A quand, une «Stratégie Allemagne» pour l’Alsace ?

La visite de la Ministre-Présidente de la Sarre, Annegret Kramp-Karrenbauer, donne à réfléchir – pourquoi est-ce que la Sarre affiche plus d’audace dans le franco-allemand que nous ?

La Ministre-Présidente de la Sarre, Annegret Kramp-Karrenbauer, montre la voie. Est-ce que le Rhin Supérieur suivra ? Foto: Claude Truong-Ngoc / Eurojournalist(e)

(KL) – Après la présentation de la «Stratégie France» par Annegret Kramp-Karrenbauer, l’audience dans l’Hémicycle de la Maison de la Région Alsace restait bouche bée. Est-ce que cette stratégie qui vise une véritable intégration entre la Sarre et ses voisins lorrains et mosellans est trop belle pour être vraie ? Non, elle est bien réelle, comme l’a confirmé le Dr. Weber, chef de la Fédération Européenne des CCI – «dans le monde économique, nous sommes enthousiastes et portons ce projet de concert avec les instances politiques», déclarait-il.

Et en Alsace ? «Si, si», expliquait le Président de la Région, Philippe Richert, «dans le cadre du projet ‘Alsace 2030’, nous avons défini des objectifs comparables.» Vraiment ? La différence entre la Sarre et l’Alsace, à l’heure actuelle, c’est que la Sarre a dépassé le stade de la discussion. Après avoir préparé cette stratégie, les responsables sarrois ont pris le soin de faire valider ce projet par 730 (!) individus, associations, fédérations, initiatives – pour s’assurer que cette perspective franco-allemande soit réellement portée par tous les piliers de la société. Depuis, c’est la mise en œuvre.

Les sujets entre la Sarre et ses voisins lorrains et mosellans, sont en large partie identiques que ceux entre l’Alsace et ses voisins badois et palatinois. Marché de l’emploi et de la formation, apprentissage de la langue du voisin, faciliter les échanges économiques, protection de l’environnement – tout cela se ressemble et c’est logique. Mais ce qui diffère, c’est l’approche. La Sarre a décidé de se lancer, tout en proposant aux différents partenaires potentiels de se joindre à ce projet, à condition bien sûr, d’adhérer aux contenus. Chez nous, on discute aussi longtemps que nécessaire avec 150 partenaires potentiels et ce, jusqu’au moment où plus personne n’a envie d’intégrer un projet devenu trop administratif.

Autre différence – en Alsace, en ce qui concerne les projets, on aime bien les développer, à condition que quelqu’un d’autre effectue le travail. Ainsi, il est facile de demander à tout le monde de faire des efforts dans le domaine du plurilinguisme – en Sarre, les exigences incluent les administrations. Car pour réaliser l’objectif ambitieux d’introduire le Français comme deuxième langue officielle en Sarre d’ici 2043, il faut d’abord faire en sorte à ce que l’ensemble des fonctionnaires du Land soit au moins bilingue. Car si les citoyens ont la possibilité d’effectuer leurs démarches administratives dans les deux langues, cela implique que les fonctionnaires puissent aussi les traiter dans les deux langues. Donc, en Sarre, on réfléchit à ce que l’on peut faire au lieu de discuter de ce que les autres pourraient bien faire. Nuance.

En suivant l’exemple de la Sarre, toutes les sous-régions de la nouvelle grande région de l’est de la France, ainsi que les régions frontalières en Allemagne, devraient développer leur propre stratégie. Les régions françaises devraient travailler sur une «Stratégie Allemagne», les régions en Pays de Bade et en Rhénanie-Palatinat sur leur version de la «Stratégie France». A moins d’adhérer immédiatement à cette magnifique initiative inventée par la Sarre. Après tout, Annegret Kramp-Karrenbauer a invité toutes les forces vives de notre nouvelle grande région transfrontalière à participer à cette aventure. Ce qui éviterait que tout le monde se mette maintenant à réinventer la roue. Et finalement, puisque la Sarre a pris une avance considérable dans cette démarche, il ne serait pas honteux d’admettre qu’ils y étaient plus rapides et de prendre la main que la Sarre tend actuellement à toute la région.

Le document de la «Stratégie France» peut être téléchargé sur le site de la FEFA.

2 Kommentare zu A quand, une «Stratégie Allemagne» pour l’Alsace ?

  1. Antoine Beyer // 27. Januar 2015 um 14:11 // Antworten

    Cette démarche volontaire et fédératrice est évidemment un mouvement auquel les élus et la population alsacienne doivent se joindre le plus largement possible. Doivent aussi y adhérer les recteurs et les académies concernées.

  2. Yveline MOEGLEN // 27. Januar 2015 um 14:35 // Antworten

    Dingue…. !!!!!!!!!!!
    Pour une réunion aussi importante !!!! à STRASBOURG …. Je n’ai pas vu un seul élu de la ville de STRASBOURG , ni vu … ni entendu …. Y aurait pourtout eu de quoi dire … !!!
    Même pas de conseillers régionaux strasbourgeois pouvant éventuellement représenter STRASBOURG ….
    INCROYABLE … MAIS VRAI !!
    Quel désintérêt …..!!

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