Allemagne : Andrea Nahles condamne les petits syndicats

La ministre fédérale du travail Andrea Nahles (SPD) passe aux choses sérieuses. Par voie législative, elle enterre la pluralité des syndicats dans les entreprises.

C'est une social-démocrate, Andrea Nahles, qui porte un grand coup au mouvement syndicaliste. Foto: Sven Sebastian Sajak / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Andrea Nahlese est social-démocrate. L’histoire de la social-démocratie en Allemagne est étroitment liée à celle des syndicats. Pourtant, ce sera une social-démocrate qui portera un coup mortel aux petits syndicats allemands. Elle les pousse tout simplement hors-jeu.

Le conseil des ministres du gouvernement fédéral a adopté la proposition de loi de sa ministre du travail Andrea Nahles (SPD). Sa proposition prévoit que désormais, une seule convention collective puisse être en vigueur dans les entreprises, négociée avec le syndicat ayant le plus de membres au sein de l’entreprise. Cela conduira inévitablement à la fin de l’existence de ces petits syndicats, souvent très spécialisés sur certains corps de métiers. Puisque ceux-ci n’ont plus la compétence de négocier une convention collective pour leur membres, devant accepter ce qu’un autre syndicat aura négocié à leur place, ils n’auront plus de raison d’être. A quoi servirait un syndicat qui ne pourrait pas négocier au nom de ses membres ?

Pourtant, en 2011, la Cour Fédérale du Travail (Bundesarbeitsgericht) avait explicitement autorisé et défendu la pluralité des syndicats dans les entreprises. Ce droit, inscrit dans la législation allemande sur les grèves, avait d’ailleurs motivé les deux instances du tribunal de Francfort de confirmer la légalité de la récente grève du syndicat des conducteurs de locomotives GDL. On peut donc d’abord s’attendre à une vague de procédures juridiques allant jusqu’à la Cour Consititionnelle de Karlsruhe et si jamais cette nouvelle loi devait être conforme à la Constitution allemande, les grèves se multiplieront en Allemagne.

Il est évident qu’Andrea Nahles veut donner une réponse aux grèves à répétition des chemins de fer allemands et des pilotes de la Lufthansa, mais le carnage parmi les petits syndicats est un prix trop élevé pour assurer la fluidité des transports au pays. De plus, Nahles déclenche une évolution qui conduira à l’émergence de syndicats géants, qui ressembleront à des administrations à part entière et qui deviendront des partenaires sociaux de choix pour le patronat.

La nouvelle loi est censé entrer en vigueur à la mi-2015. Mais il faudra attendre que les tribunaux se prononcent. Et on se gratte toujours la tête – est-ce vraiment une social-démocrate qui aura sonné le glas de la diversité du paysage syndical en Allemagne ?

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