A Lisbonne : du pain et des emplois !

La freguesia (paroisse) de Benfica, à Lisbonne, ne manque pas d'immeubles tels que ceux de la rue du Venezuela. Foto: Threeohsix / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Dans la « Freguesia » (paroisse) de Benfica, à Lisbonne, se trouve le « Bairro » (quartier) de Boavista, un quartier populaire souvent stigmatisé par le reste de la ville. Depuis le mois d’octobre, une expérience communautaire ambitionne de fournir du pain et de la pizza aux habitants relégués dans leur quartier, à l’instar des banlieusards parisiens où des résidents des quartiers Nord de Marseille. Cette expérience est planifiée initialement sur trois mois, mais appelée à se pérenniser.

L’idée remonte à quatre ans avec la création d’une cuisine communautaire distribuant des repas chauds. Pour Carla Rothes (PS), l’élue du Conseil Paroissial (Junta de Freguesia) responsable des droits sociaux, c’est en partant des besoins des habitants que cette boulangerie est née. Son but n’est pas de faire du business, dit-elle, mais d’assurer un service à la communauté, ainsi que de collecter de l’argent qui sera réinvesti dans les besoins sociaux et sanitaires du quartier.

Des bénévoles y travaillent avec un boulanger et un aide-boulanger salariés. Le premier objectif est de fournir du pain aux écoles et aux cafétérias gérées par le Conseil Paroissial, ainsi qu’aux habitants du quartier. Ce qui est déjà une très bonne chose en soi. Mais il y a un second objectif encore plus ambitieux : la formation de jeunes en coordination avec l’Institut de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (IEPF), afin d’augmenter leurs chances de trouver du travail. Ce qui s’avère d’autant plus nécessaire dans un quartier où le taux de chômage de 15% avant la pandémie de Covid-19, atteint maintenant les 35%.

Pour les résidents ne pouvant pas se déplacer, des livraisons à domicile sont assurées. L’association de quartier a vraiment à cœur d’assurer un service à la personne, et selon sa présidente Anabela Rebelo, c’est aussi pour cela qu’elle ambitionne de pratiquer des prix en dessous des cours du marché. Il règne d’ailleurs dans cette boulangerie une ambiance à la fois très professionnelle et très associative.

Ce projet fait partie des 37 projets retenus cette année par la ville de Lisbonne sur les 131 déposés, dans le cadre du programme BIP/ZIP (Bairros e Zonas de Intervenção Prioritária), auquel elle consacre 1,6 millions d’euros. Ce projet d’un budget de 50.000€ emploie, avec la cuisine communautaire, trois salariés dont l’association de quartier compte bien pérenniser les contrats. Il ne s’agit pas là de faire du social pour acheter la paix sociale, mais d’assurer un service répondant aux besoins des habitants du quartier, tout en donnant des perspectives d’avenir à des jeunes.

Le programme BIP/ZIP a été lancé en 2010 à Lisbonne, quand un certain António Luis Santos da Costa en était le maire. Devenu Premier Ministre, il veut l’étendre à l’ensemble du pays. Dans l’esprit de la démocratie participative, il soutient les projets venant de la société dite civile, au sein même des quartiers en souffrance où résident 25% des habitants de la ville sur 8% de son territoire. La mobilisation des énergies citoyennes s’avère payante quand la mairie apporte un soutien technique et financier. En dix ans, 14,1 millions d’euros ont été investis dans 300 projets en direction de 143.000 habitants. Certains projets ont pris leur envol grâce à ce coup de pouce municipal et sont parvenus à s’autofinancer pour durer. Gageons qu’il en soit ainsi pour la boulangerie communautaire de Boavista.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste