A Bullas, l’écologie n’est pas une bulle spéculative

Sous l’impulsion de son « alcadesa » (maire), la ville de Bullas a transformé une décharge publique en poumon vert, et entraîné la population dans une démarche écoresponsable globale.

« Nous sommes caractérisés par une quantité de nature qui n'est pas si normale dans cette partie de la région. » María Dolores Muñoz Valverde. Foto: Jgomez53 / Wikimedia Commons / PD

(Jean-Marc Claus) – Située au nord-ouest de la Région de Murcie, dont elle est une des portes d’entrée, la ville de Bullas se distinguait traditionnellement par sa production viticole. Possédant un musée du vin et située sur une route des vins, la ville attire un tourisme œnologique pouvant venir de loin, car ses productions bénéficient d’une Dénomination d’Origine (DO). Notamment pour son « monastrell », appelé de l’autre côté des Pyrénées « mourvèdre », issu de vignes installées entre 500 et 1.000 m d’altitude.

Offerte par Alphonse le Sage aux Templiers, pour services rendus lors de la Reconquista, Bullas compte aujourd’hui près de 12.000 habitants. Dirigée par une équipe municipale ayant à sa tête María Dolores Muñoz Valverde, élue et réélue maire (alcaldesa) depuis 2015, cette commune de moyenne importance se distingue aussi pour avoir transformé une montagne d’ordures en poumon vert.

Autrefois point noir sur la carte de la ville, et lieu que l’on évitait systématiquement, cette ancienne décharge publique à ciel ouvert, s’est vue comblée, nivelée et reboisée. Aujourd’hui, les habitants de Bullas vont s’y promener pour s’oxygéner, et contempler la végétation qui reprend ses droits. Mais l’engagement écoresponsable de la municipalité ne se limite pas à une action ponctuelle et spectaculaire.

L’écologie n’est pas ici un dogme, promu par une minorité gouvernante, mais une pratique impliquant un maximum de citoyens, issus de différents horizons et de diverses classes d’âge. Inscrite dans le projet européen LIFE, la commune assure le compostage des déchets de taille de la vigne, alors qu’antérieurement, ils étaient souvent brûlés en pure perte. Compost qui alimente des jardins communautaires, l’expérience allant même jusqu’à la plantation de vergers collectifs, dans des espaces précédemment délaissés.

Ouverte depuis l’été 2020, « La Artesa » propose des produits alimentaires frais d’origine locale et cultivés de manière écologique. Cet « ecotienda » (magasin écologique), soutenu par le tissus associatif local, fait la promotion d’habitudes de consommation saines, des circuits courts et du commerce équitable. Selon María Dolores Muñoz Valverde, il est impératif de passer de l’économie linéaire à l’économie circulaire, d’en finir avec le jetable si tôt utilisé.

Dans ce but, le recyclage est par exemple poussé jusqu’au réemploi de matériaux dans le mobilier urbain. La ville est également engagée dans « Reciclos ». Ce système récompense les citoyens qui déposent dans les containers, cannettes en aluminium et bouteilles en plastique. Ils reçoivent, via une application mobile, des points finançant des projets sociaux et environnementaux, comme par exemple ici, la mutation de la décharge municipale en poumon vert.

Quant aux énergies dites vertes, la surproduction des panneaux solaires alimentant les bâtiments publics, permet de réduire la facture énergétique des ménages les plus modestes. Une partie des déchets d’élagage et de taille des vignes, est aussi transformée en pellets. Mais cette révolution ne s’est pas faite en un jour.

Sans la mobilisation de divers acteurs locaux, Bullas aurait toujours sa décharge publique à ciel ouvert. Au nombre de ces leaders, figure María Dolores Muñoz Valverde dont le curriculum vitae en dit long sur son engagement pour sa ville, où elle a commencé à exercer un emploi dans l’administration en 2001. Licenciée en sciences politiques et sociologie, elle est entrée au conseil municipal en 2003, pour jusqu’en 2011, s’occuper du développement durable et du tourisme. Après une pause, le temps d’une mandature, elle en est maintenant à son second mandat de maire, élue en 2015, puis réélue en 2019.

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