A Bischheim, une librairie pas comme les autres

Tribune libre de Hans See sur l'ouverture de « l'Idéodrome » à Bischheim, commune située au nord de la ville de Strasbourg.

La librairie "L'Idéodrome" à Bischheim. Foto: Hans See

(Par Hans See) – Pour le bailleur social Domial, propriétaire du 7 avenue de Périgueux, louer un local commercial longtemps ferm était une opportunité qui ne se refusait pas. C’est ainsi que s’est ouvert Idéodrome, une librairie que beaucoup à Bischheim ne s’attendaient pas à voir en ces lieux. Une première aussi, dans une ville où les commerces de proximité ont le plus grand mal à subsister.

Pour Raimund Foglar, le gérant, choisir la forme de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) ne pouvait que conforter son parti pris d’une efficacité économique doublée d’une dimension sociale. Egalement gérant du Divanoo, un café culturel bien connu des Bischheimois, sa conception d’une librairie comme offre de service d’utilité sociale est sans doute une des réponses à apporter dans des communes où les centre-villes peinent à affronter la concurrence de l’e commerce et des grandes surfaces. Pourtant, trois mois après son ouverture, son pari de l’éclectisme dans des parutions récentes est en passe de devenir un choix gagnant au vu de sa clientèle grandissante.

Faut-il le rappeler, pour un petit commerçant, offrir l’éventail de choix le plus large possible est aussi le moyen qui incite à l’achat cadeau, à l’achat de circonstance… Ces achats que l’on ne fait pas forcément quand on n’a pas l’enseigne adéquate sous la main. Un choix fait par la librairie « Idéodrome » quand elle étoffe un rayon de livres pour enfants, ou quand elle en ajoute un autre dédié à des vins bio soigneusement choisis qui rappellent qu’avant d’être une librairie, le lieu fut pendant longtemps un commerce de vins et spiritueux.

Ouvert le 3 septembre dernier, « l’Idéodrome », s’est déjà constitué une clientèle de fidèles qui trouvent devant des rayons bien garnis matière à faire leurs choix. Ils trouvent aussi avec Isabelle Delavière, une conseillère avertie et attentive à leurs désirs. Des désirs qui orientent largement le choix de références à venir et qui alimentent d’autant le bouche à oreille.

Certes, avec ses 14 m2, la librairie « Idéodrome » ne peut se comparer aux librairies mastodontes des grandes villes ; elle a cependant cette chance d’avoir des surfaces en réserve qu’elle compte bien exploiter pour peu que le lieu devienne une référence locale en matière de lectures choisies. Elle a aussi pour elle d’avoir retenu avec la forme juridique de SCIC, un mode de fonctionnement qui a de quoi répondre aux défis d’une redéfinition de la ville, vécue autant comme usage que comme possession.

Sachant qu’à l’heure où couve une crise de confiance envers le système de représentation, il s’agit plus que jamais de passer d’une démocratie représentative à une démocratie participative et implicative(1). La SCIC Idéodrome est de fait l’un de ces outils permettant de rassembler les acteurs d’une même ambition, avec ce petit plus qui permet d’inviter les collectivités territoriales à participer à son capital.

Bischheim, comme bien d’autres petites villes, est confronté à l’étiolement de son centre, aux devantures qui ferment. Ville la plus pauvre d’Alsace, elle se doit de redonner de l’attractivité à son commerce, à ses services au public, toutes choses qui passent aussi par son implication dans des initiatives locales comme celle de Idéodrome, où le domaine privé rencontre le domaine public pour redonner du sens à la cité.

1. Rémy Lefebvre, Rémy et Dominique Reynié. « Démocratie représentative, démocratie participative ». Paris Éditions de l’Aube 2015

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