Ah, mon compte formation…

Les appels se suivent, les appels se ressemblent. Et ils finissent par nous exaspérer. Une proposition de loi veut interdire le démarchage téléphonique en rapport avec le compte formation.

Le démarchage téléphonique concernant le compte formation est devenu très embêtant... Foto: Cantarata / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – « Hallo ? ». Silence. Je regarde le numéro sur le smartphone. Un numéro quelconque. De Dijon. 03 aussi. « Hallo ? » – « Bonjour » (au choix, « Bonjour Monsieur » ou, pire encore, « Bonjour, Monsieur Littmann ». Je me sens comme dans un jeu « ni oui, ni non ». Lors de ce genre d’appel, il ne faut pas dire « Oui ». Ils sont capable de couper la conversation et du coup, tu reçois des abonnements jamais commandés, mais vite facturés. Je ne sais pas si ça se fait encore aujourd’hui, mais quelques années en arrière, c’était une arnaque répandue sur Internet. « Bonjour, Monsieur. » – « Vous êtes qui et vous voulez quoi ? ». « Bonjour Monsieur, je suis XY de [organisme au nom imprononçable et encore moins compréhensible] et je vous appelle aujourd’hui concernant votre... » – Je l’interromps, « … compte formation. Je sais. Vous perdez votre temps. Au revoir. » – « Oh wesh ! », j’entends, « tu crois que t’es qui, fils de p… ? ». Aies-je bien entendu ? J’ai bien entendu.

Je raccroche et bloque immédiatement le numéro. Une minute après, le téléphone sonne à nouveau. Rien d’inhabituel. Un numéro en Bretagne. Je viens d’en revenir, il n’y a que quelques jours. Des amis là-bas ? Je décroche. « Sale fils de p…, mais tu crois que t’es qui, toi ? ». Je raccroche et bloque le numéro. Et « Bloctel » est vraiment un supertruc, sauf que ça ne fonctionne pas. Quelques minutes après, un appel de Montpellier. J’ai des amis à Montpellier, je décroche. « Tu vas voir ce que tu vois voir, fils de p… ! ». Evidemment, je bloque le numéro et je vous épargne les prochaines minutes, car le scénario s’est encore répété plusieurs fois, toujours avec un numéro différent, en provenance d’une toute autre région en France. Lors du dernier appel, j’ai dit au Monsieur que j’allais communiquer tous ses numéros à la Police, mais bon, finalement, je ne l’ai pas fait. Une telle démarche sonnait trop comme des papiers, des convocations, des protocoles, et à la fin ?

Ceci avait beau être une journée extrême dans son genre, mais ce démarchage peut être franchement embêtant. Dans mon métier, il arrive fréquemment de recevoir des appels de la part de gens qui ne s’identifient pas nécessairement par leur numéros. Mais quand le téléphone sonne dix fois dans la journée en interrompant tout ce qu’on est en train de faire, ça devient insupportable. Et ça, tous les jours. Parfois même le week-end.

Comment ne pas adhérer à la proposition de loi soumise par la co-rapporteure Catherine Fabre (LreM) et son homologue Gérard Cherpion (LR), qui souhaitent interdire ces pratiques de démarchage téléphonique en rapport avec le compte formation ? Je sais, les pauvres personnes qui travaillent pour ces centres d’appels, sont sous une pression inhumaine, et elles doivent faire jouer les statistiques. Sur 1000 appels, t’as statistiquement trois clients qui tombent dans le piège. Donc, pour avoir les trois clients, il faut que tu te prennes une veste par les 997 autres. Certains sont polis en t’envoyant te balader, d’autres sont énervés (comme moi dans ce cas précis), encore d’autres deviennent agressifs à leur tour. Je pourrais parier ne pas être le seul dans ce cas, je ne peux pas m’imaginer que j’ai tellement la poisse que tous ces appels tombent sur moi et est-ce que des députés travailleraient sérieusement sur une loi pour interdire ce genre de pratique si elle ne concernait pas beaucoup de monde ? Et finalement non, vous ne toucherez pas à mon compte personnel de formation. Pas vous !

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