Ah, le moteur franco-allemand de l’Europe

Entre Angela Merkel et Emmanuel Macron, on assiste à un feu d’artifice de la communication politique. Dommage qu’ils ne fassent pas de la politique ensemble.

Quelque part, c'est notre propre faute. Nous avons élu ces 7 là - et maintenant nous sommes surpris que rien ne bouge... Foto: Italian G7 Presidency 2017 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Depuis longtemps, on entend la même chose. L’avenir de l’Europe dépend de la bonne entente entre la France et l’Allemagne, on parle du « moteur européen », on parle d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron. La mauvaise nouvelle pour les Européens : les deux sont champions de la communication politique et ont, pour le reste, l’habitude d’échouer dans les projets qu’ils mènent. Si ça, c’est le « moteur européen », la traversée du désert risque d’être longue.

Deux générations, un même discours – Angela Merkel et Emmanuel Macron n’ont rien en commun, si ce n’est pas ce talent pour la communication politique. Si la France est généralement soulagée d’avoir un président Macron (« Il est jeune, il est beau et Brigitte est troooop belle »…), les Allemands commencent à en avoir marre d’Angela Merkel et d’une décennie d’inertie politique, une décennie d’inégalités sociales, d’une décennie pendant laquelle l’Allemagne a causé de multiples torts à l’idée européenne. Et ces deux-là sont censés être le « moteur européen » ?

« Emmanuel Macron est pro-européen ! », jubilent ses disciples, et on constate que nous avons pris l’habitude de nous contenter de peu. Car la « feuille de route » avec ses 10 points présentée par Emmanuel Macron, ne contient aucun sujet qui n’aurait pas déjà été discuté, n’engage personne à rien (surtout pas le Président français) et peut être classée dans la catégorie « bonne communication ». Angela Merkel, elle, est aujourd’hui sur la défensive car elle a du constater que son influence sur la politique nationale et internationale est en train de fondre comme une boule de neige dans un soleil estival. Le « moteur européen » ?

Force est de constater que les systèmes politiques entre la France et l’Allemagne sont incompatibles, tout comme les priorités politiques des deux pays. Les échanges franco-allemands au plus haut niveau sont marqués par un manque de connaissances mutuel et se limitent souvent aux buffets et discours de dimanche et force est de constater que le « franco-allemand » n’est vivant qu’au niveau local, là où les gens se rencontrent et font des choses concrètes ensemble. Pour le reste, mieux vaut ne pas parler de « moteur franco-allemand ».

Certains parlent aujourd’hui d’une « citoyenneté franco-allemande » et on se demande d’où sort cette proposition. Oui, les deux pays sont voisins, mais il ne faut pas trop pousser le bouchon – la frontière entre la France et l’Allemagne marque la frontière entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud. Cultures différentes, mentalités différentes. Et si on peut tout mettre en œuvre pour travailler ensemble, il faudra arrêter de faire semblant que nous soyons tous une grande famille. Nous ne le sommes pas.

L’avenir de l’Europe dépendra d’autre chose que d’une bonne entente entre la France et l’Allemagne. L’avenir de l’Europe dépendra de sa capacité de « moraliser » la politique et l’économie et ce, dans l’ensemble des pays européens. Si nous attendons que le « moteur de l’Europe » démarre, on attendra jusqu’à l’éclatement de l’Union Européenne qui lui, a déjà commencé.

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