A chacun ses priorités…

La Vice-présidente du Bundestag, la Verte Katrin Göring-Eckardt, a pris la mesure des multiples crises actuelles – elle veut engager une « poétesse parlementaire »...

Est-ce que la "poétesse parlementaire" lira aussi du Erich Kästner ? Foto: Thomas P. Meiningen / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Le monde se trouve dans une crise sanitaire incroyable depuis deux ans. A l’est de l’Europe, la Russie affiche des comportements de plus en plus belliqueux. Dans beaucoup de régions du monde, il y a des guerres, guerres civiles, insurrections. Le climat se réchauffe de manière à surchauffer sous peu. En Méditerranée, des réfugiés continuent à se noyer. Partout, un néonationalisme dangereux pointe son nez. Grave ? Oui. Mais la Vice-présidente des Verts Katrin Göring-Eckardt estime, comme le relatent nos confrères de « n-tv », que c’est le moment pour définir d’autres priorités : elle veut engager une « poétesse parlementaire » au Bundestag, comme le proposent trois autres poétesses, qui sont Mithu Sanyal, Dmitrij Kapitelman et Simone Buchholz. Ne riez pas, c’est sérieux.

L’objectif de ce projet est « d’ouvrir un espace discursif entre le parlement et la langue vivante grâce à la poésie ». Yo ! Mais bien sûr ! Comment est-ce qu’on a pu vivre jusqu’alors sans « poétesse parlementaire » ? Mais Katrin Göring-Eckardt reste réaliste : « La poésie ne peut pas remplacer la politique, mais elle peut la traduire, rendre visible l’invisible et exprimer des concepts techniques ». Rien que ça. La Vice-présidente du Bundestag a aussi une idée claire quant au profil de la future « poétesse parlementaire ». Hormis le fait qu’elle doit être une jeune femme, il est également souhaité qu’elle soit de souche turque. Mais quid des poétesses âgées et de souche écossaise ?

La femme politique et ses trois aies poétesses ont puisée leur inspiration aux Etats-Unis. Lors de l’instauration du président américain Joe Biden, la poétesse noire Amanda Gorman avait déclamé un long poème. Bien. Même si la poésie n’a pas pu convaincre Joe Biden d’exceller dans son job, au moins, il y a et il y avait de la poésie dans l’air.

Donc, on s’attend maintenant à des alexandrins qui embellissent l’obligation vaccinale, à des haïkus qui expriment notre indignation concernant le silence de nos politiques face à la torture de Julian Assange, à des sonnets qui condamnent la politique agressive de Vladimir Poutine, le tout rédigée par une « jeune poétesse de souche turque ». Mais peut-être la « poétesse parlementaire » lira aussi des poèmes d’autres auteurs aux députés ?

En principe, l’idée de voir l’expression des visages des députés de l’extrême-droite AfD, lorsqu’ils écoutent une jeune « poétesse parlementaire » de souche turque déclamer des poèmes, pourquoi pas en ouverture et fermeture des séances plénières, mérite attention et soutien.

Les esprits étriqués estimeront qu’il y a des choses plus importantes en ce début 2022 que d’engager une « poétesse parlementaire ». Mais peut-être, Katrin Göring-Eckardt vient de trouver la solution à tous les maux. S’il le faut, la solution se situe exactement au cœur de « l’espace discursif entre le parlement et la langue vivante »…

Et si le monde va droit dans le mur,
nous garderons nos cœurs si purs
et espérons, ce serait sympa,
que demain la paix régnera.

Juste une proposition. OK. Je sors. Bon week-end !

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