A qui profite le crime ?

Le mouvement des « gilets jaunes » vire de plus en plus vers un extrémisme cherchant à organiser un coup d'Etat. Vous avez dit « apolitique » ?

Mais pas comme ça... Foto: ScS EJ

(KL) – Le magazine allemand « Cicero » l’a écrit de manière simplifiée : « Le jaune est le nouveau brun », et en vue des soutiens qui se forment autour des « gilets jaunes », cela se confirme de plus en plus. Pendant qu’en Allemagne, la « Pegida », l’AfD et le « Mouvement Identitaire » se rangent derrière les « gilets jaunes », des organisations ouvertement anticonstitutionnelles et antirépublicaines sortent de leurs trous aussi en France.

Les « gilets jaunes », au départ un mouvement « ras-le-bol », est devenu la plate-forme pour les extrémistes de toutes couleurs qui ont comme dénominateur commun la volonté de renverser l’ordre étatique, d’instaurer une dictature populaire et qui, pour le reste, sont antisémites, anti-médias, anti-tout. Les « gilets jaunes » se trouvent maintenant devant un choix cornélien. Attendre de voir comment la situation va évoluer, cela revient à abandonner sa lutte aux extrémistes. Ejecter les extrémistes du mouvement, cela revient à s’affaiblir soi-même. Pas facile comme situation.

Quand on est soutenu par l’AfD, la « Pegida » et le « Mouvement Identitaire » allemands, il convient de se poser des questions. Ces organisations affichent ouvertement leur proximité avec des groupes de l’ultra-droite et même néo-nazis ; et le fait que ces groupes se reconnaissent dans les « gilets jaunes » français donne à réfléchir. Mais ce soutien de l’extrême-droite allemande (soutenue à l’occasion aussi par la déclinaison allemande de Jean-Luc Melenchon, Sahra Wagenknecht…) ne représente que ce qui se passe à l’étranger. En France aussi, les extrémistes se battent entre eux pour pouvoir récupérer le mouvement des « gilets jaunes » qui lui, semble totalement dépassé par les événements.

Ainsi, on entend à nouveau le « Conseil National de la Transition » (CNTF), un groupuscule ayant déjà appelé au putsch en 2015 et qui s’autoproclame sur son site Internet « seule autorité légitime de France depuis sa proclamation le 18 juin 2015 ». Le CNTF qui se considère comme le « gouvernement en exil » de la France fait des pieds et des mains pour trouver sa place au sein des « gilets jaunes », multiplie les appels aux manifestations à Paris, et est allé jusqu’à publier un « mandat d’arrêt » à l’encontre d’Emmanuel Macron.

Les « gilets jaunes » ne pourront pas maintenir leur position actuelle qui est de dire « nous, en province, on est les gentils qui ne font pas mal à une mouche, nous n’avons rien en commun avec les casseurs de Paris », tout en appelant à aller manifester aussi le week-end prochain à Paris, sachant comment cela risque de se passer. On ne peut pas s’affranchir de la responsabilité des événements à Paris en disant « c’est eux et pas nous », tout en faisant circuler des messages sur les réseaux sociaux qui appellent ouvertement à l’insurrection et la guerre civile. Les « braves gilets jaunes » forment le terroir où pousse la violence ; et en favorisant cette évolution, ils portent une énorme responsabilité dans ce qui se passe.

A partir du moment où on porte le même uniforme, on est co-responsable des actes commis par d’autres qui portent le même uniforme. Il faut que les « gilets jaunes » se décident : est-ce qu’ils veulent être force de proposition, interlocuteurs du gouvernement et initiateurs de changements démocratiques, ou est-ce qu’ils veulent continuer à créer le contexte pour une guerre civile ? Si c’est la guerre civile qu’ils veulent, il suffira de continuer comme maintenant. S’ils veulent vraiment déclencher des changements et des progrès sur le plan social, ils n’auront d’autre choix que de se structurer le plus rapidement possible, de changer de discours et d’accepter le dialogue qu’ils avaient réclamé pendant la première semaine des émeutes, avant de le refuser pendant la deuxième semaine.

Le pays est aujourd’hui fractionné. Plus personne ne pourra faire fi de la partie sensée des revendications sociales comme l’augmentation du SMIC, une retraite décente, une taxation plus juste ou encore l’objectif « zéro SDF ». Ces revendications sont maintenant portées par la quasi-totalité des partis politiques, et dans cette situation, il suffit d’adopter un comportement constructif pour obtenir de vrais progrès sociaux. En revanche, si les « gilets jaunes » continuent à se faire des câlins avec les extrémistes de droite et de gauche, les antisémites, les xénophobes, les anti-républicains et les ennemis de la France, ils se disqualifieront comme force de proposition et fourniront la justification au gouvernement de couper court manu militari à ces agissements.

En même temps, le « gilets jaunes » réveillent dans d’autres pays européens les pires des cauchemars. En Belgique, des « gilets jaunes » ont dénoncé des réfugiés à la police, en Allemagne, les néo-nationalistes de la « Pegida » déclarent leur soutien aux « gilets jaunes », sans qu’on ait entendu qui que ce soit en France refuser poliment ce « soutien » qui n’est autre qu’une récupération brune. Les extrémistes se rangent maintenant derrière les « gilets jaunes » en espérant pouvoir percer sur le fond d’une grogne populaire.

Apolitique ? Non, les « gilets jaunes » sont tout sauf apolitiques. Ils se transforment en vivier pour tous ceux qui voudraient abolir l’état de droit pour instaurer une dictature populaire, anti-démocratique, violente et anti-républicaine. Si les « gilets jaunes » ne réagissent pas immédiatement en éliminant tous ceux qui veulent semer la terreur dans les rues européennes, il faudra alors accepter qu’ils soient considérés comme des ennemis de l’Etat et  traités comme tels. Ce qui serait bien dommage, car du coup, il n’y aurait plus personne pour porter la partie justifiée des revendications. Et une chose est sûre – après les « gilets jaunes », aucun des partis qui tentent actuellement de récupérer ce mouvement ne bougera le moindre doigt pour les démunis en France. Ils avaient 40 ans pour le faire, ils ne l’ont pas fait et ce n’est pas maintenant que les RNLRUDIPS s’y mettront.

Ou est-ce que quelqu’un pense sérieusement que la France se porterait mieux si elle était dirigée par des « Pegida », des « CNTF » ou les casseurs des cités ?

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