Allemagne 2022 : une bonne année tout de même ?

Alain Howiller nous livre une analyse pertinente sur l’état de l’Allemagne en ce début 2022. Marquée par les crises multiples, l’Allemagne, comme d’autres pays, espère tirer son épingle du jeu…

Beaucoup d'Allemands vivent la situation actuelle comme un tour sur les "montagnes russes"... Foto: Qaswed / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Alain Howiller) – Comment ne pas penser en ce début d’année 2022, à cette citation de l’humoriste et comédien Pierre Dac : « La prévision est difficile, surtout lorsqu’elle concerne l’avenir ! »

Et Marcel Fratscher, Président du conseil d’administration de « l’Institut Allemand pour la Recherche Economique » de Berlin (« Deusches Institut für Wirtschafsforschung-DIW ») de commenter ainsi la situation de l’Allemagne, en ce début d’année : « Il est rare qu’un regard prospectif sur une année qui commence, soit à ce point chargé d’incertitudes ! »

Et pourtant, ajoute-t-il (imprudent ?) : « Les chances d’un renouveau n’ont, sans doute, jamais été aussi réelles qu’aujourd’hui, tant sur un plan politique que sur un plan économique ! »

A l’heure des… montagnes russes ! – Alors que la plupart des observateurs de la situation Outre-Rhin ne cessent d’évoquer un parcours en forme de « montagne russe » (« Achterbahn »), voilà donc un responsable qui ouvre des perspectives positives, en dépit d’une pandémie qui… persiste et signe !

Sur un plan économique, le président du « DIW » ne désespère pas de voir la croissance atteindre +4%, ce qui serait le taux le plus élevé depuis 2010 ! Rien, sans doute, n’est certain en l’occurrence, mais un certain nombre de réalités, nées de l’arrivée au pouvoir de la nouvelle coalition SPD-Verts-FDP, pourraient contribuer à pousser l’économie vers l’avant.

Un salaire minimum revu deux fois ! – Sur le plan de l’investissement, les entreprises pourront bénéficier d’un fond « climat » de 60 milliards € destiné à les aider à mieux évoluer vers une économie verte. Le marché du travail (le taux de chômage est stable à 5,1% !) bénéficiera d’une réforme positive et le pouvoir d’achat, profitera de l’augmentation du salaire minimum horaire qui est passé, au 1er Janvier, de 9,60 à 9,82 €, avant de bénéficier d’un nouveau coup de pouce s’établissant à 10,45 euros le premier Juillet.

L’augmentation de ce début d’année touchera un quart des salariés qui bénéficieront d’une augmentation moyenne de l’ordre de 20% ! « Finalement », conclut le Président du DIW, « 2022 pourrait même être une… bonne année ! » Pour cela, il faudrait aussi que le moral des ménages, atteint par la flambée des prix (+5,2% en 2021 au lieu des +5% prévus !) et le développement de la pandémie, se mette au diapason !

La poussée des « Querdenker » ! – L’évolution de la pandémie, dont les progrès (bien moins importants qu’en France) frappent également l’Allemagne, pourrait être un facteur de remise en cause des perspectives. D’autant que la nouvelle coalition (comme la précédente d’ailleurs) s’efforce d’améliorer son arsenal anti-Covid, mais butte, alors que les mouvements des « Querdenker » se développent à travers tout le pays(!), sur l’attitude des « barons des Länder », les Ministres-Présidents, qui entendent ne pas renoncer à leur « souveraineté constitutionnelle » dans le domaine de la santé !

La Bavière qui jusqu’ici, était à la tête des mesures anti-virus, ne vient-elle pas d’assouplir certaines restrictions en matière de port du masque ? Favorable -comme la grande majorité de la population- à une vaccination obligatoire, le chancelier Olaf Scholz, ira-t-il jusqu’à l’obligation vaccinale légale ?

Olaf Scholz et la vaccination obligatoire ! – Mettant en garde contre les minorités qui veulent s’imposer par la rue, il avait laissé entendre qu’un projet de loi rendant la vaccination obligatoire, pourrait être présenté au Bundestag le mois prochain ou au début Mars : qu’en sera-t-il ?

La nouvelle coalition s’est installée au pouvoir et le taciturne chancelier prend ses marques : il a finalement réussi à rallier ses partenaires ainsi que les chrétiens-démocrates, en pleine restructuration à la suite de leur défaite électorale, à l’idée de réélire -le 13 Février – le Président de la République. Frank-Walter Steinmeier (66 ans, SPD) va donc être largement élu à la tête de l’Etat, pour un deuxième mandat de 5 ans. L’élection aura lieu alors que les partis extrêmes -l’AfD et Die Linke- présenteront, pour la forme, leur candidat contre le président sortant.

Le retour de la CDU ? – En se ralliant à la candidature Steinmeier, la CDU n’entend pas, pour autant, renoncer à traduire dans la réalité politique, ce qu’elle est devenue : le principal parti d’opposition au Bundestag ! Du reste, certains de ses représentants ont d’ores et déjà annoncé qu’ils déposeraient une motion de défiance vis-à-vis du gouvernement, si Olaf Scholz persistait dans sa volonté de rendre la vaccination anti-Covid obligatoire.

En attendant, le parti prépare son congrès du renouveau qui s’exprimera les 20/21 Janvier. Il se dotera de nouveaux statuts susceptibles de relancer le mouvement. Les adhérents comptent sur leur nouveau président -Friedrich Merz- qui se présentera pour la troisième fois aux suffrages des militants. Le vote ne fait pas doute, puisque ces derniers l’ont déjà désigné comme président -à plus de 62%- lors d’une consultation digitale. Ancien responsable du parti, en conflit latent avec Angela Merkel, il s’était retiré de la politique pour devenir un homme d’affaires en réussite avant, donc, d’obtenir, à 66 ans, le poste dont il avait toujours rêvé : la présidence de la CDU.

Après une année électorale chargée, 2022 sera, d’un point de vue électoral, moins prégnante. Ce qui permettra à la nouvelle coalition, comme aux partis d’opposition, de tester l’état de l’opinion à travers 4 renouvellements de parlements régionaux. Le 27 Mars, on votera en Sarre (coalition CDU-SPD sortante), puis, le 8 Mai, au Schleswig-Holstein (coalition sortante CDU-Verts-FDP), le 15 Mai, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie-NRW (coalition sortante CDU-FDP) et, enfin le 9 Octobre, en Basse-Saxe (coalition sortante SPD-CDU).

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste