83% vs. 36%, mais encore ?

Selon une étude, en Europe 83% des femmes ont signalé un problème de santé mentale durant la pandémie, contre 36% des hommes. Mais la faiblesse n’est pas là où on pourrait l’imaginer...

Derrière leurs masques, des sentiments et une humanité qui honorent les femmes. Foto: Kristoffer Trolle / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – La chose était prévisible, mais quand une étude la confirme, se limiter à son constat, ne suffit pas. Il ne s’agit pas là d’une info que l’on capte ou pas parmi d’autres, et sur laquelle on passe en tournant simplement la page. Ces données fournies par des organismes fiables, témoignent de l’état critique de notre société occidentale en termes de rapports femmes – hommes, et laissent clairement entrevoir le long chemin à parcourir.

Selon l‘Indice Headway de Santé Mentale 2023, l’équilibre psychologique des Européens était préoccupant bien avant la pandémie, avec 84.000.000 de personnes (≃ la population de l’Allemagne) souffrant de troubles psychiques et 165.000 décès annuels (≃ la population de Toulon) dus à une pathologie mentale ou au suicide, mais le Covid-19 a affecté différemment le mental des femmes et des hommes.

En 2020, 374.000.000 de troubles anxieux étaient recensés dans le monde, dont 76.000.000 de nouveaux cas causés par la pandémie. De ces derniers, 52.000.000 concernaient des femmes et 24.000.000 des hommes. En Europe, selon l’étude réalisée pour l‘Indice Headway de Santé Mentale 2023, 83% des femmes ont signalé un problème de santé mentale durant la pandémie, contre 36% des hommes. Problème de santé mentale ne signifiant pas exclusivement maladie mentale, précisons-le.

Des chiffres à mettre en lien avec la pression à la fois et physique, affectant la plupart des femmes. A plus forte raison quand elles ont charge de famille, mais pas seulement, car la femme célibataire subvenant seule à ses besoins et supposée totalement libre de toute contrainte, n’est qu’une vue de l’esprit. Par ailleurs, dans une société d’interdépendance, il serait absurde de penser qu’une catégorie de personnes soit totalement imperméable aux variations du contexte.

Mais de cette pandémie, certains s’en sortant mieux que d’autres, il importe de souligner que dans nos pays européens dits développés, si les femmes sont psychiquement plus affectées que les hommes, cela n’a rien à voir avec une prétendue faiblesse mise en avant par les réactionnaires de tous crins. Il serait plus judicieux de regarder du côté du recul des droits des femmes en Europe, notamment à l’Est, de la précarisation d’une partie d’entre elles et surtout de l’inégalité des sexes dans de nombreux domaines.

Les femmes ont tendance à avoir des emplois moins stables que les hommes, leurs carrières sont très souvent discontinues, elles assurent au foyer une très large part des tâches ménagères et endossent beaucoup de responsabilités familiales. Quand à cela s’ajoute le fait que, selon une étude de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) réalisée en 2020, à ce moment-là 41% d’entre elles travaillaient dans les secteurs les plus touchés par la pandémie, il est facile d’établir les liens de causes à effets.

En octobre 2020, une étude de la Confédération Européenne des Syndicats (CES) se basant sur les données Eurostat, révélait qu’au rythme actuel et sans mesures contraignantes, les écarts salariaux entre femmes et hommes ne seront pas comblés avant bien longtemps. Certains pays y arriveront avant d’autres, comme par exemple l’Allemagne dans une centaine d’années et la France dans un millier ! Le Luxembourg et la Belgique devraient y être parvenus à l’horizon 2027/2028, la Roumanie d’ici 2022, mais les salaires y étant très bas, le problème se pose en d’autres termes.

Mauvaise nouvelle pour les machos et phallocrates de tous horizons, dès 2020 il avait été mis en évidence par une étude portant sur 35 pays dont 31 européens, que ceux dirigés par des femmes, ont enregistré six fois moins de décès dus au Covid-19 que ceux dirigés par des hommes. Pourquoi ? Tout simplement parce que lors des dernières années, les pays dirigés par des femmes, ont mis l’accent sur le bien-être social et environnemental, notamment en investissant davantage dans la santé publique.

Il apparaît ainsi clairement de quel côté se trouve la faiblesse psychique, pour ne pas dire la carence d’humanité…

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