A la veille du plan de relance…

… l'économie française espère malgré tout ! Et Alain Howiller sait pourquoi...

Est-ce que l'économie saura faire face au mur qui se dresse devant elle ? Foto: Richard Mayer / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Par Alain Howiller) – Il n’y a plus, désormais, que quelques jours à attendre avant de connaître les détails du plan de relance que le gouvernement français entend appliquer pour faire face aux conséquences de la crise économique générée par le Covid-19. Le suspense soigneusement entretenu par Bruno Le Maire, le Ministre de l’économie, des Finances et de la Relance, dès les premières semaines de la crise sanitaire, sera donc levé, en principe, lors du conseil des Ministres du 24 Août. Le plan, pour autant qu’on puisse en juger en essayant de synthétiser ce qu’entre annonces et indiscrétions (calculées), on peut déjà en savoir, porterait sur un peu plus d’une centaine de milliards d’euros, qui s’ajoutent aux mesures déjà prises sous la forme notamment de subventions, de mesures fiscales, de prêts (ou de garanties de prêts)…

Le plan financera des mesures pour stimuler l’emploi notamment des jeunes, soutenir les entreprises, requalifier par la formation les personnes privées de travail, favoriser les relocalisations d’industries, aider les ménages en difficulté pour relancer la consommation. La progression de cette dernière comme le retour des investissements dans les entreprises seront déterminantes – on le sait – pour sauver l’emploi et essayer de limiter le « chômage massif » qui – à tort ou à raison – est annoncé.

Les sondages et l’inquiétude des Français. – Alors qu’il y a quelques semaines, la peur du coronavirus était largement en tête des préoccupations des Français, les derniers sondages (IFOP pour le « Journal du Dimanche – JDD ») font état d’une évolution dans l’opinion : 53% des sondés s’inquiètent toujours pour leur santé et pour celle de leurs proches à l’heure où on enregistre une nouvelle progression du virus, mais 87% d’entre eux sont inquiets des conséquences économiques de la pandémie. Et si seuls 41% font confiance au gouvernement pour faire face au coronavirus, ils sont une courte majorité (53%) à penser que les pouvoirs publics sont capables d’aider les entreprises en difficulté. Ce qui est relativement rassurant, c’est que 53% des chefs d’entreprises partagent, eux aussi, cette opinion. C’est dire avec quelle attention seront analysées les options dégagées par un plan de relance qui, pour la plupart des observateurs, a mis bien du temps pour être cadré alors que l’économie française aurait perdu un peu plus de 500.000 emplois depuis le début de cette année. Le tout dans l’attente des conséquences sur l’emploi que la crise sanitaire pourrait générer.

Compte tenu des difficultés à définir, l’impact réel qu’aura la crise sur l’économie, les prévisions sont, à vrai dire, difficiles à établir ; d’autant qu’elles sont trop souvent hypothéquées par des préoccupations politiques – souvent électoralistes – qui, à la lecture des chiffres, génèrent des commentaires qui mériteraient… d’être davantage pesés ! « Nous ne sommes pas impuissants face à la crise », commente Bruno Le Maire qui, prudent, n’oublie jamais de préciser, alors même que l’économie française donne des signes de reprise depuis juin : « L’avenir est plus que jamais incertain, beaucoup de chiffres dont nous allions débattre dépendent d’une reprise ou non de l’épidémie. »

Le faux optimisme allemand. – Pour son collègue allemand Peter Altmaier, Ministre des Finances, les choses sont apparemment claires : « Je suis convaincu », dit-il, « que nous serons en mesure de stopper la chute après la coupure de l’été, et que l’économie allemande va renouer avec la croissance au plus tard en octobre ! » Le Président de la Fédération de l’Industrie allemande lui répond : « Je ne vois pas de rebond à l’automne… » Et Eric Schweitzer, Président de l’Association des Chambres de Commerce et d’Industrie, constate (Le Monde du 14.08.2020) : « 40% des entreprises ont des problèmes de trésorerie et 10% se disent menacées d’insolvabilité. Une gigantesque vague de faillites est à craindre à l’automne. Personne ne sera surpris de constater qu’un discours de même orientation règne en France. Alors, pessimisme ou réalisme ? »

En France, l’INSEE a publié des chiffres qui semblent plutôt moins dramatiques que redoutés ! L’institut de la statistique a relativisé en précisant : « Compte tenu des marges d’imprécision (note de la rédaction : marges liées au confinement qui n’a pas permis aux éventuels chômeurs de se faire enregistrer), ces résultats doivent être interprétés avec prudence… »

Quand le « Grand Est » relativise ! – Pour la deuxième fois depuis la crise sanitaire, l’INSEE se voit contraint « d’invoquer des indicateurs en trompe-l’œil. Reste que, interrogé par la Banque de France, un panel de chefs d’entreprises a pu constater que « à l’échelle nationale, l’activité continue de se redresser en juillet dans l’industrie comme dans les service et le bâtiment, mais à un rythme moins rapide que le mois précédent. L’activité demeure dans l’ensemble significativement en deçà de son niveau d’avant crise, mais avec une forte hétérogénéité entre les secteurs. Les perspectives pour le mois d’août font ressortir une stabilité ou une légère progression de l’activité. Le scénario d’une reprise en « aile d’oiseau » se confirme donc, avec une première phase de rebond marqué de l’activité à la faveur du déconfinement suivie d’une deuxième phase de reprise plus lente. »

Dans le Grand Est, l’enquête mensuelle de la Banque de France (direction de Strasbourg), note : « Augmentation de la production en juillet. Carnets de commande en deçà de la normale. Croissance de l’activité industrielle et des effectifs pour le mois à venir. Accroissement de la demande et de l’activité pour les services marchands. A court terme, orientation favorable avec un courant d’affaires en progression et quelques recrutements. Dans leurs prévisions pour ce mois d’août, les chefs d’entreprise du secteur « industrie » anticipaient, en Juillet, une légère amélioration et dans les services marchands, on s’attendait à une stabilité de l’activité. »

Qu’en  sera-t-il dans la réalité ? Le traditionnel rendez-vous de la Foire Européenne de Strasbourg (la 88ème du nom !) devrait permettre, lors de son inauguration le 4 Septembre, de dresser, au delà du bilan de l’été, les perspectives pour cette année. Pour autant, bien sûr, que qu’une reprise éventuelle du Covid-19 ne remette pas en cause l’événement !

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