Allemagne – vers une « République de Weimar 2.0 » ?
Le paysage politique en Allemagne se fractionne de plus en plus. De nouveaux partis apparaissent et tous sont à qualifier « d'extrémiste ».

(KL) – On parle souvent de la « République de Weimar » et de la crainte allemande de se diriger vers un tel remake des événements ayant conduit l’Allemagne vers le fascisme. L’une des caractéristiques de la République de Weimar (qui a duré de 1918 à 1933), était la combinaison entre crise économique et crises internationales. Dans une situation très tendue, le paysage politique s’était alors fractionné, nécessitant des coalition de fortune pour pouvoir former des gouvernements (qui ne tenaient pas longtemps en place) et créant une instabilité politique et sociétale. En quelques semaines, l’Allemagne a vu l’émergence de deux nouveaux partis et un troisième serait en gestation. Ces nouveaux partis risquent de changer la politique allemande.
D’abord, c’est Sahra Wagenknecht, ancienne figure de proue du parti d’extrême-gauche « Die Linke » qui, en quittant son parti, a crée le parti « Union Sahra Wagenknecht » (BSW), un parti qui se dit de gauche, mais qui, sur bon nombre de sujets, comme l’immigration, défend des positions compatibles avec celle de l’extrême-droite.
A l’extrême-droite, la « Werteunion » « Union des Valeurs », un autre parti d’extrême-droite a vu le jour, fondé par l’ancien chef des services secrets allemands Hans-Georg Maaßen qui lui, avait été viré à l’époque de son poste suite à des dérapages xénophobes. Ce nouveau parti se situe à droite des conservateurs de la CDU, entre la CDU et l’AfD, donc au sein d’une droite qui se densifie de plus en plus.
Et maintenant, un troisième parti est sur le point de se lancer, et ce parti représente un grand potentiel – il s’agit de la DAVA (Alliance démocratique pour la diversité et un nouveau départ) et derrière ce nom se trouve la filiale allemande de l’AKP, le parti du président turque Recep Tayyip Erdogan. Ce parti qui s’adresse logiquement aux 2,9 millions de Turcs vivant en Allemagne dont 1,5 millions pourraient participer aux élections allemandes. En vue de la démographie, beaucoup des ressortissants turcs vivant de manière assez concentrée dans des quartiers de différentes grandes villes, comme Berlin ou Duisburg, ce parti pourrait enlever immédiatement plusieurs mandats directs et entrer ainsi au Bundestag, le parlement allemand.
De plus, il faudra compter avec un autre parti de la droite, les « Freie Wähler », qui se situe également entre la CDU et l’AfD et qui, en Bavière, fait déjà partie de la coalition au pouvoir. Au niveau national, les « Freie Wähler » se situent aujourd’hui déjà au niveau des libéraux du FDP ou de Die Linke.
Il est à prévoir qu’après les élections législatives en 2025, l’Allemagne devienne extrêmement difficile à diriger. Les futures coalitions pourraient nécessiter des accords entre trois, parfois même quatre partis, avec des majorités fragiles et des crises gouvernementales programmées. Cette situation ressemble de plus en plus à la période entre les deux guerres du siècle dernier, entre tensions internationales, crises économiques et des gouvernements de plus en plus faible – donc, la situation où les pays commencent à réclamer « l’homme fort ». On sait où cela peut mener…
Toutefois, la création de la DAVA irrite beaucoup d’Allemands. L’entrée dans la politique nationale allemande du président turc est une démarche dont il est difficile de prendre la mesure aujourd’hui. Est-ce une voie vers une meilleure intégration ou bien, qui creuse les clivages entre les populations ? En tout cas, les 4 candidats de ce parti pour l’élection européenne sont déjà désignés – tous des anciens proches d’Erdogan.
Il conviendra de rester très vigilant, car les forces extrémistes se répandent de plus en plus en Allemagne. Heureusement que les antifascistes continuent à manifester et endiguent ainsi, la croissance sauvage de tous ces partis extrémistes. A suivre.
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