Ambiance…

La grogne monte – les contrôles du confinement prennent des dimensions incroyables. Près d'un million de PV, des règles pas claires, des comportements arbitraires. A quoi bon ?

Un PV là où Milo et Kiara ne dérangeaient personne. Désormais, les deux peuvent se balader parmi les groupes de joggeurs et de cyclistes... Foto: Phil Bergdolt

(KL) – Oui, on a bien compris. Il faut contrôler le respect des consignes du confinement, car il y en a toujours qui ne les respectent pas. Mais en même temps, rien n’empêche les forces de l’ordre d’appliquer leurs consignes avec un peu de doigté, avec un peu d’humanité. Les rapports d’abus se multiplient ; et il serait peut-être temps que ces contrôles ne soient pas effectués par des personnes qui souvent se comportent davantage comme une « force de répression » que des personnes qui veillent à la santé publique. Car ces comportements et abus, les Français risquent de s’en souvenir, une fois la crise passée.

Difficile de ne pas avoir l’impression qu’on distribue les PV de manière souvent aléatoire. Déjà, les règles définies sont compliquées à appliquer entre les villes et les zones rurales. Un exemple : le photographe Phil Bergdolt, qui habite à la campagne près de Bartenheim, a été verbalisé parce qu’il s’était éloigné de plus d’un kilomètre de son domicile pour sortir ses deux chiens sur un terrain libre près de l’autoroute, là où les chiens ne dérangent personne. Bien sûr, ce terrain se trouve à plus d’un kilomètre, comme beaucoup de choses se trouvent à plus d’un kilomètre à la campagne. Résultat : désormais, Phil Bergdolt doit sortir ses chiens devant sa maison, là où cyclistes et joggeurs s’amassent sur une piste cyclable, sans toujours respecter les distances de sécurité et où personne n’est verbalisé. Donc, l’intervention sévère des policiers qui l’avaient déniché au milieu de nulle part a conduit à une situation qui est le contraire du but recherché. A quoi bon ?

Les gens ont de plus en plus du mal à comprendre pourquoi des policiers peuvent décider de manière arbitraire si les courses correspondent à une « première nécessité » – en l’absence de toute définition juridiquement stable, les policiers peuvent décider « à la tête du client » si oui ou non, ils verbalisent. En même temps, ils n’osent pas aller dans les « quartiers chauds » où tous les soirs, c’est la fête. On ferme les yeux sur des infractions en masse, et on importune le citoyen lambda si celui-ci a dépassé son périmètre de mouvement libre de 100 mètres.

A Paris, un cabinet d’avocats vient de lancer une plate-forme sur internet où des personnes qui se sentent lésées par des PV abusifs peuvent faire appel – le phénomène est devenu omniprésent, au point que ces avocats risquent de faire de bonnes affaires.

Si on comprend aisément la nécessité d’effectuer des contrôles dans les villes, il y a l’art et la manière. Un jour, ce cauchemar sera terminé, et les gens se trouveront à nouveau dans la rue. Et ils se souviendront de ces comportements parfois hautains, arbitraires et visant à « punir » une population qui est déjà assez « punie » par un confinement qui les met sous une pression psychologique extrême. A la sortie de cette crise, il serait nécessaire que les différents piliers de la République puissent à nouveau se rencontrer à même hauteur d’yeux – et les comportements trop souvent abusifs lors de ces contrôles risquent de déclencher une colère qui se traduira plus tard dans la rue. A quoi bon verser le l’huile sur le feu ? Les forces de l’ordre sont-elles là pour assurer le maintien de l’ordre républicain, ou pour combattre le peuple ? Les lendemains de cette crise sanitaire s’annoncent de plus en plus difficiles…

1 Kommentar zu Ambiance…

  1. bel article, on verra après la crise

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