Allemagne : à quand une nouvelle affaire CDU-AfD ?

A l’Est, l’entente droite - extrême-droite va t-elle se renouveler ?

" Dresden salue les arrivants", en 1969. Foto: Jörg Blobelt/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/4.0Int

(Marc Chaudeur) – En février dernier, tollé général, on s’en souvient : la droite libérale, la droite conservatrice et la droite fasciste se sont entendues (contre les principes édictés par la CDU) pour faire élire un candidat libéral FDP et tenter de chasser du pouvoir un archéo-crypto-bolchévik débonnaire, au fond. Cela ne doit plus se reproduire, a-t-on affirmé alors, et cela ne se reproduira plus : si je mens, croix de fer (hin hin), je vais en enfer. On l’a du moins affirmé à Berlin. Mais qu’en est-il dans la droite « chrétienne démocrate » des länder de l’Est ? Question d’autant plus cruciale que des élections se profilent sur un horizon proche.

Le problème qui se pose de façon générale, c’est la montée de l’AfD, certes, mais surtout, les bisbilles et le hiatus entre la CDU fédérale et celle de chacun des Länder. Or, les élections approchent dans trois länder de l’Est : la Saxe, la Saxe-Anhalt et la Thuringe dès le mois d’avril.

En Saxe, la CDU que dirige Michael Kretschmer est plutôt plus à droite que la CDU fédérale ; mais en même temps, elle s’est toujours démarquée nettement (jusqu’à présent) de l’AfD. A la fin de l’année dernière, elle a fait alliance avec le SPD social-démocrate et les Verts (ce qu’en Allemagne on appelle « coalition Kenya »). Une coalition dont le fonctionnement n’a pas présenté de problèmes particuliers.

Au printemps 2019, des dirigeants de la CDU de Saxe ont lu un « Appel de Leipzig » aux dirigeants fédéraux. Ils y réclament une plus grande compréhension de la situation dans les Länder de l’Est. Reçus à Berlin, ils n’ont cependant pas trouvé l’écoute qu’ils espéraient. Et c’est bien heureux pour la démocratie allemande et européenne. Mais par la force des choses, ne rêvons point : leurs contacts avec des membres et des élus locaux de l’AfD sont à peu près quotidiens…

Pour ce qui est de la Saxe-Anhalt, autres risques, cependant analogues : le dirigeant régional de la CDU, Holger Stahlknecht, veut succéder au poste de ministre-président du land qu’exerce actuellement Reiner Haseloff. Stahlknecht doit donc bénéficier de l’accord des membres du Parti. Ce qui signifie aussi : l’accord de ses fractions les plus droitières… Mais plusieurs épisodes ont de quoi inquiéter, du côté de Magdebourg. L’affaire Lars-Jörn Zimmer, qui s’est déclaré à la télé très favorable à une collaboration avec le parti d’extrême-droite. L’affaire Rainer Wendt, du nom d’un policier euh… très à droite, que la direction régionale a voulu installer au poste de secrétaire d’État au ministère de l’Intérieur. Aïe aïe…Et c’est grâce à Berlin qu’il ne l’a pas été.

Et, pire encore, l’affaire Robert Möritz : quand l’appartenance récente de ce membre à des cercles néo-nazis a été avérée, la CDU Saxe-Anhalt s’est immédiatement rangée derrière Möritz. Et quand les partenaires de coalition SPD – Verts ont remis l’alliance en question pour cette raison, la CDU du Land a exigé que la direction fédérale ne se mêle pas de cette histoire !

D’ici les prochaines élections régionales, les courants les plus démocratiques de ce parti qui se dit « social-démocratique » auront fort à faire pour contrecarrer les tentatives d’entente avec l’AfD.

En Thuringe, après les carabistouilles d’Erfurt le mois dernier, les relations entre la CDU fédérale et celle du Land sont encore bien pires ; on dit qu’elles sont quasi-inexistantes. Effets cependant très positifs des mésaventures de février : un mécanisme de stabilité SPD-die Linke -Verts est mis en place. Face à une CDU qui ne pèse plus qu’à peu près 20 %, et qui est contrainte de collaborer un tant soit peu avec les Verts.

Par sens de la responsabilité, explique Mario Voigt, le nouveau leader thuringien de la CDU. On aime entendre une telle expression dans la bouche de chefs de ce parti…

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