ACAL : à Strasbourg, la nouvelle région de l’est essaye de… trouver un nom!

Alain Howiller commente la première «vraie» séance de travail du nouveau Conseil Régional de la grande région de l’est de la France.

Voilà la composition du nouveau Conseil Régional d'ACAL - PS, Républicains, FN. Et Philippe Richert se met à "faire de la politique autrement". Foto: Iver003 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Par Alain Howiller) – Pour sa deuxième séance plénière tenue, en moins d’un mois, à Strasbourg, la nouvelle région «Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine» (dit ACAL), plutôt consacrée à des problèmes  techniques, a décidé de s’investir dans un certain nombre de données de l’ordre du symbole. Premier élément symbolique de l’ouverture annoncée par le Président Philippe Richert lors de la séance d’installation d’ACAL (eurojournalist.eu du 6 Janvier) : l’assemblée a repoussé un amendement présenté par les élus  du Front National, tendant à faire nommer un des leurs à la tête de la Commission des Finances. Il a été confirmé à cette occasion que ce poste serait réservé, dans le cadre d’un effort d’ouverture, à l’opposition républicaine, à un élu du groupe socialiste, pour autant que ce dernier arrive à se mettre d’accord sur un… nom.

Deuxième symbole nourri à l’occasion de la réunion : le souci marqué de ne pas se laisser se poursuivre une désertification des territoires, notamment ruraux. L’assemblée, en effet, après avoir adopté plusieurs mesures en faveur de la croissance économique et de l’emploi, a entendu son président -qui devait être élu, ce 26 Janvier, Président de l’Association des Régions de France (ARF)- lui annoncer l’élaboration puis l’approbation d’un «Pacte de Ruralité». Celui-ci tournera autour de quatre axes stratégiques : assurer une meilleure accessibilité numérique et physique des territoires ruraux, y maintenir et développer des activités économiques, favoriser leur structuration institutionnelle et leur capacité d’action, enfin quatrième axe, «territorialiser» l’action régionale pour en accroître l’impact et l’efficacité.

Un «pacte» pour gérer un vaste territoire ! – Le «Pacte» proposera un «Schéma directeur d’aménagement numérique du territoire régional (SDTAN)». Il s’efforcera d’élaborer pour l’ensemble du territoire de la région, une «armature ferroviaire» avec des liaisons renforcées entre les zones rurales et les grandes villes, mettra en place une politique énergétique adaptée et renforcera le dynamisme et la compétitivité des entreprises. Il participera à la diversification de l’économie rurale en s’appuyant notamment sur l’économie sociale et solidaire.

L’action des collectivités locales trouvera un soutien auprès de la «Région» afin de faciliter la proximité et un accès facilité aux services. Le pacte n’oubliera pas l’agriculture ni la sylviculture. Il favorisera le développement des circuits courts de vente, la structuration et l’organisation des filières agricoles et l’aide au développement de nouveaux marchés visant la création de valeur ajoutée dans les secteurs agriculture et sylviculture.

Ainsi est réaffirmé le souci de mener une politique de proximité dans la «grande région de l’Est» qui veut éviter une concentration des pouvoirs que les régions doivent, à leur niveau, affronter trop souvent vis à vis du pouvoir central. C’est dans cet esprit d’ailleurs que la région comprendra plusieurs directions décentralisées et si Préfecture et le siège de la Région sont installés dans la capitale Strasbourg, les assemblées plénières du Conseil Régional doivent se tenir à Metz.

Au-delà d’un western de Sergio Leone ! – Troisième débat relevant du symbole : la procédure annoncée pour déterminer le nom qu’ACAL portera dans le futur : avec ma dénomination «ACAL», la région illustre, à sa façon, le titre de ce western-spaghetti de Sergio Leone, «Mon nom est personne» ! Il faudra bien  trouver un nom, pour la «méga région de l’Est» : et pas seulement parce que la loi sur la réforme territoriale l’exige ! La procédure de désignation soutenue par les médias régionaux (essentiellement la presse), prévoit la désignation d’un comité de 60 personnes qui proposera trois noms. Ces noms seront soumis, en Mars, aux citoyens. Ceux-ci se prononceront (par internet sans doute) et le nom qui aura recueilli le plus de suffrages sera soumis, en Avril, au vote de l’Assemblée Plénière du Conseil Régional ! Le nom retenu sera proposé, d’ici à la fin Juin, au gouvernement : celui-ci tranchera par décret. Dans une région qui va pratiquement de la région parisienne au Rhin, trouver un nom qui marque ce que représentent les composantes de la nouvelle région sera loin d’être aisé, on s’en doute ! Le choix sera important -peut être décisif – pour l’attractivité des territoires !

Reste à revenir, ici, sur la manière dont a été  annoncée l’approche que la «Grande Région» aura vis à vis de la croissance économique et de l’emploi, secteurs déterminants dans une région affectée par le chômage, celui des jeunes en particulier.

Valls d’accord pour une expérimentation ? – La région entend agir en matière de création et d’accompagnement en fonds propres des entreprises. Elle le fera d’abord en étendant le fonds existant «Alsace Croissance», en ouvrant de nouveaux fonds, en transformant la société «Alsace Capital» en société de gestion régionale. Voilà pour ce qui concerne l’action en matière de capital-risque et d’accompagnement du développement et de l’investissement des entreprises. La région entend, par ailleurs, accompagner la transformation de… 100 à 150 PME par an en «usines du futur».

Elle veut agir dans le domaine de la formation professionnelle qui concerne d’abord les adultes : il s’agit d’adapter l’offre et la demande sur le marché du travail en offrant une formation de travail sur les postes qui restent Inoccupés faute de candidats qualifiés. La formation concerne aussi les jeunes à travers l’apprentissage. Pour ce faire -et le Président Richert a déjà  pris langue avec le Premier Ministre qui n’est pas hostile à une expérimentation en ACAL- la Région demande à ce que l’essentiel des nouveaux crédits de formation annoncés par l’Etat dans le cadre du «Plan 500.000», plan destiné aux demandeurs d’emplois (et lancé récemment par François Hollande), soit géré par la Région, dont c’est la compétence afin, souligne un communiqué de la région, «de les affecter via un pilotage régional et territorial souple et réactif».

Une rencontre entre François Hollande, le gouvernement et les représentants des régions -conduits par Philippe Richert- doit avoir lieu le mois prochain -en février- pour étudier la manière dont les régions pourraient être associes à l’action «des 500.000» : certains, comme en ACAL, n’hésitent pas, au nom de la décentralisation, à revendiquer carrément la direction des opérations, avec autorité sur les services de l’Etat qui, jusqu’ici, s’occupaient des problèmes de formation.

Pour sa deuxième réunion, la nouvelle région a -déjà!- montré ses ambitions : il lui reste…. six ans pour les concrétiser !

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