Allemagne : une relève et bien des soucis !

Se hâter lentement, surtout...

Le Losangela ou Losange d'Angela Foto: Armin Linnartz/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/3.0Unp

(Alain Howiller) – C’est un résultat qui tombe à pic : pour le premier intéressé d’abord, pour le parti chrétien-démocrate – la CDU d’Angela Merkel – ensuite. Malmené dans les sondages à cause de ses options anti-confinement dans la crise sanitaire, Armin Laschet, ministre-président du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (Nordrhein-Westfalen, dit NRW), le Land le plus peuplé d’Allemagne, a gagné son pari : avec 34,3% des voix, « sa » CDU a remporté les élections locales qui ont eu lieu le 13 septembre.

Du coup, il espère que ce succès va relancer sa candidature pour la présidence de la CDU lors du congrès du parti qui doit avoir lieu le 4 septembre à Stuttgart. Un peu plus d’un millier de délégués devraient se retrouver à cette occasion dans la capitale du Bade-Wurtemberg avec cet objectif unique : élire un nouveau président susceptible de conduire la liste du parti démocrate-chrétien lors des élections au Bundestag, qui auront lieu à l’automne 2021.

Un congrès à Stuttgart. – Celui qui mènera la liste pourrait voir s’ouvrir, en cas de victoire, les portes de la chancellerie pour succéder à Angela Merkel. Il faudra, bien sûr, que le congrès de Stuttgart (un jour seulement de débat avec en réserve un autre site de réunion si la Covid-19 devait l’imposer) le désigne comme président, puis le choisisse (sans doute en janvier lors de l’élaboration de la plate-forme électorale) comme tête de liste, à moins qu’il ne donne sa chance à Markus Söder, leader du parti-frère de la CSU, ministre-président de la Bavière qui est, en l’état, celui qui dans l’opinion est le mieux placé dans la course à la chancellerie !

En attendant, Angela Merkel continue de caracoler en tête du classement des « politiques » les plus appréciés et, selon un  sondage de « l’Institut pour la Recherche sur le Commerce de Cologne (IFH-Köln) », si une large majorité d’Allemands approuve les mesures prises par le gouvernement contre la Covid-19, plus de la moitié d’entre eux  redoutent un confinement!

Avec 34,1% des voix, la CDU, qui avait ravi en 2017 le Land au SPD, conforte sa position dans un Land que les sociaux-démocrates avaient dirigé 50 ans durant. Le score du parti, bien qu’en repli de 3,2% par rapport aux « communales » de 2014, est de l’ordre des intentions de vote (entre 35,5 et 36%, contre 32,19% de voix obtenus aux élections fédérales de 2017) que les sondages prêtent au groupe CDU/CSU pour les  élections au Bundestag. Le SPD, quant à lui, avec 24,3% de voix à ces élections locales, poursuit sa chute avec une perte de 7,1% de voix alors qu’à 20%, les « Verts » gagnent 8,3% de voix.

Le ticket « CDU/CSU/Verts » toujours favori ? – Les Verts poursuivent leur progression qui accrédite, ici aussi et de plus en plus, l’idée qu’après les élections fédérales, ils pourraient « tomber » à droite (et non à gauche, comme en France) en faisant alliance avec la CDU/CSU. Une alliance que près de 50% des Allemands approuveraient ! Le prochain « tir groupé électoral » – les élections régionales au Bade-Wurtemberg et en Rhénanie-Palatinat le 14 Mars 2021 – apportera de nouvelles indications concrètes sur les orientations possibles de l’opinion.

L’évolution de la situation économique pèsera évidemment sur la réalité des votes. L’Allemagne a misé sur la consommation pour relancer la machine économique : 130 milliards vont être injectés dans l’économie (sous la forme notamment d’une baisse limitée dans le temps de la TVA, du versement aux familles de primes, de prolongation en 2021 des mesures de chômage partiel, de revalorisation des pensions) : des mesures destinées à faire rebondir rapidement l’économie, soulignent les milieux patronaux.

50 mesures pour la relance de l’économie. – Ces derniers regrettent néanmoins  que les 50 mesures prises ne prennent pas en compte la promotion des  investissements, le développement des nouvelles technologies, la lutte contre le réchauffement climatique. Des orientations que le plan de relance français, avec ses 100 milliards, a essayé de mettre en place car il se veut aussi plan de modernisation de l’économie : une approche dont Berlin estime pouvoir se passer. Est-ce déjà un effet des mesures prises ? 36% des ménages allemands ont souligné qu’ils épargneraient moins pour consommer plus.

Pour le  « Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung – DIW » de Berlin (Institut allemand pour la Recherche sur l’économie), la baisse de la croissance en 2020 (à -8,1% contre -10% de prévus initialement et -9,7% réels au deuxième trimestre de cette année) pourrait, dès lors, être plus important qu’espéré (+4,3% au lieu de +3%). Il n’en demeure pas moins que le ralentissement de l’économie se traduit déjà sur le marché du travail : le taux de chômage est passé à 6,4% (5,8% en Juillet, 5% en 2019 – 4,6% au Bade-Wurtemberg, 4,1% en Bavière, 7,8% en Sarre et 5,7% en Rhénanie-Palatinat).

Qui succèdera à Angela Merkel ? – L’évolution des chiffres du chômage correspond, à peu de choses près, aux prévisions établies par le « DIW ». L’Institut relève : « Le chômage devrait frapper cette année, 500.000 personnes supplémentaires. Ce qui porterait le nombre de chômeurs à 2,7 millions de personnes. Un chiffre qui correspondrait à un taux de 6%. »

Réalité ou fiction ? La première sera – incontestablement- au rendez-vous des débats et des… résultats générés par une année électorale qui comptera dans l’Histoire contemporaine de la République Fédérale. N’est-ce pas l’année qui verra la disparition de la scène politique de la physicienne Angela Dorothea Merkel, 66 ans, élue députée depuis 1991, qui y achèvera son quatrième mandat de chancelière ? On ne peut pas dire que l’opinion attende cette succession avec une… impatience fébrile !

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