Allemagne : Le FDP renaît de ses cendres

Face à une chancelière qui a trahi les Allemands et l‘Europe et une gauche qui ne mérite pas son appellation, les libéraux du FDP reviennent. En force.

Face aux défaillances des partis traditionnels, les libéraux du FDP réussissent leur retour dans le paysage politique allemand. Foto: Robin Krahl / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0

(KL) – Le jeune patron des libéraux du FDP Christian Lindner avait raison en s‘accrochant à son parti qui semblait disparaitre du paysage politique en Allemagne. Après avoir été chassé du Bundestag et de nombreuses diètes des Länder, le FDP profite actuellement dans les sondages du ras-le-bol généralisé des Allemands. Pour la première fois depuis cinq ans, les libéraux se situent à 7% des intentions de votes – et peuvent préparer leur retour sur la scène politique.

Toutefois, il convient d‘analyser ce succès inattendu – il n‘est pas le résultat d‘une politique convaincante du FDP, mais la conséquence des défaillances de l‘ensemble des autres partis nationaux. Les sondages favorables pour le FDP ne traduisent pas un comeback des libéraux, mais le désespoir des électeurs allemands qui se sentent trahis par quasiment tout le monde.

Dans un le sondage actuel réalisé pour le magazine «Stern» et la chaine RTL, la CDU obtiendrait actuellement 39% et continue à perdre du terrain. Le scandale des écoutes du BND et l‘attitude de la chancelière qui avait miroité aux Allemands, avant les dernières élections législatives, qu‘un accord «No Spy» avec les Etats-Unis serait sur le point d‘être conclu (en réalité, les USA n‘avaient jamais la moindre intention de conclure un tel accord), refroidissent un peu l‘amour fou que les Allemands avaient éprouvé pour Angela Merkel. Son silence et ses tentatives de saboter le travail de la commission d‘enquête du Bundestag, conduisent le CDU au plus mauvais score depuis plus d‘un an.

Meme son de cloche chez le SPD qui, même s‘il gagne 1% pour se situer maintenant à 23%, n‘est plus considéré comme une vraie alternative. Peu étonnant. Après que la ministre du travail Andrea Nahles a fait voter une loi qui coupe l‘herbe sous les pieds des petits syndicats, les électeurs du SPD ont de plus en plus du mal à considérer leur parti comme un parti faisant partie de la gauche. Ainsi, le chef du SPD, Sigmar Gabriel, n‘obtiendrait toujours pas plus de 15% des votes si les Allemands avaient à élire le chancelier directement. Ce qui veut dire que même ceux qui voteraient encore pour le SPD, ne voteraient pas nécessairement pour Sigmar Gabriel.

Les Verts, qui restent stables à 11%, ne décollent plus non plus. Un coup, il flirtent avec la CDU, pour ensuite se jeter dans les bras du SPD et le refus de même parler avec DIE LINKE, ne contribue pas non plus à la reconquête de leur électorat de base. Est-ce que les Verts sont un parti de la gauche, comme à ses débuts, un parti de la droite ou encore un de ces partis qui cherchent ce qui n‘existe pas – le centre politique ?

DIE LINKE, dernier parti de la gauche, obtiendrait toujours 9% – et ces 9% semblent être le vrai potentiel de la gauche en Allemagne. A une époque où tout le monde trahit tout le monde, il est assez étonnant que DIE LINKE ne dépasse pas les 10%.

Les eurosceptiques de l‘AfD, en train d‘abattre le fondateur du parti Bernd Lucke, vivent mal la transformation en une formation d‘extrême-droite et nationaliste. Pour la première fois depuis un bon moment, ils baissent dans les sondages en dessous de la barre fatidique des 5% et n‘auraient pas de siège au Bundestag. Une bonne nouvelle – les Allemands n‘ont pas envie de suivre un mouvement nationaliste-conservateur, anti-européen et xénophobe.

Reste donc le FDP qui lui, déjà cliniquement mort, se redresse peu à peu. Christian Lindner a su rajeunir le parti, présentant aux dernières élections régionales à Hambourg et à Brême, de jeunes candidates – et ce, dans un parti où par le passé, les femmes étaient principalement considérées comme bonnes à préparer le café… 7% dans les sondages, cela constitue une bouffée d‘air pour le FDP. Mais que le FDP ne se frotte pas les mains trop vite – 2017 est encore loin et les deux ans à venir peuvent encore réserver des surprises. Comme la naissance d‘un nouveau parti capable de mobiliser les 50% des abstentionnistes qui eux, pourraient faire basculer le paysage politique. Si seulement ils prenaient conscience du pouvoir qui est le leur.

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