Allemagne : des eurodéputés pas comme les autres

En Allemagne, il suffisait de remporter 0,6% des votes aux élections européennes pour remporter un siège. Sept mini-formations ont réussi ce pari.

C'est ici que siègeront bientôt aussi les élus des petits partis. Foto: © Kai Littmann

(KL) – Vous n‘avez certainement jamais entendu parler des sept eurodéputés que nous vous présentons ici. Il y a même de fortes chances à ce que vous n‘ayez jamais entendu parler des partis qu‘ils représentent. Pourtant, ces sept eurodéputés auront le même poids lors des votes au parlement que tous les autres. Cela s‘appelle la démocratie. De base.

Par ordre alphabétique, on commence par Klaus Buchner. Il représente la ÖDP, une formation écologique qui s‘est distinguée dans le passé par un drôle de mélange d‘idées écologiques et de thèses ultraconservatrices. Klaus Buchner veut se positionner surtout par rapport aux Verts et ce, avec des valeurs «chrétiennes-humanistes». Le coté écologique est présent dans le programme du ÖDP qui demande la sortie du nucléaire, la fin des expérimentations sur animaux (y compris dans la recherche pour de nouveaux médicaments), et en même temps, il se prononce contre les crèches publiques. Au lieu de cela, le ÖDP voudrait renforcer une image de la famille qui date du siècle dernier. Ou de celui d‘avant.

Le Parti pour la Protection des Animaux (Tierschutzpartei) sera représenté par Stefan Bernhard Eck. Ce dernier ne mange ni viande, ni produits dérivés. Si ce parti publie des positions assez sympathiques, en se déclarant «antifasciste et antiraciste», il entend étendre les droits de l‘homme au monde animalier. Pour ce parti, il est interdit de discriminer des animaux ou encore moins de les manger. Son premier objectif au Parlement Européen sera la lutte «contre le massacre des chiens de rue en Roumanie». Bien sur, ce qui s‘y passe n‘est pas beau, il faut certes intervenir, mais à une époque où les réfugiés africains meurent en masse lors de la tentative de rejoindre l‘Europe, pendant que la guerre sévit en Ukraine, on se pose la question quant aux priorités.

Arne Gericke défend, lui aussi, une noble cause. Le candidat du «Parti de la Famille» demande plus d‘argent pour les enfants en Europe – un postulat auquel on ne peut que souscrire. Son parti demande aussi une «rémunération d‘éducation», mais avant tout, dans la configuration «père-mère-enfant» – pour le reste, son parti se décrit comme conservateur. Guericke a déjà fait savoir qu‘il allait chercher une coopération avec l‘AfD, tout en soulignant que son parti n‘était pas «anti-européen». Etrange qu‘il souhaite alors coopérer avec les anti-européens allemands.

Les Freie Wähler (Electeurs Libres) envoient Ulrike Müller à Strasbourg. Mais peut-être faudra-t-il lui expliquer que le siège du Parlement se trouve à Strasbourg et non pas à Bruxelles. Dans sa première déclaration, elle avait indiqué que sa priorité était d‘abord d‘installer son bureau à Bruxelles… où elle compte défendre l‘agriculture familiale. Agricultrice originaire du pays souabe, elle veut aussi s‘engager pour la protection de l‘environnement et des consommateurs. Et elle se fait fort pour le maintien des traditions et de la culture régionale. Un mélange entre des sujets conservateurs et modernes.

Les Pirates, on connait. Et on connait même Julia Reda qui siègera au Parlement Européen pour ce parti qui avait le potentiel de changer le paysage politique en Allemagne. Avant les élections législatives en Allemagne le 22 septembre dernier, les Pirates pointaient à 13% dans les sondages. Mais des querelles internes avaient fini par affaiblir les Pirates au point qu‘ils avaient loupé l‘entrée au Bundestag. Julia Reda s‘engagera contre le TTIP, pour la liberté sur Internet et pour la culture. Probablement, elle rejoindra le groupe des Verts ou celui de l‘extrême-gauche – elle risque de surprendre le Parlement avec ses compétences en matière de nouvelles technologies.

Le plus exotique de tous, c‘est Martin Sonneborn. L‘ancien rédacteur du magazine satirique «Titanic» (qui se situe quelque part entre Charlie‘Hebdo, le Canard enchainé et MAD), a mené une campagne surréaliste pour son parti «Die Partei» qui aurait fait plaisir à Boris Vian ou Salvador Dali. Son crédo : «Surmonter les contenus». Ainsi, sur une affiche électorale, il avait surpris les Allemands avec le slogan «Merkel est grosse». Son plan pour cette mandature : «Je vais passer quatre semaines à préparer ma sortie. Ensuite, dans le cadre d‘une rotation, tous les 60 candidats sur notre liste auront l‘occasion de passer un mois bien payé à Bruxelles et Strasbourg.» Cela ne fonctionnera probablement pas, car le Parlement devrait autoriser une telle rotation. Mais Martin Sonneborn veut lutter pour son droit à la rotation devant les tribunaux. Et peut-être ce «Coluche allemand» n‘a pas tort lorsqu‘il dit: «Je ne pense pas qu‘on soit les plus fous au Parlement Européen»…

Beaucoup moins rigolo – le représentant du NPD Udo Voigt. Le chef de l’extrême-droite sort des phrases comme «le social ne marche que sur fond national». On se demande où ces gens trouvent des phrases pareilles. Ajoutez à cela une bonne dose de paranoïa («L‘Europe est submergée par des peuples étrangers») et par conséquent, il demande un référendum contre «l‘immigration de masse». Son parti fait régulièrement l‘objet de procédures d‘interdiction et le bonhomme. Bref, l‘homme a parfaitement sa place dans le groupe que Marine Le Pen veut créer. Les deux sont faits pour s‘entendre.

1 Kommentar zu Allemagne : des eurodéputés pas comme les autres

  1. Yveline MOEGLEN // 28. Mai 2014 um 18:22 // Antworten

    Dur dur… tout ça … Arriveront -ils a travailler correctement ??

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