A quoi joue AKK ?
La successeur désignée d'Angela Merkel, Annegret Kramp-Karrenbauer, essaye de se positionner. Et ce, très maladroitement.
(KL) – Suivre les pas d’une Angela Merkel, ce n’est pas facile. Ni au niveau national, ni encore moins sur la scène internationale. La successeur désignée de et par Angela Merkel, Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK), cherche ses marques, mais elle perd du terrain. Sa réponse aux propositions d’Emmanuel Macron est surprenante et ne fait qu’annoncer des nuages sombres sur les relations franco-allemandes. Dans une tribune parue dans la « Welt am Sonntag », la chef de la CDU rejette bon nombre des propositions du président français, en dessinant sa propre version d’une Europe future aux couleurs allemandes. Décevant.
Normalement, c’est la chancelière Angela Merkel qui aurait du répondre à la lettre du président français. Mais non, Angela Merkel ne fait plus vraiment partie du paysage politique allemand et sa successeur semble avoir du mal à se forger une image à la hauteur de la mission de future candidate à la chancellerie. Sur le plan national, Annegret Kramp-Karrenbauer est largement contestée par le SPD, suite à des dérapages lors de ses sorties carnavalesques où elle s’était moquée des personnes transgenres sur le ton d’un « Stammtisch ». L’ancienne ministre-présidente de la Sarre, pourtant connue pour ses visions franco-allemandes et européennes, essaye maintenant de se profiler en donnant des leçons à Emmanuel Macron.
Sous le titre « Faire l’Europe correctement », elle dissèque les propositions d’Emmanuel Macron dans sa tribune de la « Welt am Sonntag », surtout les mesures sociales proposées par Emmanuel Macron. Un salaire minimum européen, c’est njet. Le problème du populisme ? Pas grave, il ne faut pas y faire attention, mais « se mettre au travail ». Difficile de faire plus plat.
Aucune mention d’un budget pour la zone euro, mais des slogans entendus mille fois. Il faut protéger les frontières extérieures, augmenter la « capacité d’action en ce qui concerne la migration, le changement climatique, le terrorisme ou les conflits internationaux » – sauf qu’AKK omet d’expliquer comment elle veut y arriver, surtout dans la mesure où elle défend cette Europe intergouvernementale qui elle, est totalement paralysée sur tous les grands dossiers.
Et AKK s’attaque aussi à Strasbourg. – La dirigeante de la CDU veut abolir le siège du Parlement Européen à Strasbourg, tout en montrant qu’elle ne connaît pas bien le dossier. Dans sa tribune, elle parle du « siège secondaire du Parlement Européen à Strasbourg » qu’il convient de fermer, ignorant visiblement que les Traités Européens ne prévoient précisément qu’un siège pour le Parlement Européen qui n’est pas Bruxelles, mais Strasbourg.
AKK peut s’imaginer, comme elle écrit, que l’Union Européenne se dote d’un « budget d’innovation » pour la recherche, le développement et les nouvelles technologies. Peut-être ses conseillers devraient-ils lui indiquer que l’Union Européenne finance tous les ans environ 8000 de tels programmes avec un formidable succès.
La réponse d’AKK sur les propositions du président français n’en est pas une. Il s’agit plutôt d’une tentative maladroite d’exister en dehors de l’ombre énorme que lui fait Angela Merkel. Mais avec sa tribune dans « Welt am Sonntag », elle a surtout montré qu’elle ne connaissait pas très bien les dossiers européens, qu’elle n’a pas vraiment de vision européenne. Et peu à peu, elle est en train de perdre le crédit qui lui était accordé après sa mutation de Sarrebruck à Berlin. C’est étrange, Angela Merkel n’est pas encore partie, mais déjà, elle manque…
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