A quand des Sanfermines sans sang ?
Après deux années d’annulation, les fêtes de la San Fermin ont fait de nouvelles victimes à Pampelune.

(Jean-Marc Claus) – Les Sanfermines, Fêtes de la Saint Firmin célébrées traditionnellement du 6 au 14 juillet dans la capitale de la Communauté Forale de Navarre, avaient pâti de la pandémie de Covid-19 ces deux dernières années, mais l’édition 2022 n’a pas manqué de faire à nouveau des victimes. Victimes du côté des taureaux, car Pampelune demeure un des hauts lieux de la corrida, et aussi du côté des fêtards, car les lâchers de taureaux dans les rues, ne vont pas sans quelques blessures parfois même très graves.
Victimes humaines dont les journaux ont rapporté les déboires, mais que nombre d’intervenants sur les réseaux sociaux ne plaignent pas et parfois même fustigent. Il est à ce propos intéressant de suivre les commentaires faits sur les comptes Facebook des grands médias espagnols, à propos des articles relatifs aux dommages corporels causés à des tiers par des taureaux lors des Sanfermines.
Les tenants de la tradition, se font laminer par non seulement les anti-corrida militant pour une fête sans maltraitance envers les animaux, mais aussi les mesdames et messieurs toute-le-monde, trouvant que le coût des soins découlant de tels « accidents », n’aurait pas à être supporté par la Securidad Social. Un argument revenant très souvent, qui n’est pas dénué de bon-sens car pourquoi, tous devraient-ils être financièrement solidaires des dépenses de santé nécessaires pour soigner quelques pékins s’exposant volontairement et inutilement à un danger ?
Évidemment les libertaires de tous crins s’associeront toujours aux pro-corrida de tous poils, pour défendre la liberté individuelle. Ce qui, au nom de grands principes, créé un écran de fumée faisant ainsi totalement abstraction des questions pratiques relatives à la prise en charge du coût des conséquences de ces prises de risque. Vous filtrez le moucheron et avalez le chameau, disait, il y a deux mille ans, le fils du charpentier palestinien, invectivant alors les scribes et les pharisiens…
Pourtant, des Sanfermines sans le sang des taureaux et des humains, ça pourrait être tellement bien, car la fête dépasse le prétendu art tauromachique. Avec trois millions de visiteurs avant la pandémie de Covid-19, cet événement festif était considéré comme le troisième au monde, après le Carnaval de Rio de Janeiro et l’Oktoberfest à Munich. Mais dans aucune de ces deux fêtes, où les excès en tous genres sont coutumiers, ne sont sacrifiés des animaux au nom de coutumes barbares.
Remontant au Moyen-Âge comme les Sanfermines, la tradition tauromachique avait pour initial dessein de distraire la noblesse. Le peuple navarrais du XXIème siècle, doit-il nécessairement continuer à faire preuve d’autant de stupidité et de cruauté, que la noblesse médiévale ? Au temps des Jeux Intervilles, de 1962 à 2009, il s’y déroulait toujours des courses de vachettes, qui garantissant le spectacle, mais ne faisaient pas couler de sang.
Évidemment, ceci avait bien moins d’allure que l’encierro, matinale course des taureaux des Corrales de Santo Domingo (enclos) jusqu’à huit cent mètres plus loin, la Plaza de Toros de Pampelune (arènes), où l’après-midi, ils sont torturés et mis à mort devant une foule en délire pouvant s’élever à près de 20.000 individus. Moins d’allure, quand on se place dans une perspective de suprémacisme humain sur la nature et les animaux, or c’est bien en cela que réside un élément essentiel de la problématique.
Les bouleversements du climat, causés par notre activité très largement inscrite dans une logique de profit, nous renvoient de plus en plus à notre fragilité face aux éléments naturels que nous déclenchons. Mais visiblement, ce n’est pas suffisant, car nombre de nos semblables se conduisent comme s’ils étaient les seigneurs d’un monde, dont ils ne sont en réalité que les sujets…
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