Allemagne : est-ce que la coalition berlinoise pourra continuer ?
Le SPD, les Verts et le FDP forment un gouvernement fragile à Berlin. Opposés dans la plupart des dossiers, les trois partis ne trouvent plus de terrain d’entente.
(KL) – Le gouvernement allemand n’est pas en grande forme. Que ce soit au niveau de la politique internationale où la ministre des affaires étrangères Annalena Baerbock (Verts) a disparu des écrans, que ce soit au niveau de la politique nationale où le ministre de l’économie Robert Habeck (Verts) accumule les couacs, que ce soit au niveau des finances où le ministre Christian Lindner (FDP) essaie de bloquer ce qu’il peut bloquer et au-dessus de ce chaos, le chancelier Olaf Scholz tente (en vain) de garder ses troupes sur le droit chemin. Résultat : dans les sondages, cette coalition ne se situe plus qu’à 40% des intentions de vote et l’opposition conservatrice n’a qu’à attendre son tour. Seule question – ce sera pour quand ?
Ce qui est étonnant, c’est que les différends au sein de cette coalition ne soient pas discutés derrière des portes fermées, mais publiquement et souvent, à coups de communications médiatiques. La dégringolade de cette coalition berlinoise est aussi due à cette gouvernance qui reflète tout sauf une coopération dans l’intérêt du pays. On a l’impression que les trois partis, SPD, Verts et FDP, sont déjà en train de préparer « l’après-coalition », mais visiblement, cela ne convainc pas les électeurs et électrices.
La situation fait penser un peu à celle en France. Face à un gouvernement extrêmement faible, face à une opposition encore plus faible, ce sont les extrémistes qui grimpent dans les sondages, surtout lorsque les partis extrémistes se taisent. En Allemagne, c’est comparable. La CDU conservatrice et l’extrême-droite AfD continuent à grimper dans les sondages, à condition de se taire. Il leur suffit de regarder les partis au pouvoir s’auto-déchirer et d’attendre.
La CDU, sous son patron Friedrich Merz, n’est même pas force de proposition, mais se limite à fustiger les dysfonctionnements au sein de la coalition. Cela suffit déjà pour faire un cavalier seul dans les sondages. Ce qui pose un problème général au niveau politique et ce, non seulement en Allemagne.
Si aujourd’hui, les partis qui ont le vent en poupe sont ceux qui se taisent le plus et par conséquent, disent le moins de bêtises, c’est qu’il y a un problème. Parce que généralement, l’idée est que nos pays soient dirigés par les personnes les plus compétentes et non pas par ceux qui racontent le moins de bêtises.
Dans une coalition, il est normal qu’il faille trouver des compromis, qu’on doit débattre de la voie à suivre. Mais ces débats devraient se dérouler dans une ambiance sereine, animée par la volonté commune de gérer le pays dans l’intérêt de la population. En vue du spectacle berlinois, les Allemands se posent aujourd’hui la question si cette coalition pourra aller à son terme en 2025.
Le monde se trouve actuellement dans un état d’urgence permanent. La guerre en Ukraine a tout bousculé, dans une situation où suite à la pandémie, les nerfs étaient déjà à vif. A cela, il faut ajouter les problèmes sociaux liés à l’inflation occasionnée par cette guerre, la précarisation des classes moyennes, les difficultés des plus faibles. Tout le monde voit qu’on va droit dans le mur et dans une telle situation, il aurait été rassurant d’avoir des gouvernants à la hauteur de la situation. Ce qui n’est clairement pas le cas, ni en Allemagne, ni en France, ni ailleurs.
En suivant les sondages, il semble évident que le prochain gouvernement allemand soit dirigé par la CDU. La mauvaise nouvelle étant que la CDU ne fera pas mieux que la coalition actuelle. Mais l’espoir meurt en dernier…
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