Allemagne – la violence s’invite dans la campagne européenne
Le week-end dernier, plusieurs incidents violents ont marqué la campagne européenne. Un eurodéputé qui collait des affiches a même fini à l'hôpital. Inquiétant.
(KL) – La violence verbale de la campagne électorale pour l’élection européenne du 9 Juin, se transforme actuellement en Allemagne en violence physique. A plusieurs reprises, des personnes qui collaient des affiches de campagne (en toute légalité), ont été attaqués par des extrémistes qui ne connaissent que la violence comme moyen d’expression. Cette montée de la violence dans le contexte politique fait de plus en plus penser à la « République de Weimar » – la violence politique dans la rue est toujours un précurseur d’évolutions vers des systèmes autoritaires, pouvant aller jusqu’au fascisme.
A Dresde, l’eurodéputé Matthias Ecke (SPD), qui candidate pour un deuxième mandat à Strasbourg, a été attaqué par 4 individus qui lui ont assené des coups et des coups de pied. Gravement blessé, Ecke a du être évacué à l’hôpital et pendant le week-end, d’autres groupes qui collaient des affiches, étaient également attaqués physiquement.
On s’est presque habitués à l’arrachage des affiches électorales et ce, indépendamment de la sensibilité politique. Mais là, les incidents montrent une escalade. Si la violence contre des objets est déjà condamnable, les attaques brutales et physiques constituent une autre dimension du « combat politique » que l’Allemagne a vécu pour la dernière fois, dans la période de la « République de Weimar » et le début du nazisme.
L’intégralité de la politique allemande a fermement condamné ces attaques, même les représentants de l’AfD dont les « supporteurs », en particulier dans les Länder de l’ancienne RDA, sèment depuis un bon moment la peur dans les villes et villages de l’est du pays. Force est de constater que si on ne peut qu’applaudir les prises de position des cadors de la politique allemande, on ne peut pas fermer les yeux devant l’origine de cette violence et cette origine est la violence du discours politique qui est devenu une normalité.
Il est urgent que les représentants du monde politique freinent un peu dans leurs déclarations – un « adversaire politique » n’est pas un « ennemi politique » qu’il faut combattre par tous les moyens. Une démocratie vit de la confrontation d’idées et d’opinions, mais pas du combat dans la rue ou des attaques violentes sur des personnes. Calmer les esprits (et ses supporteurs) incombe à l’intégralité du monde politique et il est grand temps de freiner un peu les discours haineux qui eux, invitent des esprits simples à passer à l’acte.
Avant que la situation ne devient incontrôlable, l’ensemble des partis politiques doit prendre une position commune et inviter tous leurs soutiens à mener une campagne digne d’une démocratie. Il faut absolument prendre conscience que la violence ne peut pas avoir sa place dans le discours politique – il ne s’agit pas de littéralement « battre » son adversaire politique, mais de convaincre les électeurs et électrices par des arguments et des projets politiques. Autrement, la « République de Weimar 2.0 » pourrait effectivement devenir une réalité. Et ça, c’est vraiment dangereux.
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