konrad Adenauer avaient voulu pour nos deux pays. Et même Jacques Chirac et Gerhard Schröder avaient voulu renforcer cette relation par la création des Eurodistricts. Mais depuis, Paris et Berlin poursuivent d’autres objectifs qui malheureusement, ne sont que rarement les mêmes. Energie, défense, santé, social, pour ne citer que ces domaines-là, la France et l’Allemagne poursuivent des stratégies nationales incompatibles.

Certes, l’un ou l’autre responsable politique se rend compte qu’il y a un problème. Mais au lieu de les résoudre, on fait semblant, comme la ministre des affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock, qui tentait de justifier l’annulation du dernier conseil des ministres franco-allemand par un « les relations sont tellement bonnes qu’on a besoin d’un peu plus de temps pour bien préparer ce conseil ».

Le pire moment de ces 60 ans était la fermeture de la frontière entre les deux pays le 15 mars 2020, suivi de toute sorte de dérapages verbaux. A ce moment, on a du se rendre compte que ces relations franco-allemandes ne tenaient pas à grande chose. Dire que les Allemands n’avaient même pas estimé nécessaire d’informer les voisins français de cette fermeture de la frontière…

Donc, aujourd’hui, tout le monde fera semblant que tout aille pour le mieux dans le meilleurs des mondes. Lors d’une telle journée, pourquoi pas. Mais personne n’est dupe. Si le monde politique n’associe pas la société civile étroitement à ces relations franco-allemandes, elles ne s’amélioreront pas. Il serait grand temps que tous les acteurs du franco-allemand lisent le Traité d’Aix-la-Chapelle et qu’ils se mettent à profiter de toutes les possibilités qu’offre cet excellent document. Ce sont la France et l’Allemagne qui ont la puissance pour donner une autre orientation au développement des relations franco-allemandes et même européennes. Seulement, ceux qui ont le pouvoir d’agir, devraient s’y mettre et ne pas se limiter aux beaux discours, buffets et distinctions dont ils aiment bien se gratifier mutuellement.

Le franco-allemand n’est pas mort, mais il est sous perfusion. Le meilleur moment pour agir et relancer ces relations, c’est aujourd’hui. Ou plutôt demain, car aujourd’hui, on lève quand même notre verre à cette amitié franco-allemande qui est tellement importante pour l’avenir de notre continent. Prost, Traité d’Elysée !

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