Allemagne : la stagnation politique

En Allemane, personne n’est vraiment content de la politique du gouvernement CDU/CSU-SPD. Pourtant, si on croit aux sondages, les allemands ne sont pas prêts à changer le statut quo.

Angela Merkel peut attendre tranquillement les élections en 2017 - elle gagnera quoi qu'il arrive. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – En début de l’année, les partis politiques allemands se retrouvent traditionnellement pour une sorte de «mini-congrès», les «Dreikönigstreffen», meetings d’Epiphanie. Lors de ces meetings, ils ne partagent pas seulement la Galette des Rois, mais ils définissent les grandes lignes de la politique pour l’année à venir. C’est pour cela que les sondages effectués à ce moment sont particulièrement intéressants.

La leçon principale des sondages en ce début d’année est claire – l’Allemagne n’est pas prête à un quelconque changement. Visiblement, on préfère râler, sans toutefois avoir l’idée qu’un changement politique puisse améliorer le cours des choses. Ainsi, si dimanche prochain les allemands avaient à voter, ils reconduiraient la «Grande Coalition» au pouvoir à Berlin. La CDU reste à 38% largement en tête des sondages, le SPD stagne à 23%, Die Linke et les Verts se situent à 10%, les xénophobes de l’AfD se situent à 8% et les libéraux du FDP dépasseraient de peu la barre fatidique des 5% et pourraient espérer revenir au Bundestag. Un bon tiers des allemands n’entend pas participer aux prochaines élections législatives.

Ceci donnerait une vaste majorité pour le gouvernement sortant, CDU/CSU-SPD qui, avec 61% serait ainsi confirmé. Reste la question si le SPD, trop faible pour pouvoir postuler à la chancellerie, se contentera à tout jamais du rôle de «partenaire junior» des conservateurs. Toujours est-il que le SPD ne dispose d’aucun candidat ou aucune candidate qui pourrait se positionner en challenger d’Angela Merkel – ni le chef du SPD Sigmar Gabriel, ni le ministre des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, ni l’ancien candidat Peer Steinbrück ont le charisme et la popularité nécessaires pour représenter un défi pour la chancelière qui elle, a seulement la concurrence interne à craindre.

Contrairement aux dernières élections, ce résultat ne donnerait même plus la possibilité mathématique de former un gouvernement «à gauche de la CDU», donc une coalition entre le SPD, Die Linke et les Verts. En 2013, le SPD avait laissé passer la chance historique de renverser Angela Merkel, mais les social-démocrates avaient hésité de faire cause commune avec Die Linke, que le SPD considérait encore 25 ans après la réunification comme le successeur du SED, le parti qui gouvernait pendant 40 ans, la RDA. C’était probablement la dernière occasion du SPD pour longtemps de pouvoir s’emparer du pouvoir en Allemagne – avec les sondages actuel, une coalition SPD – Die Linke – Verts ne serait plus possible.

Par contre, mathématiquement, même une coalition entre la CDU et les Verts serait une option, les deux partis totaliseraient ensemble 48%, ce qui serait juste suffisant pour former un gouvernement et cette mathématique affaiblit encore davantage le SPD, surtout dans la mesure où les Verts font actuellement des yeux doux à la CDU, surtout par le biais du ministre-président du Bade-Wurtemberg Winfried Kretschmann qui lui, veut garder toutes les options en vue des élections régionales dans le Bade-Wurtemberg au mois de Mars 2016 – qui pourraient effectivement donner lieu à la première coalition «Verts-CDU» dans un Land allemand.

Pour les allemands, la «stabilité politique» est extrêmement importante – même s’ils râlent, même s’ils vont manifester, même s’ils réclament des changements. Au moment de se rendre aux urnes, ils votent comme ils ont toujours voté – au centre-droit. Et ce, probablement encore pour très longtemps.

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