Allemagne : Ossies Bessies ?

Des propositions pour le développement des Länder de l’Est

Leipzig : la Place Auguste Foto: Whglr/Wikimédia Commons/CC-BY-SA 4.0Int

(Marc Chaudeur) – La manifestation de samedi dernier a rencontré un succès éclatant. Mais encore faut-il trouver les moyens et les idées pour régler concrètement le problème des inégalités Est-Ouest. Qui plus est, dans une période de début de morosité, voire de perte d’importance manifestes dans le pays – et bientôt, d’élections législatives régionales, en septembre et en octobre. Quelques économistes mettent l’accent sur les points essentiels où il conviendra de s’activer.

Quels points faudrait-il prioritairement améliorer, et quel sont les problèmes les plus graves, qu’il va falloir régler le plus vite possible ? Certains de ces problème sautent aux yeux, surtout dans quelques régions reculées de Saxe, de Brandebourg et de Thuringe. Mais comment procéder de la manière la plus pertinente et la plus pragmatique ?

Le problème ressemble parfois à un cercle vicieux, ou du moins, à une application sympa du wishful thinking. On parle sans cesse de la question des migrants et de l’apparente xénophobie des habitants de ce Far East qui n’ a pas encore rattrapé le niveau de l’Ouest. Et pourtant, l’Est et toute l’Allemagne d’ailleurs ont un besoin évident de main d’œuvre, que sa démocratie flappie de civilisation finissante ne peut nullement assurer. Que faire alors ? Attirer les étrangers. Mais comment, alors même que 25 % des électeurs optent pour un parti et nostalgique de Goebbels ? Réponse : par un changement d’optique et de vision du monde des habitants. Oui, mais si ces habitants, précisément, refusent de changer d’optique ? Voilà bien un problème tragique et grotesque à la fois, dont on n’a pas la solution.

Des économistes de l’Ifo (Institut pour la Recherche économique), de l’IWH de Halle et autres exposaient hier dans le journal Die Welt, d’une manière purement théorique et volontariste, les autres grands problèmes qu’il faudrait régler et dont on ne sait s’ils seront tous résolus un jour (disons le d’emblée) à cause de l’étrange apathie de l’Allemagne. Ces économistes allemands proposent ainsi : une meilleure formation dès l’école, et une amélioration de la couverture du territoire par internet. Davantage d’autonomie pour les mairies et en même temps, utilisation de la dynamique de Berlin. Enfin, un renforcement de la puissance d’innovation.

En Saxe et en Thuringe, les performances mesurées par certains tests sont particulièrement excellentes pour ce qui concerne la lecture, l’écriture et le calcul ; mais les élèves arrêtent leurs études bien plus tôt que la moyenne globale des Allemands : dans certains endroits délaissées, un élève sur 10 quitte les études sans diplôme, nous dit un représentant de l’Ifo à Dresden. L’école ne joue donc pas son rôle. Il conviendrait donc de former mieux les enseignants, de les fonctionnariser pour rendre la profession attrayante et former plus de programmes sociaux.

En outre, selon les économistes interrogés par Die Welt, il faudrait renforcer la décentralisation des mairies : elles devraient acquérir davantage de pouvoir d’initiative. Berlin ne saurait prendre toutes les décisions concernant des problèmes locaux : cela occasionne des pertes considérables de temps, d’argent, de confiance et de dynamisme – nous connaissons trop bien cela en France… Mais pour ce faire, les villes et les université d’Allemagne centrale (notamment Magdebourg, Halle, Leipzig et Dresde) devaient utiliser la force centripète et le dynamisme de la capitale – comme le Haute-Bavière l’a fait à proximité de Munich après 1945.

Et enfin, il faudrait renforcer la puissance d’innovation dans ces Länder. Elle a pour cela de belles dispositions, nous dit-on. Mais il est nécessaire, pour un développement conséquent de l’économie de l’Est, que les entreprises nouvelles-nées (start-up, etc) se lient organiquement avec la recherche : comme on sait, la liaison intime de l’économie et des sciences entendre la puissance d’innovation. Cela n’est pas nouveau, d’ailleurs, puisqu’on a pu le constater dans la plupart des vieilles régions industrielles qui ont bénéficié d’une renaissance.

En somme, la tâche est plutôt lourde. C’est un changement de mentalité qui serait nécessaire.Et qui apparaît de façon sous-jacente aux recommandations égrenées ici. Ce changement est-il possible ?

Les politiques doivent s’en emparer, impérativement. Vu sous l’angle européen,il ne faut pas s’y tromper : personne n’aurait rien à gagner à une baisse d’influence et d’importance de l’Allemagne.

A consulter : https://www.welt.de/

 

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