Aller en boite ? Pas pour les réfugiés…

A Freiburg, plusieurs discothèques refusent l’entrée aux réfugiés. Ce qui s’apparente à de la discrimination, traduit un malaise qu’on ne pourra résoudre qu’ensemble avec les réfugiés.

Danser en boite de nuit, ce n'est plus pour les réfugiés à Freiburg - une voie qui mène nulle part. Foto: User:Metastab / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Les responsables de la ville de Freiburg étaient surpris par l’annonce de plusieurs propriétaires de discothèques de refuser désormais l’entrée aux réfugiés. Selon une déclaration, les propriétaires de ces discothèques se voyaient obligés de réagir à des incidents divers qui allaient des vols, en passant par des bagarres, jusqu’aux harcèlements sexuels. Le ton se durcit, même dans la ville de Freiburg jusqu’alors exemplaire dans l‘accueil d’environ 3000 réfugiés qui vivent dans la ville.

Malgré l’interdiction légale de toute forme de discrimination, l’Allemagne en arrive exactement là. Dans différentes villes, les piscines publiques interdisent déjà l’accès aux réfugiés et depuis les incidents de Cologne (dont on ne connaît 4 semaines plus tard toujours pas les vrais responsables), le ton se durcit en Allemagne – la «Willkommenskultur» s’efface peu à peu sous une campagne politique qui ne fait qu’angoisser la population, entre discours de haine, l’annonce de taxes supplémentaires et fermeture des frontières. Toutefois, ce clivage qui s’ouvre actuellement entre les réfugiés et la société allemande ne pourra être résolu que dans un effort commun entre «les réfugiés» et la société allemande.

Mais qui sont «les réfugiés» ? Ce sont des gens qui, logiquement, ne sont pas organisés, qui n’ont pas de porte-parole, qui sont issus de sociétés et cultures très différentes, ce qui fait que personne n’est en mesure de parler au nom «des réfugiés». Une partie du problème est là. Car après les incidents de Cologne, l‘extrême-droite a réussi à discriminer «les réfugiés» en bloc, par exemple en les désignant dans leur totalité comme des «terroristes sexuels». «Terroristes» parce que l’on craint que des terroristes du «Daesh» s’infiltrent dans nos pays, «sexuels» à cause des incidents à Cologne et dans 11 autres villes.

Mais cela ne constitue qu’un côté du problème. L’autre côté, qu’on le veuille ou non, se situe au niveau de personnes qui arrivent d’autres cultures (et ce ne sont pas exclusivement des réfugiés, il s’agit tout autant d’immigrés de la première, deuxième et troisième génération ayant souvent la nationalité du pays où ils habitent) et qui refusent de respecter les codes culturels du pays où ils se trouvent.

Mais la société allemande est en train de tomber dans le piège que lui tendent les xénophobes et une extrême-droite qui a, comme dans d’autres pays européens, le vent en poupe. Les gens ne font plus la distinction entre «réfugiés», «immigrés» et «allemands de souche étrangère» – actuellement, tout un chacun dont la couleur de la peau diffère un petit peu du «rose européen», est suspect, un danger, un agresseur potentiel.

C’est l’heure du dialogue entre toutes les parties concernées – les services de l’état, les églises, les fédérations des différentes croyances, les associations et – les «réfugiés». Cela peut paraître comme une approche très «allemande», mais il faut absolument donner la possibilité aux «réfugiés» de s’organiser, d’élire des porte-paroles, de se structurer de manière à ce que les codes de conduite soient communiqués au sein de ces communautés de manière claire et efficace. Le vivre-ensemble nécessite des efforts de la part de tout le monde, logiquement y compris des réfugiés et pour y arriver, une seule voie – le dialogue.

Chaque communauté a des règles qui permettent de vivre ensemble sans s’entre-tuer. Ces règles diffèrent d’une culture à l’autre. Et lorsque l’on change d’une culture à l’autre, il n’est pas possible «d’exporter» sa culture de là d’où on vient, mais il faut s’adapter à la culture de là où on se trouve. De grands efforts sont déjà entrepris par les responsables, surtout au niveau local et régional, donc, par les forces vives sur le terrain. Mais l’heure est venue d’interpeller aussi cette grande communauté des réfugiés pour qu’ils puissent participer à cette organisation du «vivre-ensemble» – autrement, ce seront effectivement les xénophobes et leurs bras politiques qui réussiront à empoisonner nos sociétés. Fermer les portes des discothèques et exclure les nouveaux arrivants de la vie de la cité, ne peut en aucun cas contribuer à apaiser les tensions. On verra comment la ville de Freiburg réagira à cette tournure des événements.

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