77 jours de grève et un résultat

Pendant 77 jours, les soignants dans 6 CHU en Rhénanie du Nord-Westphalie ont fait grève. Et ils ont obtenu une amélioration des conditions de travail. Il était temps.

Les soignants ont obtenu, au bout de 77 jours de grève, une amélioration de leurs conditions de travail. Foto: Philipp Rothe / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.5

(KL) – La pandémie a changé beaucoup de choses, entre autres, la conscience du personnel soignant quant à ses conditions de travail qui deviennent de plus en plus surhumaines. Pour y changer quelque chose, les soignants dans six grands hôpitaux universitaires de la Rhénanie du Nord-Westphalie avaient entamé une grève qui allait durer 11 semaines. Pour une fois, cette grève ne visait pas l’augmentation salariale, mais les conditions de travail. Et les grévistes ont obtenu gain de cause.

Dans les hôpitaux universitaires d’Aix-la-Chapelle, Bonn, Düsseldorf, Essen, Cologne et Munster, les soignants n’ont assuré qu’un service minimum pendant ces 77 jours de grève et environ 10.000 interventions chirurgicales ont du être déprogrammées, faute de personnel.

Le résultat des négociations entre le syndicat Ver.di et le patronat – la première convention collective intitulée « Récupération » (« Entlastung ») et qui vise clairement une amélioration des conditions de travail. L’accord prévoit davantage de personnel, surtout dans les métiers qui travaillent directement avec les patients ; une meilleure compensation des heures supplémentaires (soit par des congés supplémentaires, soit par une compensation financière) et des primes au cas où les nouveaux quotas de personnel ne seraient pas atteints.

Pour le syndicat, ce résultat des négociations est un grand succès, car ces deux dernières années, c’était aux soignants de parer aux insuffisances structurelles dans les hôpitaux. En vue des conditions, de nombreux soignants ont carrément quitté la profession, de nombreux soignants ont été exclus de la profession pour cause de non-vaccination et le secteur peine à trouver des jeunes qui s’intéressent aux métiers des soins à la personne.

Si certains pensaient qu’il suffisait d’applaudir les soignants le soir, ils se sont trompés. Aujourd’hui, la survie de l’hôpital public dépend de la capacité des administrations de créer des conditions de travail humaines, d’assurer des revenus corrects à ces métiers et de revaloriser ces métiers. La nouvelle convention collective obtenue par Ver.di servira comme exemple dans d’autres Länder allemands et qui sait, peut-être même dans d’autres pays où la situation du personnel soignant est tout aussi catastrophique.

Améliorer les conditions de travail des soignants, c’est améliorer le service de l’hôpital public et par ce biais, de la couverture santé du pays. Il est quand même triste que les soignants doivent avoir recours à de telles grèves pour que les responsables daignent enfin se pencher sur les réalités de ces métiers.

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