Allemagne : Le marché du travail commence à tituber…

En un seul mois, le taux de chômage dans l’Ortenau voisine a augmenté de 0,5%. Si le taux de chômage général s’y situe désormais à seulement 4,1%, les chiffres du chômage partiel peuvent inquiéter…

Les agences pour l'emploi badoises (comme ici à Rastatt) commencent aussi à transpirer... Foto: geo pixel / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Il fallait s’y attendre – les conséquences économiques de la crise sanitaire commencent à se faire ressentir. Si actuellement, on arrive encore à sauver de nombreux emplois grâce au chômage partiel, il est évident que bon nombre des chômeurs partiels finiront au chômage tout court, parce que les entreprises qui les emploient, risquent de fermer. A ce moment-là, les problèmes actuels deviendront graves.

En principe, on pourrait croire que tout va bien en Allemagne. Les chiffres de la Covid-crise commencent à s’améliorer au Pays de Bade, mais avant de se réjouir, il faut se dire qu’il s’agit là seulement d’une prise de vue instantanée. 4,1% de taux de chômage, c’est un chiffre bluffant, même si le chômage dans l’Ortenau a augmenté de 0,5% au cours du mois de janvier. Evidemment, un taux de chômage de 4,1% serait excellent, s’il n’y avait pas les 88.231 personnes qui sont passées, depuis Avril 2020, au chômage partiel. Dans une région qui compte un peu plus de 440.000 habitants, plus de 88.000 chômeurs partiels en une année, c’est énorme. Et on sait déjà aujourd’hui que jusqu’à 50% des entreprises concernées, ne survivront pas cette crise.

A Horst Sahrbacher, le parton de l’Agence pour l’Emploi d’Offenburg, de commenter : « Le nombre de chômeurs a sensiblement augmenté en ce début d‘année. Les raisons en sont les licenciements annuels des saisonniers dans le tourisme ainsi que des licenciements intervenus en fin de trimestre. Mais la situation pandémique a également conduit à des licenciements, voire des transferts dans des sociétés de transfert. Le chômage partiel utilisé par de nombreuses entreprises a pu sauver beaucoup d’emplois, car les employeurs savent aussi qu’une fois la pandémie surmontée, il y aura à nouveau une forte demande en main d’œuvre qualifiée. »

Normalement, dans notre couverture mensuelle des chiffres du marché de l’emploi au Pays de Bade, nous terminons nos articles en écrivant qu’il y a toujours des ouvertures pour les chercheurs d’emploi alsaciens. Mais là, c’est différent. Avec les complications à la frontière franco-allemande, et surtout avec une différence de taille entre les taux d’incidence en Alsace et dans l’Ortenau, il n’y a que peu de chances de trouver actuellement un employeur qui serait prêt à embaucher des salariés français. L’Alsace et le Grand Est se situant actuellement aux niveaux 2 et 3 des catégories de « zones à risque » définies par les autorités allemandes (« zone à risque à haute incidence » – niveau 2 ; « zone à risque à présence de mutations » – niveau 3), le travail transfrontalier devient très, trop compliqué. En plus, en vue du nombre croissant de chercheurs d’emploi allemands, il est également à craindre que les postes à pourvoir seront pris prioritairement par ces chercheurs d’emploi allemand qui eux, sont et seront de plus en plus nombreux.

Le gouvernement allemand avait raison d’investir lourdement dans le chômage partiel qui actuellement, est effectivement le seul moyen de sauver des emplois. Mais cet instrument extrêmement onéreux touche aussi à ses limites. Tout le monde craint le moment où les aides versées sous forme de chômage partiel, seront d’abord réduites et un moment donné, stoppées.

Les professionnels du marché de l’emploi font ce qu’ils peuvent et ils font un excellent travail. Mais le meilleur travail de ces agences ne pourra rien contre ce virus et pas non plus contre les décisions gouvernementales qui interviendront forcément un jour. A bien y regarder, nous nous trouvons déjà au milieu d’une course contre la montre – espérons que ce ne sera pas le virus qui finira par avoir raison de tous les efforts fournis…

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