Actions positives en temps de couvre-feu

Les Chutes de Kravice, en Bosnie-Herzégovine Foto: Stephan Hense/Wikipédia Commons/CC-BY-SA/3.0Unp

(Marc Chaudeur) – Les promoteurs et constructeurs des Balkans avaient calculé qu’ils seraient tranquilles pour mener à bien leur œuvre de destruction du milieu – un milieu unique, parce que préservé comme aucun autre endroit d’Europe occidental ne l’a été. Eh bien, la population de Bosnie et Herzégovine ne voit pas de cet œil le saccage de son patrimoine naturel sans égal et pas seulement pour elle. Les gens agissent, parfois depuis plusieurs années. Avec le masque sur le nez et toutes les précautions d’usage. Et le gouvernement lui-même semble s’apercevoir parfois du bien-fondé de cette contestation.

Ainsi, mardi dernier, le Ministre de l’Energie et des Mines de la République a fait le constat de l’incurie des entreprises de construction Inving, Reconsult et Energokomerc et a décidé de renoncer à cinq des chantiers prévus : ceux de barrages à dimensions assez réduites sur les rivières Crna, Grabovička et Vrbanja. Mardi toujours, un événement plutôt inattendu est arrivé, qui montre la nécessité d’une persévérance permanente et d’une espérance jamais défaillante : le maire de la commune de Pale Bosco, à Prača, a annoncé qu’il avait l’intention de renoncer à la construction du barrage prévu – l’un des cinq projetés dans cette partie de la République ! C’est là une nouvelle très encourageante et qui montre à quel point l’action environnementale est utile, même en cas de pandémie. Pour cela, nous supposons qu’il faudra dénoncer le contrat avec l’entreprise de construction, ce qui n’est pas encore fait. Mais prenons le maire, Monsieur Jugović, au mot !

Restent les quatre autres projets. Sur l’un de ceux-ci, l’investisseur, à savoir la société Srbinje putevi, ne dispose pas même du permis de construire… Et les inspecteurs légalement requis sur un tel chantier étaient absents, en conséquence de la pandémie. L’association de défense de l’environnement Centre pour l’environnement a donc porté plainte auprès de la Direction de l’Inspection de la République de Bosnie-Herzégovine. Mais de plus, les 28 et 29 avril, des manifestants, au nombre de quelques dizaines, ont bloqué le chantier qui commençait à détruire le biotope et le site autour des rivières Bjelava et Mala Bjelava (Petite Bjelava), son affluent.

Restent encore trois chantiers dans la région ( dont nous avons parlé dans un précédent article sur le sujet, la semaine dernière). Ceux-là aussi profitent lâchement du confinement et du couvre-feu en vigueur dans le pays. Il se situent un peu plus au sud, sur les rivières Vrhovinska, Željeznica et Prača. Ces trois aussi vont sans doute faire l’objet d‘une contestation très vive et très concrète ces prochaines semaines, sinon ces prochains jours.

Les manifestants ont quitté les lieux mercredi après-midi, puisqu’ils risquent fort de faire à leur tour l’objet de procès, cette fois pour violation de la législation en vigueur quant au respect du couvre-feu.

Depuis trois ou quatre années en tout cas, nous pouvons constater avec beaucoup de plaisir que les Balkans bougent vraiment. Et que ce mélange de violence, d’autoritarisme et de fatalisme qui à régné durant les dernières décennies finir bien par céder du terrain face aux exigences civiques et environnementales des gens.

A consulter : http://voda.ekoakcija.org/

 

 

 

 

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