A Haguenau, les syndicats avancent leurs pions

Quatre ronds points d’un important axe de circulation et plusieurs croisements furent, à tour de rôle entre Haguenau et Schweighouse/Moder, les cibles de manifestants se livrant à une partie de marelle grandeur nature.

L’usine Schaeffler de Haguenau, un symbole du capitalisme. Foto: JM Claus / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Après la manifestation réussie du samedi 11 février et avant celle du samedi 11 mars, les syndicalistes haguenauviens ont repris les habitudes de 2010 : le matin manifestation à Haguenau et l’après-midi à Strasbourg. Point de rassemblement dès 7 heures, le rond-point situé devant l’usine Schaeffler France, n’avait pas été choisi par hasard. Maria-Elisabeth et son fils Georg, les propriétaires de Schaeffler AG, qui sont des milliardaires figurant au Top Five des fortunes d’Allemagne et d’Autriche, vivent dans un tout autre monde que celui des salariés de leurs différentes filiales.

Ainsi, lorsque lors du rachat de Continental par son groupe en 2008, Georg Schaeffler disait qu’un peu de chance y était aussi pour quelque chose, mais que comme chacun sait, la chance réussit aux courageux (sic), il ne parlait pas du courage de ceux qui se lèvent tôt et créent la richesse, mais du pseudo courage de ceux qui captent cette richesse et la jouent au Monopoly de l’économie financiarisée avec plus ou moins de succès, sans pour autant qu’une mauvaise affaire les mette à la rue, contrairement aux patrons de TPE-PME qui peuvent se retrouver ruinés lorsque les banques leur tournent le dos et/ou la conjoncture économique leur est défavorable.

Damer le pion aux grands patrons et à ce gouvernement qui leur est totalement dévoué, tel était l’objectif entendable au travers des prises de parole, devant au moins 350 manifestants déterminés qui durant plus de quatre heures de déambulation, ont occupé ronds-points et croisements sur la route de Bitche et dans la zone d’activité de Haguenau-Schweighouse/Moder. Aux syndicats CGT, FO, CFDT, CFTC et Solidaires, tous fortement représentés, s’étaient associés une vingtaine d’agents d’Électricité de Strasbourg dont certains en tenue de travail, des citoyens lambda et le groupe local des Loups de la Liberté, se disant apolitique, mais en son temps, opposé au pass vaccinal et de tous temps opposant à Emmanuel Macron.

Foto: JM Claus / CC-BY 2.0

Foto: JM Claus / CC-BY 2.0

La déambulation encadrée par la Police Nationale, les motocyclistes de la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS), la Brigade Territoriale de Gendarmerie et le Peloton de Surveillance et d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (PSIG) de Haguenau, s’est déroulée sans encombres. De l’avis du militant CGT Jean-Michel Delaye, sans aller jusqu’à parler de coopération, les manifestants et les forces de l’ordre ont vécu ce moment en plutôt bonne intelligence. Le but était, selon le commandant divisionnaire de la Police Nationale en charge de l’encadrement de la manifestation, d’éviter tout accident. Ce qui n’est pas simple sur un grand axe de circulation, mais comme le disait fort à propos un militant : « A quoi bon manifester, si on le fait là où ça ne dérange personne ? ».

La plupart des automobilistes et chauffeurs de poids-lourds ont pris leur mal en patience, certains jouant même du klaxon en signe de solidarité. A entendre de nombreux échanges, entre manifestants déambulants et usagers de la route temporairement contraints à l’immobilité, cette réforme des retraites est très largement rejetée par une grande majorité de la population. Ainsi, le mouvement de réprobation est-il visiblement parti pour durer, et le gouvernement qui compte sur son délitement, ferait bien de réviser non seulement sa communication de plus en plus pitoyable, mais surtout les fondamentaux de la devise républicaine du pays.

La liberté n’existe plus que pour les nantis, qui bâtissent leurs fortunes sur les inégalités en faisant jouer la concurrence, pour vivre en toute fraternité dans leurs cénacles de privilégiés. Ainsi, lorsque les salariés revendiquent une vie après le travail, et donc de pouvoir partir à la retraite en bonne santé avec de quoi subvenir à leurs besoins, cela nuit très fortement aux intérêts des actionnaires…

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste