A Strasbourg et ailleurs – les Kurdes fêtent leur succès électoral

La Turquie a voté et elle a dit «non» à une sorte de «dictature présidentielle» dont rêvait Erdogan. La formation du nouveau gouvernement turc risque d’être compliquée.

Les Kurdes vivant à Strasbourg ont fêté le succès du HDP qui entre pour la première fois au parlement turc. Foto: Claude Truong-Ngoc / Eurojournalist(e)

(KL) – Deux tiers des sièges dans le nouveau parlement turc, tel était le rêve de Recep Tayyip Erdogan – car une telle majorité lui aurait permis d’opérer un changement de la constitution turque pour donner un pouvoir démesuré au président. Mais les Turcs n’en voulaient pas – son parti, l’AKP, a perdu environ 8% des votes et ne pourra pas gouverner seul. Après avoir mené une campagne diabolisant les concurrents politiques, il sera difficile pour l’AKP de trouver un partenaire de coalition. A Strasbourg, la population kurde a fêté le succès de son parti HDP qui lui, totalise 12,65% des votes et fait, pour la première fois, son entrée au parlement avec 80 sièges.

Le soir des élections, tout le monde semblait être content. Malgré le score de 40,94%, le chef de l’AKP Ahmet Davutoglu a parlé d’une «victoire héroïque», mais si l’AKP reste le parti le plus fort, il ne sera pas en mesure de former un gouvernement sans partenaire de coalition. Il n’y a que peu de chances à ce que les trois autres partis présents au parlement turc acceptent un gouvernement minoritaire – par contre, théoriquement, le CHP (parti nationaliste), le MHP (également nationaliste) et le HDP pourraient former un gouvernement en excluant l’AKP du pouvoir. Ce qui risque de déclencher une véritable crise institutionnelle en Turquie.

Est-ce que la Turquie, après 12 années de gouvernement de l’AKP, veut retrouver le chemin de Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne et laïque ? Depuis des années, Erdogan et l’AKP orientent le pays en direction d’un état à forte connotation religieux et en vue de ce qui se passe à proximité immédiate de la Turquie, en Syrie par exemple, les Turcs n’avaient plus envie de poursuivre sur une voie donnant trop d’influence aux imams.

Les partis disposent maintenant de 45 jours pour former un nouveau gouvernement – si cela s’avère impossible, des élections anticipées pourraient en être la conséquence. De nombreux observateurs estiment qu’Erdogan soit capable de faire voter les Turcs autant de fois que nécessaire pour obtenir gain de cause – un danger que seuls les trois autres partis pourraient déjouer.

Pour les Kurdes, le résultat du HDP constitue une joie suprême – cette représentation politique valorisera en effet la minorité kurde en Turquie et pourra contribuer à assurer la sécurité des Kurdes, souvent la cible d’attaques de toute sorte, tout en espérant que cette évolution des choses puisse mettre un terme aux agissements de groupes comme le PKK et d’autres, ce qui constituerait un pas énorme vers la pacification interne de la Turquie.

Souhaitons donc à la Turquie qu’elle puisse constituer son nouveau gouvernement sereinement – et sans confrontations violentes comme avant les élections.

1 Kommentar zu A Strasbourg et ailleurs – les Kurdes fêtent leur succès électoral

  1. Yveline MOEGLEN // 10. Juni 2015 um 0:28 // Antworten

    La Turquie change… et se démocratise…. La laïcité s’installe peu à peu et « les jeunes » sentent qu’ils ont un réel avenir… !
    Les citoyens souhaitent un gouvernement de coalition et se passionnent pour la politique de leur pays et la gouvernance de leurs communes..
    Ces élections ont une grande importance face à l’occident qui s’essouffle et à l’orient qui cherche une stabilité …..

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