Alsaciens et Alsaciennes, tenez bons !

Le photographe František Zvardon nous envoie un message de soutien et de solidarité depuis les Iles – avec un cadeau photographique pour nous dépayser un court instant !

Dans la plus grande solitude, on fait parfois des rencontres insolites... Foto: (c) František Zvardon 2020

(Red / Frantisek Zvardon) – Depuis la Guadeloupe, František Zvardon a tenu à envoyer un message de soutien et de solidarité à toute l’Alsace, cette terre qui est devenue sa deuxième patrie. Regrettant que notre nouvelle série avec lui, prévue pour la fin février, ait été retardée par le coronavirus, il nous a envoyé cette merveilleuse photo pour nous faire rêver un peu, pour nous emmener avec lui sur son projet d’un nouveau livre-photo qu’il réalise actuellement dans les Iles. František suit avec inquiétude l’évolution dans sa région ; et ces prochaines semaines, nous découvrirons ici quelques autres de ses chefs-d’œuvre pour que l’Alsace n’oublie pas que le monde entier pense à notre belle région tant éprouvée. Voici son message :

« Pendant les cinq dernières années, j’ai travaillé dans la partie nord de l’Europe. Aurores boréales en Islande, portraits des ouvriers en Norvège à Kirkenes ou au Groenland au cours de mes deux expéditions. Je supporte bien le froid, et passer la nuit à –27 degrés pour photographier les aurores boréales ne me pose pas trop de problème.

Quand mon éditeur m’a appelé à 8 heures du matin en m’annonçant qu’il y a du travail pour moi dans les Caraïbes, j’imaginais tout de suite ce qui m’attendait. Pendant quatre ans, j’ai parcouru l’Éthiopie du nord au sud, et j’ai connu aussi le climat tropical du Congo où j’ai beaucoup souffert. L’humidité, la chaleur et plein de bêtes qui se jettent sur toi… A l’époque, j’ai traversé un fleuve en pirogue et à pied jusqu’à la frontière du Cameroun, dans des conditions très difficiles. A l’époque, j’ai fait un reportage sur l’un des derniers gorilles vivant encore dans la forêt. Chaque jour, pluie infernale. J’ai dormi dans l’eau la nuit, et dans la journée, on a marché avec une machette dans la jungle chaude et humide.

J’ai vidé mon sac qui est toujours prêt – plein de vestes polaires et de t-shirts en laine – et j’ai mis un short et des t-shirts en coton. Les vêtements présentent peu de poids dans mon sac ; ce qui pèse, c’est surtout les appareils photo, objectifs et cette fois aussi une camera vidéo avec encore plus d’objectifs, un drone, et les nuées de câbles, disques durs, ordinateur. Je savais que j’allais partir pour plusieurs mois, et il suffit qu’un seul câble de connexion manque pour avoir de sérieux ennuis.

En arrivant avec tout mon bazar sur le bateau pour l’île de la Désirade, je cherchais déjà l’ombre sous le soleil brûlant. En plus, avec le décalage horaire et la chaleur étouffante, on vit au ralenti. C’est évident que venir pour les vacances et rester couché à l’ombre des palmiers, ce n’est pas la même chose que parcourir l’île en voiture et à pied, surtout avec un sac de 12 kg.

J’ai traversé l’île petit à petit, et c’est bien de découvrir certaines choses pour la première fois : on est comme des enfants éblouis, émerveillés par la nature luxuriante et omniprésente. Je suis resté quelques jours pour compléter ma mission sur cette île, que j’ai dû quitter et où j’ai dû prendre le dernier bateau avant le confinement total.

Arrivé sur la grande île de la Guadeloupe avec les problèmes de déplacement qui se compliquaient, j’ai réglé les formalités nécessaires pour pouvoir continuer ma mission et je me suis réfugié dans une maison près de la forêt tropicale à 600 m d’altitude à l’ouest de Basse-Terre. Un lieu idéal avec un peu de fraîcheur pour parcourir le paysage environnant.

Mes excursions occupent souvent toute la journée, et je fais facilement entre 5 et 15 km de marche. Pas toujours facile par une température autour de 28°, avec mon équipement. Les chemins sont souvent boueux et escarpés. Si je rentre avec 2 à 3 images à publier, je suis content.

Au départ, je pensais retourner vers le 25 avril, mais il faudra sans doute prolonger mon séjour de 2 ou 3 mois, surtout dans la situation actuelle. Il me faut aller encore sur d’autres îles, les Saintes, Marie-Galante, Saint Martin, Petite Terre, etc.

Après mes journées sur le terrain, je suis content de retrouver mon refuge, d’enregistrer les images, de vérifier le matériel, charger les batteries et me préparer à manger : légumes, riz, lentilles et ce, pendant toute la semaine.

Je vais me déplacer dans une semaine vers Saint-François sur Grande-Terre, de l’autre côté de l’île, pour continuer mon travail dans les déplacements encore possibles aujourd’hui.

Je voudrais bien donner ma vision dans les publications que je prépare, une vision de la rencontre avec les paysages, et je vais utiliser toute mon expérience pour créer des objets qui feront plaisir à regarder, à rêver, ou partager les souvenirs intimes que ces îles peuvent me proposer.

Mais aujourd’hui, c’est à vous que je pense, Alsaciens et Alsaciennes, qui vivez un cauchemar sans pareil, et je veux vous envoyer des énergies positives et mes pensées. Restez forts et sachez que l’un des vôtres se trouve actuellement à l’autre bout du monde, avec le souci de partager un peu avec vous ce que je vis ici. N’oubliez pas que le monde est merveilleux, et que plein de bonnes choses vous attendent, une fois cette crise surmontée. Je pense à vous. »

Même seul, on peut faire des rencontres surprenantes... Foto: (c) František Zvardon 2020

Même seul, on peut faire des rencontres surprenantes… Foto: (c) František Zvardon 2020

1 Kommentar zu Alsaciens et Alsaciennes, tenez bons !

  1. Merci et longue vie à tous les colibris du monde, protecteurs de la planète par leurs ailes photo-géniques !

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