A Strasbourg, le Président du «Grand Est» assume ses priorités !

Alain Howiller commente le bilan du « Grand Est » après 8 mois de son existence. Force est de constater qu’il serait difficile de dénouer ce que les régions ont noué en peu de temps.

Après que le logo du "Grand Est" n'ait pas suscité de l'enthousiasme, le drapeau du "Grand Est" pourrait se présenter ainsi... Foto: SiBr4 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Par Alain Howiller) – « On n’a pas chômé », c’est avec ce constat proche de l’autosatisfaction que Philippe Richert, Président de la Région du Grand Est, a commenté l’activité des équipes -élus et agents confondus- de la région « Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine » depuis le 1er Janvier, date d’entrée en fonctions de la nouvelle institution régionale. Un constat qui ne laissera pas d’interpeler ceux qui espèrent toujours que l’Alsace retrouvera son statut d’avant la réforme territoriale grâce à la remise en cause du « Grand Est ». A quoi pourra aboutir dans ces conditions la campagne « Rendez-nous l’Alsace » lancée par le député-maire de Molsheim, par ailleurs Président des Républicains du Bas Rhin, Laurent Furst ?

D’après Philippe Richert, qui s’est rallié à la nouvelle candidature de l’ancien président aux élections présidentielles de 2017, Nicolas Sarkozy, qui s’était juré de mettre en question la réforme des régions, a mis de l’eau dans son vin : il ne provoquera pas une remise en cause des structures mises en place par la majorité de François Hollande, mais il consultera et procèdera éventuellement à des adaptations qui seraient souhaitées !

Pas de « guerre des sièges » ! – Et le Président de la Région Grand Est de rappeler, lors d’un déjeuner presse à Strasbourg, que la grande région de l’Est, qui vient de se doter d’un logo qui ne soit pas seulement « un effet d’image », s’est donnée un nom « qui n’a pas suscité de regrets ou d’oppositions fondamentales », n’a pas été victime de la guerre des sièges (Strasbourg, Metz, Chalon) que beaucoup attendaient.

L’organisation des services a été menée à bien sans difficultés et sans effet de frein sur les actions engagées. Le budget 2016 a été approuvé alors qu’il s’agissait de rapprocher les budgets des trois anciennes régions désormais fusionnées, la territorialisation des agences régionales (répartition entre une vingtaine de villes) a été définie, sur la base du volontariat, sans que cela ne provoque des déménagements ou contribue à la désertification des territoires. Les contrats de plan « Etat-Régions » ont été fusionnés au niveau de la Grande Région : ils définissent notamment les interventions financières de l’Etat jusqu’en 2020.

Le « transfrontalier » préservé ! – Il reste du travail à faire pour parfaire la mise en place du « Grand Est » : les politiques régionales d’intervention seront toutes adaptées à la grande région : certaines auront été définies d’ici à la fin de l’année (interventions dans les domaines de l’agriculture ou du sport), l’objectif étant que toutes les politiques soient à la mesure de la « grande région » au plus tard le 1er Juin 2017 (après les élections présidentielles et… avant que ne soient connus les résultats des élections législatives). Les représentations régionales à Bruxelles seront fusionnées en un seul siège ouvert éventuellement aux régions frontalières voisines (comme c’est déjà le cas de la Sarre accueillie au siège de l’Alsace dans la capitale belge).

Car la politique transfrontalière, dans ce Grand Est grand comme deux fois la Belgique et qui a frontière commune avec quatre  « voisins étrangers » (Allemagne, Belgique, Luxembourg et Suisse), le transfrontalier ne saurait être oublié : au début de 2017 sera organisé un séminaire consacré à cette question. La rencontre réunira les représentants des régions françaises et étrangères concernées. Il s’agira d’échanger et de définir de nouvelles lignes d’action à l’échelle de la nouvelle structure française. Le Bade-Wurtemberg vient déjà de financer une étude sur l’impact des nouvelles structures sur l’activité transfrontalière : l’étude -dont on ne connait pas encore les conclusions- a été réalisée par le « Deutsch-Französisches Institut-DFI » de Ludwigsburg qui organisera aussi en octobre, un séminaire sur le « transfrontalier », séminaire au cours duquel interviendra Philippe Richert !

La « taxe Richert » abandonnée. – Dans le domaine des actions proches, le « Grand Est », dont certaines composantes ont une forte activité agricole, présentera à la fin de ce mois de Septembre la politique agricole qu’elle entend mener lors des cinq années à venir : il interviendra à hauteur de 850 millions non pas sur la crise (qui relève de l’état), mais sur des évolutions structurelles susceptibles de restaurer la compétitivité des activités agricoles. A propos de la crise, Philippe Richert estime qu’en Alsace, 10 à 15% des exploitations sont menacées : que se passera-t-il si elles ferment et si elles jettent, en quelque sorte, les terres exploitées sur le marché ? Ne faudra-t-il pas donner aux « sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural – SAFER » les moyens d’acheter ces terres en attendant de les rétrocéder à des agriculteurs intéressés ?

Les activités nouvelles confiées aux régions nécessiteront, estime le Président du Grand Est par ailleurs Président de «  l’Association Française des Régions (AFR) », de nouveaux moyens financiers que l’Etat, dont dépendent les ressources des régions, dote ces régions de nouveaux moyens : Richert en profite pour signaler que Manuel Valls (qui sera à Strasbourg le 2 Septembre pour inaugurer a la 84ème Foire Européenne de Strasbourg dont l’invitée d’honneur sera la Tunisie) a renoncé à faire percevoir par les régions un impôt nouveau sous la forme de ce que certains avaient déjà baptisé…. « taxe Richert » ! (voir eurojournalist.eu du 17 Août). Et Richert d’ouvrir une piste : celle de l’affectation aux régions d’une partie de la taxe perçue sur les carburants.

Le « prix » d’une heure de voiture ! – Particulièrement suivi (ce qui est un signe !), ce déjeuner de presse a permis, certes, de dresser une sorte de bilan de 8 mois d’action : il a permis aussi (surtout ?) de souligner que, compte tenu de cette action -mais compte tenu aussi des efforts des services de l’Etat pour se hisser au niveau de la nouvelle structure territoriale-, il sera difficile de dénouer ce que les nouvelles régions ont noué !

Ce constat a joué le rôle de « fil conducteur » tout au long des interventions de Philippe Richert qui a mis tout son dynamisme au service du « Grand Est » ! Comme me le confiait un de ses amis : « L’une des forces de Richert, c’est…. qu’il habite à une bonne heure de route de voiture de Strasbourg : il a quotidiennement, en se rendant au bureau, un temps de réflexion pendant que le chauffeur pilote la voiture ! » A quoi tiennent parfois (pas seulement heureusement !) les choses !

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