Allemagne : pas de sous pour le Green Deal ?

Epargne sélective et frilosité écologique

Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission Européenne Foto: marcchaudeur/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/4.0Int

(Marc Chaudeur) – Hier, on a discuté du Green Deal promis par Ursula von der Leyen l’an dernier. Une résolution doit être publiée aujourd’hui. Hélas, déjà, un accroc : les ministres allemands, in interno, décrètent qu’ils ne donneront pas un sou de plus. Le Green Deal européen a bien mal commencé.

Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, ne soupçonnait pas l’intense justesse de l’expression qu’elle a utilisée l’an dernier, quand elle a qualifié le Green Deal de « pas européen sur la Lune ». Un petit pas. Aujourd’hui déjà, il semble que nous soyons redescendus sur terre. En effet, le plus important contributeur européen, le pays dont von der Leyen a été ministre, et dont la chancelière Angela Merkel a estimé avec emphase en décembre dernier que les décisions de décembre sur la neutralité carbonique était « un jalon sur le chemin européen de la protection du climat ».

Las, à peine le Parlement européen entre-t-il dans le vif du sujet que le son de cloches change. Le Spiegel fait état d’un document dans lequel une députée des Verts au Bundestag, Franziska Brandtner, interroge le gouvernement fédéral – et reçoit une réponse sèchement négative : non, le capital de la BEI ne sera pas augmenté comme l’affirmait trop tôt, optimiste, von der Leyen – et la BEI devait jouer un rôle clé dans le financement du projet. Par ailleurs, le gouvernement allemand, par la voix de la secrétaire d’Etat Bettina Hagedorn, a fait savoir en somme que le plan de financement pluriannuel parviendrait bien assez à procurer des fonds en restant dans son état actuel, sans un sou de plus. Douche froide, donc, par rapport à ce qu’annonçaient les déclarations de Merkel il y a quelques semaines. Fi donc.

Ce n’est pas vraiment une surprise, concrètement, une fois passée l’euphorie artificielle créée par l’intronisation d’Ursula von der Leyen. L’Allemagne, qu’approuvent en cela l’ Autriche, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède, estime que le budget de l’UE, entre 2021 et 2027, ne devrait pas dépasser 1% du PNB de l’Union Européenne. Elle est contestée en cela par l’ex-Commission Européenne, qui demandait 1,11% (précisément pour financer, principalement, la protection du climat) et par le Parlement Européen, qui a demandé 1,3%.

Angela Merkel et son gouvernement sont… vertement critiqués par les écologistes allemands, qui font remarquer que les discours fleuris ne suffisent pas pour construire et développer trains européens, éoliennes ou véhicules non polluants… Pour cela, il faut de l’argent, si si, on vous assure.

Mais où le trouvera-t-on, cet argent ? La BEI devait y jouer le rôle essentiel, et von der Leyen prévoyait que la Banque devait dépenser 300 milliards d’euros de 2021 à 2027. Auxquels, affirme-t-elle, devraient s’ajouter des investissements privés. Mais quels fonds privés ? Hocus pocus, un coup de baguette magique ?

A Bruxelles, on se montre pourtant parfois un peu optimiste – d’un optimisme mesuré. Un certain nombre d’experts et de journalistes pensent en effet que cette dureté dont fait preuve le gouvernement allemand n’est le pas inaugural de négociations difficiles et âpres – Wolfgang Schäuble a trouvé ses disciples – et que sans doute, Berlin ne tiendra pas cette hardline jusqu’au bout. Il se trouve aussi que l’Allemagne va prendre la présidence du Conseil dans la deuxième moitié de l’année : ce qui pose la nécessité d’un compromis.

La demande que l’Union Européenne  adresse à Berlin est claire. Des sous, des sous !

 

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